Nocturne : deux sœurs pour un concerto
Dernière sortie de la collection Welcome to the Blumhouse, Nocturne génère aussi peu de frissons que de surprises avec son histoire de rivalité entre sœurs pianistes.
C’était l’un des jolis coups de cet automne pour Amazon Prime Video : la présentation en exclusivité de quatre productions Blumhouse, regroupées pour plus de visibilité marketing sous l’appellation « Welcome to the Blumhouse ». Un nom qui pourrait faire penser à une forme d’anthologie à la Into the dark, si les quatre films n’étaient pas si différents, y compris dans la façon dont ils répondent à nos attentes. Ainsi, comme ses congénères, Nocturne n’est pas vraiment un film d’horreur, et flirte d’assez loin avec le fantastique. Le premier long de Zu Quirke comporte bien pourtant un cahier démoniaque, façon Death Note, sur lequel tombe Juliet (Sydney Sweeney, The Handmaid’s tale, Once upon a time in Hollywood), étudiante et pianiste qui vit depuis des années dans l’ombre de sa sœur jumelle Vivian (Madison Lowe, Jumanji), talent précoce et surdouée populaire du piano. Pas inquiète à l’idée d’utiliser ce carnet ayant appartenu à une camarade récemment décédée, Juliet voit dans cet objet aux pouvoirs manifestement surnaturels l’occasion de s’émanciper et de prendre sa revanche sur le destin…
Une rivalité aux relents de déjà-vu
Un peu de Faux-Semblants par ici, un peu de Ginger Snaps par-là, une louche de Grave et une bonne rasade d’ambiance de série CW par-dessus… Malgré ses prémisses plutôt intrigantes (notamment une scène de suicide muette en prologue assez réussit), Nocturne ne brille pas vraiment par son originalité. Zu Quirke malaxe une poignée d’idées déjà vues ailleurs qu’il ne parvient pas à proposer sous un jour nouveau. Juliet et Vivian ne sortent ainsi jamais du carcan des sœurs qui s’aiment aussi intensément qu’elles se détestent, la réussite de l’une bridant l’épanouissement de l’autre : l’argument fantastique est ici accessoire et d’ailleurs exploité avec timidité – le film est plus intéressé par leurs histoires de cœur, et laisse planer un doute sur l’état psychologique de Juliet et le pouvoir réel du cahier. Sweeney et Lowe ont déjà assez de métier pour maintenir l’intérêt d’un long-métrage à la photo assez quelconque, qui aurait avec peine atteint les 90 minutes règlementaires s’il n’était pas aussi caviardé de ralentis. Lorsque Nocturne se termine avec une chute ô combien attendue, le jugement, implacable, nous traverse aussitôt l’esprit : « Tout ça pour ça ? C’est tout ? » Pas de quoi donner envie de s’attaquer au reste de la « collection » Blumhouse (Black Box, The Lie et Evil Eye), malheureusement.