Kiss of the Dammed : des crocs et du cul
La petite production indépendante Kiss of the damned fait parler d’elle, pour sa dimension sexuelle et perverse.
La petite production indépendante Kiss of the damned a fait parler d’elle, non pas pour la présence à la barre de Xan Cassavetes, fille de John et Gena Rowlands (et donc sœur de Nick et Zoe), mais pour son affiche, effectivement très belle, et son explicite bande-annonce, revendiquant haut et fort la dimension sexuelle et perverse du film. Il fallait bien ça pour titiller l’imagination des amateurs, car au final, Kiss of the damned n’apporte rien de nouveau au sous-genre qu’il illustre (le film de vampires décadent, façon The Hunger / Les Prédateurs), malgré une louable ambition de donner un cachet auteuriste – comprendre : rempli de plans de traviole sur la nature et de longues plages de contemplation silencieuse d’une Nature rappelant les humains à leur condition bestiale – à une histoire qui n’est guère plus originale qu’un épisode (et osé !) de True Blood.
True Blood à la sauce auteuriste
Dommage pour ceux qui rêvaient d’une orgie de chair fraîche : malgré la présence de deux sublimes créatures n’ayant pas froid aux yeux (Roxane Mesquida et Joséphine de la Baume, entraperçue chez Tavernier et, hum, dans Johnny English 2) et d’un torturé et barbu Milo « Peteeer ! » Ventimiglia, qui ressemble de plus en plus au fils caché de Stallone, Kiss of the damned préfère suggérer et jouer l’ellipse plutôt que de se jeter pour de bon dans l’arène. Cassavetes cherche l’élégance dans le trivial, le flou artistique dans les clichés des vampires à l’ancienne, calfeutrés dans de riches demeures avec une gouvernante et fréquentant en catimini la haute société.
« Kiss of the damned n’apporte rien de nouveau au sous-genre qu’il illustre. »
Le triangle infernal formé par nos trois torrides héros s’allonge alors jusqu’aux baîllements, tandis que les passages obligés s’enchaînent (sacrifice de vierge, disparitions mystérieuses, chasses nocturnes) à un rythme de biche arthritique. La préciosité retro du film a parfois du charme, tout comme ces effluves de gothique sudiste chères à la série d’Alan Ball. Néanmoins, ça ne suffit pas à faire de Kiss of the damned une réussite, ni même une série B excitante comme les producteurs voudraient nous le faire croire.