L’Amérique n’a pas l’exclusivité des mafieux tirés à quatre épingles : dans les années 50 et 60, Londres aussi a vécu au rythme des règlements de compte grâce à deux figures légendaires du crime organisé. Ronald et Reginald Kray, vrais jumeaux nés dans l’East End, ont régné sur le quartier jusqu’à la fin des swinging sixties, se servant de leur boîte de nuit pour couvrir leurs nombreuses activités illégales : braquages, assassinats, extorsion… Anciens boxeurs, les frères étaient connus pour leur tempérament, disons, impulsif, leur violence terrible et leur sens des affaires. Champagne, gros billets et balles dans la tête : une formule bien connue, à laquelle Scotland Yard mit fin après de nombreuses années d’enquêtes.
Un film de gangsters à l’ancienne
Face à cette histoire digne d’un bon vieux Scarface, les grands studios sont restés longtemps les bras croisés. Les frères Kray ont eu droit à un excellent film noir en 1991, signé Peter Medak, et ayant pour vedette deux véritables frères, Gary et Martin Kemp. Cette fois, c’est l’artillerie hollywoodienne qui a débarqué dans les rues de Londres pour poser un regard glamour mais violent sur l’épopée des terribles frangins. Le scénariste et réalisateur Brian Helgeland, auteur de Payback, Man on fire et Chevalier mais surtout oscarisé pour son script de LA Confidential, se replonge dans cette trouble époque avec l’ambition d’en tirer un vrai film de gangsters à l’ancienne, plein de fumeurs en smoking, de jolies filles en robes éclatantes, d’allées inquiétantes, de trahisons et de chantage. Et pour interpréter les Krays, Helgeland a eu une riche idée : il a fait appel au très demandé Tom Hardy, qui sitôt passé le choc Mad Max Fury Road, risque de marquer à nouveau les esprits avec une double performance demandant une sacrée présence physique (ceux qui ont vu Bronson sauront que de côté-là, Hardy a fait ses preuves).
[quote_center] »L’artillerie hollywoodienne a débarqué dans les rues de Londres pour poser un regard glamour mais violent sur l’épopée des terribles frangins. »[/quote_center]
Le premier trailer révélé par StudioCanal annonce en tout cas une œuvre classieuse et classique, mais qui tirera son originalité du traitement de ces deux personnages à la fois séduisants et incroyablement menaçants. « Ronnie », qui était un peu le chien fou de la paire, car diagnostiqué schizophrène paranoïde, sera le binoclard grimaçant et « Reggie » le charmeur à la poigne de fer. En quelques plans, Hardy parvient à présenter les deux facettes d’une famille pas comme les autres. Parmi leur gang, on retrouvera de jeunes pousses comme Taron Egerton (Kingsman), Aneurin Bernard (Citadel) ainsi qu’Emily Browning (Pompéi), et des vétérans confirmés comme David Thewlis, Chazz Palminteri et Christopher Eccleston, qui sera l’inspecteur Read. Hasard ou coïncidence, avant la sortie du film (prévue en France le 30 décembre), l’Angleterre aura déjà dégainé un autre biopic plus confidentiel – lire : moins fortuné – nommé The rise of the Krays. Qui eut crû que les gangsters londoniens étaient autant à la mode ?