Starry Eyes : Hollywood, ce grand Satan…
Une actrice passe un pacte fatal avec des satanistes pour réussir à Hollywood… Starry Eyes, c’est un peu Mulholland Drive, en plus gore et moins subtil !
Déjà remarqué au PIFFF avant d’être sélectionné au BIFFF de Bruxelles, Starry Eyes fait son petit effet partout où il passe. Produit entre autres par Dark Sky Films, la société du réalisateur Larry Fessenden, à l’origine de films comme The Innkeepers et Plague Town, ce deuxième long-métrage de Kevin Kolsch et Dennis Widmyer marche avec motivation dans les traces de Mulholland Drive. Les « Yeux de stars » du titre appartiennent à Sarah (Alex Essoe), une aspirante actrice qui entre ses heures de boulot dans un horrible fast food, court les castings en espérant en vain décrocher le rôle qui fera d’elle une star. Les lumières lointaines de Hollywood, elle les pourchasse avec sa bande d’amis et colocataires, mais rien ne semble devoir arriver à ces doux rêveurs jusqu’à ce que Sarah auditionne pour un rôle dans le film fantastique The Silver Scream. Soudain, quelqu’un reconnait son talent, flatte son besoin de reconnaissance. Malgré des techniques de casting plutôt étranges, Sarah se laisse séduire, et passe bientôt un pacte faustien avec l’onctueux producteur du film pour avoir le premier rôle…
L’enfer du décor
Il est possible de reprocher à Starry Eyes son traitement trop relâché d’une histoire dont la métaphore filée est transparente au possible (en gros, le monde du 7e art californien est un repère de parvenus vendant leur âme au diable pour un morceau de gloire pelliculée). Malgré le talent de Pat Healy (Compliance, The Innkeepers) en patron de restaurant ringard, toute la sous-intrigue concernant le boulot littéralement alimentaire de Sarah est par exemple superflue. Le manque de nuances général du film, qui n’hésite pas à partir de son très graphique troisième acte à piquer des scènes entières à La Mouche de David Cronenberg (trente ans plus tard, l’école du « body horror » cher au maître canadien continue de faire des petits), et à appuyer son propos en usant de dialogues surexplicatifs, est aussi regrettable.
Mais le côté très rentre-dedans de cette descente aux enfers d’une fille fragile, qui passe du drame psychologique doucement hallucinatoire au slasher pur et dur, dans une ambiance de sourde menace qui évoque les séries B satanistes des années 70 et 80, marque l’esprit. Le duo Kolsch / Widmeyer veut choquer et y parvient souvent, grâce à des effets de maquillages efficaces et, hum, évocateurs. Soulignons enfin la performance courageuse et convaincante de la jeune Alexandra Essoe, grande brune diaphane au visage anguleux, dont le corps et l’esprit passent par tous les états possibles avant une conclusion rendant un définitif (et assez servile) hommage au classique de David Lynch.