Dans le genre « exercice de style référencé », Detention est une bête curieuse qui ne fait jamais de prisonniers. On aime ou on déteste le film du sale garnement Joseph Kahn (Torque, certes, mais il est bien le premier à le regretter), mais impossible de nier l’énergie de ce rollercoaster post-moderne, pastichant plus qu’il ne les digère les codes du slasher dans un fourre-tout tout aussi intéressé par la science-fiction, les hommages à Patrick Swayze et Breakfast Club et l’exploration d’une culture milléniale blasée au point de bâiller devant sa possible annihilation.
Vu de loin avec un seul œil, Detention pourrait passer pour un avatar cocaïné de la saga Scream, mais le film est préoccupé par bien d’autre choses que son modèle. Joseph Kahn n’a pas réalisé ce méta-slasher pour plaire, mais pour expulser toutes les idées, tantôt fulgurantes, tantôt crétines, qui lui trottaient depuis trop longtemps dans la tête. Il est tout à fait possible de se sentir exclu du délire, comme d’y accorder un regard trop compréhensif et critique. Car oui, il y a à la fois un tueur masqué et des boucles temporelles dans Detention, un ours venu de l’espace et des geeks fragiles désespérément angoissés. Indéfinissable et exténuant, voilà en tout cas une œuvre à la limite du genre, qui ne vous laissera jamais indifférent.