Carry-On : un huis-clos spectaculaire qui tient en haleine
Le réalisateur de Non-Stop et Instinct de survie revient avec Carry-On au genre du thriller conceptuel avec Taron Egerton. Familier, mais très efficace !
S’il est préférable d’oublier ses incursions dans l’univers du blockbuster javellisé (Jungle Cruise et Black Adam, tous deux avec Dwayne Johnson), le réalisateur Jaume Collet-Serra est un artisan efficace qui compte à son actif quelques réussites horrifiques (La maison de cire et Esther) et surtout une poignée de thrillers high concept qui mettent souvent au casting Liam Neeson, comme Non-Stop, Sans identité et The Passenger. Et pour son retour au genre, c’est le Britannique Taron Egerton (Rocketman, la saga Kingsman et plus récemment Tetris) qui se retrouve piégé lors de fêtes de fin d’année dans la peau d’Ethan Kopek : un agent de sécurité aéroportuaire en poste depuis 3 ans, qui va avoir du fil à retordre avec un passager très, très mal intentionné à la veille de Noël.
SOS Aéroport en péril
Le Réveillon à Los Angeles va être difficile ! L’affluence dans les aéroports augmente comme le stress des passagers. Ethan, trentenaire plein d’insécurités confronté à l’angoisse de sa prochaine paternité (sa petite amie Norah, jouée par Sofia Carson, travaille au même endroit que lui), commence sa journée en retard au célèbre aéroport LAX. Heureusement, sur place c’est une grosse ambiance dans les vestiaires et « bingo de la contrebande » : une scène qui apporte un peu de la légèreté avant que Carry-On prenne sa vitesse de croisière. Un changement de poste dans cette fourmilière humaine où tout est contrôlé va tout bouleverser. Car en décidant de prendre enfin sa carrière en main, Ethan se retrouve en charge des scanners, qui dévoilent le contenu des valises des passagers. Face à lui, se dresse un mystérieux voyageur, joué par Jason Bateman. Grâce à une oreillette déposée sur place, il fait chanter Ethan et lui ordonne de laisser passer au contrôle une valise – dont on se doute qu’elle ne contiendra pas des pulls en cashmere. Il a les moyens humains (dont un complice également dans l’aéroport) et techniques pour menacer la petite amie d’Ethan, au cas où il voudrait se rebeller…
« Mâchoire serrée et regard déterminé,
Taron Egerton est plus que crédible en « marionnette »
qui démontre des qualités insoupçonnées. »
Ces scènes stressantes, rythmées par les nombreuses caméras de l’aéroport, et la mise en scène dynamique de Collet-Serra, qui ne s’interdit aucun grand angle ou plan serré sur le visage ruisselant d’inquiétude d’Egerton, sont parmi les plus réussies de Carry-On. Parce qu’il semble à sens unique, ce duel est captivant, sans que l’on sache quel sera le prochain mouvement de l’un ou l’autre. Mais s’il se montre moins original par la suite, le suspense reste bien présent : pas de temps morts, des rebondissements fréquents qui apportent du rythme. Il est presque surprenant, en ces temps de paresse narrative et de films allongés au-delà du raisonnable, de voir sur Netflix un script aussi bien tenu en moins de deux heures. L’un des points positifs de Carry-On est son casting : mâchoire serrée et regard déterminé, Taron Egerton est plus que crédible dans ce rôle de « marionnette » qui en voulant sauver la vie de Norah et celles de ses collègues et des passagers démontre des qualités insoupçonnées. Le spectateur se prend immédiatement d’empathie pour lui. Jason Bateman, plus Ozark qu’Arrested Development ici, parvient à faire oublier son étiquette d’acteur comique avec ce personnage glaçant de terroriste nihiliste.
Comme dans un divertissement des années 90 (difficile, voire impossible de ne pas penser à Die Hard 2 ou Passager 57, par exemple, ou même à Phone Game), l’action accélère à mesure que le compte à rebours s’enclenche. Le film s’autorise, pour le meilleur et pour le pire, à sortir de cet enfer aéroportuaire, par exemple lors d’un accident inattendu dans une voiture, filmé en plan-séquence (très) numérisé alors que retentit le tube musical de Noël de Wham ! Last Christmas. L’introduction de nouveaux personnages, dont l’écriture reste très sommaire, dilue l’action, alors que face à l’accumulation de victimes, Ethan garde lui son sang-froid et notre attention. Ce sont ses dilemmes, sa panique, ses doutes et son esprit d’initiative qui portent le récit. Carry-On reste un film efficace et haletant jusqu’au dénouement, auquel on pardonnera aisément ses quelques facilités scénaristiques.