Cooties : attention, enfants méchants !
Comédie gore présentée à l’Étrange Festival et à Gérardmer, Cooties tente de sortir du lot grâce à ses enfants zombies. Mais est-ce suffisant ?
Si elle ne risque pas de rester des annales pour ses scènes gore, Cooties, la nouvelle production de Spectre Vision, société co-créée par Elijah Wood qui se veut spécialisée dans le film de genre pur et dur, va en tout cas vous faire réfléchir à deux fois avant de commander des nuggets au fast-food du coin. Le premier long-métrage des pubards Jonathan Milott et Cary Mumion s’ouvre ainsi sur un oppressant et repoussant générique façon Lord of War, qui suit la fabrication de la viande de poulet, de l’abattoir jusqu’à l’assiette d’une cantine scolaire. Les écolos nous avaient pourtant prévenus : les farines animales servies dans la gamelle des animaux, c’est mal. Et surtout, ça rend les nuggets avalés par une petite fille d’école primaire tout grisâtres. Cooties (ou « poux » en français, titre doucement ironique) part donc de cet argument à la fois actuel et farfelu, pour justifier une énième invasion de zombies/enragés/infectés. Sauf qu’il y a un twist, qui justifie toute l’existence du script co-écrit par l’inattendu tandem Ian Brennan (Glee) et Leigh Whannell (Insidious et Saw).
La sécurité de l’emploi ? Plus vraiment
En effet, le virus qui se propage à cause de cette bavure sanitaire ne va toucher que les enfants, par on ne sait trop quelle aberration physiologique (c’est expliqué dans le film par Whannell, qui figure au casting, mais il n’est pas dit qu’il comprenne lui-même ce qu’il raconte). Et dans Cooties, les premières victimes de cette infection qui transforme les classes et les cours de récré en vision d’horreur, c’est bien entendu le personnel enseignant.
Le premier acte du film est plutôt efficace dans sa manière de présenter, succinctement et sans trop se prendre la tête, les différents personnages de l’école fictive de Fort Chicken : il y a d’abord l’écrivaillon raté interprété par Elijah Wood, à nouveau des deux côtés de la caméra après Open Windows et Grand Piano, forcément attachant, car timide et maladroit. Dès son arrivée dans la salle des profs, il rencontre la proverbiale amie d’enfance blonde et souriante (Alison Pill, Scott Pilgrim), le prof de sciences asocial et perché (Leigh Whannell), l’assistant efféminé (Jack McBrayer, à peu près dans le même rôle que dans 30 Rock), et surtout le prof de sports moustachu, vantard et macho. Une vraie tête de lard à la Kenny Powers, et un rôle en or dans lequel Rainn Wilson (Super, The Office) peut librement se déchaîner. Oh, et Jorge « Hurley » Garcia est aussi là pour manger des champignons, mais à part ça, il pourrait tout aussi bien être en vacances dans le coin.
Instincts (d’écoles) primaires
Une fois ce petit monde rassemblé, Cooties ne perd pas de temps à installer le chaos et les enjeux de son épidémie (pardon, sa « pandémie ») en milieu scolaire – le film dure après tout à peine 90 minutes. Enfermés dans l’école, nos héros détalent, survivent et surtout se chamaillent à grands coups de punchlines diversement inspirées – Elijah Wood a même droit à une vanne sur sa taille de hobbit -, l’essentiel du suspense étant basé sur un triangle amoureux improbable entre nos trois vedettes. Bref, Cooties ne vise pas haut côté script, et se contente de recycler des formules, des situations et des personnages, qui ne sont mémorables que grâce au métier des acteurs, Wilson et Wood en particulier.
Son arme secrète, qui risque de trouver un bon écho autour de parents fatigués par des gamins hyperactifs et en quête de défouloir fictionnel, c’est de faire des chères petites têtes blondes d’implacables cannibales en culottes courtes. Les créateurs de Cooties ne reculent devant aucun gag pour exploiter cette idée a priori de mauvais goût, mais qui ici passe comme une lettre à la poste. Loin d’être aussi dérangeant que Les révoltés de l’an 2000 ou The Children, qui se basent sur des idées similaires, le film de Milott et Mumion traite son idée au second degré, comme un gag perpétuel, qui fait que la nature de la menace importe moins que les pitreries de son groupe de survivants. Côté horreur et comédie, Cooties fait ainsi dans le minimum syndical (le dénouement est même à ce niveau particulièrement paresseux), mais son mauvais esprit généralisé et la sympathie qu’inspire son casting permettent de faire passer le nug… pardon, la pilule.