Blitz : l’enfance sous les bombes
Après Small Axe, Steve McQueen impressionne et émeut avec le film de guerre Blitz, qui plonge dans une Londres bombardée vue par un enfant.
Signe que Blitz, le nouveau film de Steve McQueen, fait office de production de prestige pour son producteur Apple, le long-métrage a bénéficié d’un week-end de séances exceptionnelles au cinéma en France, avant sa diffusion sur AppleTV+ à partir du 22 novembre. Pour les spectateurs fâchés avec l’Histoire, le terme « blitz » désigne une guerre éclair de courte durée – c’était une « spécialité » des troupes nazies au début de la Seconde Guerre Mondiale. Mais le mot est aussi fameux chez les Londoniens. Blitz nous transporte en effet à Londres en 1940, l’un des pires moments de l’histoire de la capitale britannique. Des milliers de familles sont obligés de quitter leurs domiciles pour fuir les zones à risque ou de se réfugier dans des métros surpeuplés, à cause des bombardements incessants de l’armée allemande. Comme le précise un carton en ouverture du film, le blitz londonien a concerné plus d’un million de personnes, dont la moitié sont des enfants.
Une odyssée terrible et émouvante
Dès le début du film, l’ambiance est pesante. Le réalisateur Steve McQueen (II), oscarisé pour 12 years a slave, a fait un énorme travail sur la photographie et le son. Nous quittons assez vite l’enfer de ces bombardements pour faire connaissance avec la famille Hanway. Cela commence par un moment de bonheur entre Saoirse Ronan (Lady Bird) qui interprète Rita et Elliott Heffernan, dont c’est le premier rôle, qui interprète son fils George, âgé de neuf ans. Mais cet instant est vite interrompu par le retentissement de la sirène, qui alerte qu’un bombardement est à venir et qu’ils doivent se mettre à l’abri. Rita n’a pas le choix, son fils n’est pas en sécurité, elle le dépose dans un train pour l’emmener loin des bombes. George aurait préféré rester avec sa mère, et il prononce des mots durs à son encontre. Une scène de séparation qui émeut le spectateur. Tous les deux ont le cœur brisé quand le train s’éloigne.
« Blitz parvient avec brio à passer d’un sentiment à un autre, en suivant le périple de George qui n’est pas de tout repos.»
La suite de Blitz alterne entre le quotidien de Rita et de George, l’éloignement l’un de l’autre. Rita a repris son travail de munitionnette. Le trajet en train est difficile pour George qui subit des remarques racistes d’autres enfants en raison de ses cheveux et de sa couleur de peau, un sujet qui va revenir plusieurs fois tout au long du film. Steve McQueen orchestre de multiples flashbacks pour montrer que les enfants sont sans pitié entre eux. George décide alors de descendre du train et de rentrer chez lui, par ses propres moyens. Blitz nous montre quelques moments plus légers notamment quand Rita est sélectionnée pour chanter en direct à la BBC, sous les yeux de ses collègues et amies. Ou quand George rencontre trois frères : pendant quelques minutes, on ressent un vent de liberté et d’apaisement, comme si la guerre était loin. Mais ce n’est jamais vraiment le cas et dans ce film de guerre, qui est sans doute l’œuvre la plus grand public de l’exigeant McQueen, plusieurs scènes spectaculaires nous le rappellent constamment, notamment avec des images de Londres ravagée par les bombardements. Blitz parvient avec brio à passer d’un sentiment à un autre, en suivant le périple de George qui n’est pas de tout repos. Il est impossible de ne pas être ému jusqu’à la dernière seconde, où les ravages matériels et humains causés par la Seconde Guerre Mondiale se révèlent dans toute leur cruelle évidence.