Ça y est. Le rideau est tombé sur la 30e édition du Bifff. Les fûts de Trolls sont rangés, la salle démantelée, après une dernière avant-première, celle de Cabin in the Woods. Surtout le palmarès des différents jurys est tombé, avec comme toujours quelques surprises. Mais avant cela, petit retour sur les derniers films découverts en « vision presse », comme on dit en Belgique.
Totalement inconnus en France, les frères Manetti se sont fait la main en Italie ces dix dernières années sur des séries et films policiers, confirmant à chaque nouveau projet leur envie de persévérer dans le cinéma de genre. Leur petit dernier, L’arrivo di Wang, est un récit de science-fiction minimaliste, dans le plus pur style de La Quatrième Dimension, mais sur 80 minutes. Autant dire que le film tire un peu à la ligne, malgré un postulat de départ excitant qui rappelle le teaser de District 9 : on y suit une interprète de langue chinoise engagée pour interroger… un alien, qui a « choisi » le chinois car « c’est la langue la plus parlée au monde ». Enfermés avec un agent du gouvernement (le vétéran Ennio Fantastichini) dans une salle d’interrogatoire, la tension monte puisque « Wang » ne veut pas révéler les raisons de sa venue sur Terre… Malgré l’ambiance étrange, la métaphore voyante sur la justification étatique de la torture (on cite abondamment Amnesty International), et une créature très réussie, L’arrivo di Wang s’écroule dans un dernier acte soporifique et une chute qu’aurait aimé Rod Serling, mais qu’on voit venir à des kilomètres.
Le teaser ici :
Quand on signe un court métrage appelé Suburban Zombie Christmas, un seul constat s’impose : nous sommes en présence d’un artiste de bon goût. Michael Melski a donc toute notre attention avec son Charlie Zone, long-métrage canadien qui sous ses abords de thriller atypique, s’avère en fait être une histoire très classique de rédemption. Le Charlie du titre est en fait un quartier craignos de Halifax, où végète un boxeur sur le retour réduit à faire des combats de rue, et une toxicomane sous l’emprise d’un trafiquant jaloux. Le premier est payé pour kidnapper la seconde, et à partir de là, les rebondissements (souvent brutaux) s’accumulent. Plutôt convaincant grâce à son casting (Glen Gould, tour à tour impassible et au bord des larmes, est particulièrement attachant), le décor et le jargon inhabituel de la Nouvelle-Écosse, ainsi qu’un ton relativement badass, Charlie Zone s’embourbe peu à peu dans ses bonnes intentions, bouclant à deux à l’heure un récit perdant de sa force minute après minute. Vraiment dommage.
Véritable déception la « journée danoise », id :A est vendu abusivement comme un Jason Bourne au féminin, alors qu’il s’agit d’une production au rythme arthritique cousue de fil blanc, sur une femme ayant perdu la mémoire, qui remonte le fil d’un attentat auquel est lié son mari. Conçu pour mettre en valeur sa star Tuva Novotny, id :A est aussi passionnant pendant sa première moitié qu’une intégrale de Julie Lescaut, et se perd par la suite dans un long flash-back surexplicatif, qui ne fait rien pour rajouter au suspense. Le film se termine comme il commence, sous forme de pétard mouillé qu’on oublie instantanément.
Le trailer :
Last but not least, il y avait lundi la projection de Ronal the Barbarian, co-réalisé par Kresten Vestbjerg Andersen Thorbjorn Christoffersen et Philip Einstein Lipski. Si si, c’était important de les citer. C’est un amour de dessin animé parodique, définitivement destiné aux adultes, puisque dans sa version anglaise, le film compote une proportion hallucinante de jurons, d’allusions sexuelles verbales et graphiques (on y voit quand même une paire de testicules volante) qui, couplés à un univers empruntant évidemment à Conan le Barbare, mais aussi au Seigneur des Anneaux, en font une production vraiment à part, dont le seul défaut est sans doute le design assez sommaire des visages des personnages. La quête de Ronal, seul barbare de sa tribu à ne pas être bodybuildé comme un dieu grec, fait penser à de nombreuses reprises à celle d’Ingmar le viking, héros d’une bd comique culte : fuyant le conflit et la guerre, il s’y retrouve plongé avec des compagnons d’infortune, pénétrant tour à tour en territoire elfique, dans une taverne de brigands, un village amazone, puis la forteresse du grand méchant Alcazar (le chanteur Dee Snyder en VO !)… Bourré de punchlines délirantes, carburant à l’humour absurde mais aussi rempli de péripéties spectaculaires, Ronal the barbarian se permet même d’enfoncer le clou lors d’un générique de fin anthologique, animé au son d’un morceau, « Barbarian Rhapsody », d’ores et déjà culte. À quand une sortie française ?
Le formidable teaser, monté sur « The Final Coutdown » :
Finally ! Voici le palmarès, tel qu’il a été dévoilé mardi par les différents jurys. Pas de bol, Born to Watch a loupé le Grand Prix, mais The Awakening ayant été discrètement diffusé sur Canal+ récemment, on reviendra dessus très bientôt.
- Corbeau d’or (Grand Prix du jury international) : The Awakening (La maison des ombres), de Nick Murphy
- Corbeau d’Argent (Prix du jury) : Juan of the Dead, d’Alejandro Bruguès et Tormented 3D, de Takashi Shimizu.
- Méliès d’Argent (Prix du jury européen) : Iron Sky, de Timo Vuorensola
- Mention spéciale du jury : The Sandman, de Peter Luisi.
- Prix du thriller : The Whistleblower, de Larysa Kondracki
- Mention spéciale du jury : Eliminate Archie Cookson, de Rob Holder
- Prix du 7e parallèle : Himizu, de Sono Sion
- Mention spéciale du jury : Shuffle, de Kurt Kuenne
- Pégase (Prix du public) : Iron Sky
Voilà, c’est tout pour cette année. Rendez-vous en 2013, pour d’autres aventures sans aucun doute fantastiques, et dans les prochaines semaines sur www.iletaitunefoislecinema.com pour de nouvelles interviews. Long live the bifff !