Blood & Gold : du sang plein les lingots
Rarement série B aura aussi bien porté son nom que Blood & Gold, où se croisent or caché et nazis grippe-sous !
Après avoir expérimenté l’idée d’un film de zombies situé dans un avion avec Blood Red Sky, sorti sur Netflix, le réalisateur allemand Peter Thorwarth – par ailleurs scénariste du fameux La Vague en 2008 – a continué sa collaboration avec la plateforme en signant un nouveau long-métrage se déroulant au crépuscule de la Seconde Guerre Mondiale. Mais nous sommes aux antipôdes d’un drame guerrier façon A l’Ouest rien de nouveau ici. Blood & Gold, comme son affiche rétro le suggère fortement, n’est ni plus ni moins qu’un bon gros film d’exploitation à l’ancienne (de la nazisploitation, en somme), une série B « pulp » à la brutalité frontale et grandiloquente. Une sorte de version germanique, ramassée à l’os, de l’indécrottable Inglorious Basterds de Quentin Tarantino.
Panique au village
L’influence de l’œuvre du cinéaste américain se ressent à vrai dire dès le générique de Blood & Gold, avec son lettrage leonien, sa musique de western décalée et son héros pas totalement positif (c’est un soldat de l’armée allemande, après tout), déserteur en fuite – nous sommes en 1944, et les Alliés progressent inéluctablement – condamné à la pendaison par ses propres frères d’armes. Heinrich (Robert Maaser, sosie troublant de Casper Van Dien et Til Schweiger), survit quand même grâce à l’aide d’une fermière, Elsa (Marie Hacke). Les circonstances rapprochent le couple improvisé, mais quand le frère déficient mental d’Elsa est capturé par le bataillon d’Heinrich, dirigé par l’infâme Von Starnfeld (Alexander Scheer, déjà dans Blood Red Sky), ils se dirigent vers le village de Sonnenberg pour le sauver. Ce qu’ils ignorent, c’est que tout le bataillon est stationné là-bas avec un objectif bien précis : s’approprier une caisse de lingots d’or volée à une famille juive en 1940, et cachée dans la foulée par les habitants…
« Blood & Gold, tourné en République Tchèque, se distingue en effet par le soin et l’inventivité des confrontations. »
Du sang, de l’or et des nazis : ce programme fièrement affiché (identique à celui du Finlandais Sisu, sorti lui en salles au même moment) par Peter Thorwarth est une promesse que le film remplit allègrement, et avec, de manière surprenante, un certain panache. Bien que les enjeux de Blood & Gold paraissent légers et dérivatifs, le cinéaste s’applique à construire autour de ses scènes d’action un écheveau d’intrigues bien huilé. Heinrich et Elsa, personnages sans grandes aspérités, sont aspirés dans un jeu de pouvoirs entre nazis assoiffés d’or et de vengeance, et villageois retors dont la duplicité les mènera tous à leur perte. Chacun a une vraie personnalité et l’occasion de briller ou de régler ses comptes avant de passer l’arme à gauche, souvent de manière spectaculaire. Blood & Gold, tourné en République Tchèque, se distingue en effet par le soin et l’inventivité des confrontations entre le couple et ces soldats sans foi ni loi. À coup de fusils, de roquettes, de poison ou de fourche bien placée, les nazis en prennent pour leur grade, dans de grandes effusions de sang, de destruction et de chutes fatales. C’est rondement mené, parfois un peu facile, un peu too much, mais Thorwarth mène sa bataille à un train d’enfer, tout en réservant quelques surprises en cours de route. Mission accomplie !