Double Face : un serial-killer chez les Belges
Proche dans l’esprit des enquêtes du Département V, Double Face suit la traque de deux inspecteurs partis sur la trace d’un tueur en série. Classique, mais efficace.
Tout comme les Enquêtes du Département V, la saga flamande des inspecteurs Vincke et Verstuyft est une adaptation au long cours d’une série de romans populaires en Belgique, écrits par Jef Geeraerts. À la différence du voisin danois, la série de films que les producteurs ont tiré de ce matériau littéraire s’étale pratiquement sur quinze ans. Avec la sortie de Double Face se conclut en effet une trilogie entamée en… 2003, avec La mémoire du tueur (sorti chez nous au cinéma), puis poursuivie en 2010 avec Dossier K (sorti lui en vidéo). Il aura donc fallu attendre huit ans pour retrouver ce duo de flics aussi taciturnes qu’efficaces. Après la mafia albanaise, c’est désormais à un serial-killer sans pitié qu’ils ont affaire, une affaire compliquée par le charme d’une mystérieuse survivante…
Instincts basiques à Anvers
Partenaires de longue date, même si l’un est devenu le supérieur de l’autre, Eric Vincke (Koen De Bouw) et Freddy Verstuyft (Werner De Smedt) se voient confier dès les premières minutes de Double Face une enquête glaçante. La découverte d’un cadavre de femme décapitée débouche sur une morbide révélation : plusieurs autres victimes, toutes féminines, toutes sans tête, étaient enterrées au même endroit. La police d’Anvers se retrouve donc confrontée à un tueur en série, qui aurait sévi à la fois en Allemagne, à Cologne, et en Belgique. Vincke appelle un vieil ami d’Europol pour les épauler, tandis que Verstuyft s’acoquine avec Rina, possible survivante du tueur, partiellement amnésique. Fragile mais dotée d’un charme certain, la jeune femme ne tarde pas à séduire le flic un peu chien fou. Son passé et son travail de psychologue sont-ils liés à cette affaire de meurtres, dans laquelle s’alignent des suspects peu coopératifs ? La traque est lancée…
Un petit air de Basic Instinct version Flandre blafarde plane sur ce Double Face particulièrement roboratif dans le plaisir polardeux qu’il convoque. Scènes d’autopsie repoussantes, chamailleries entre policiers partagés entre le respect des règles et leur instinct d’enquêteur, fausses pistes en pagaille, course-poursuite, victimes en détresse, et mêmes scènes de sexe dignes d’un film érotique du dimanche soir… On se croirait dans les années 90, tant Double Face semble vouloir jouer la carte de la sécurité et du divertissement pour adultes plus rentre-dedans que la moyenne. Même si la photographie glacée et la mise en scène appliquée de Jan Verheyen (déjà aux commandes de Dossier K) tirent parfois le tout vers une esthétique télévisuelle, la relative brutalité et le caractère sanguinolent des meurtres confèrent à cet honnête thriller un petit côté « exploitation » pas désagréable. Rendez-vous dans huit ans pour la suite ?