Romain Gavras embrase la banlieue dans le trailer d’Athena

par | 24 août 2022

Netflix dévoile les premières images virtuoses et secouantes d’Athena, film parti pour être la cible de polémiques brûlantes. Bande-annonce !

Les premiers teasers, « simples » plans-séquences intrigants, ont donné un avant-goût opératique du programme à venir d’Athena, sur fond de citations de Sophocle et Homère (si ce n’était pas assez clair dès le titre, on nage en pleine tragédie grecque contemporaine). Mais la bande-annonce révélée ce vendredi 24 août par Netflix enfonce le clou : le troisième film de Romain Gavras, dont l’obsession pour les ambiances mafieuses et l’imagerie liée aux cités n’est plus à démontrer (Le monde est à toi et le clip « Stress » de Justice sont passés par là), va faire parler de lui, quitte à cliver – il se récolte déjà des dizaines et des dizaines de commentaires en ligne bien réacs. Car le film, que Gavras co-signe au scénario avec Ladj Ly (le réalisateur des Misérables, qui trimballe déjà avec lui un passé controversé), ne dépeint rien de moins que l’insurrection d’une cité fictive de banlieue parisienne, qui s’embrase suite à la mort d’un jeune imputée à la police. Plutôt que de s’attaquer à des faits réels – on pense forcément aux émeutes de 2005 -, Athena va se situer dans une réalité parallèle de cinéma, mais où tout (de la mention de BFM TV aux tenues des CRS) est fait pour nous rappeler que c’est bien dans notre France actuelle que l’action se déroule.

Une question (cruciale) de point de vue

Romain Gavras embrase la banlieue dans le trailer d’Athena

En sélection officielle au festival de Venise, Athena suit les chemins opposés de trois frères dont les chemins vont diverger suite à la mort du cadet : Abdel (Dali Benssalah, Mourir peut attendre) est le militaire de carrière pris entre deux feux, Moktar (Ouassini Embarek, The Eddy) l’aîné devenu dealer et Karim (le débutant Sami Slimane), le benjamin qui va prendre la tête d’une véritable rébellion contre les forces de l’Etat. La cité d’Athena s’embrase peu à peu et se transforme en camp retranché, paré pour recevoir des policiers en surnombre… Tragédie familiale et peinture d’une société en pleine désintégration semblent se croiser dans ce film qui va à coup sûr ravir les tauliers numériques de la fachosphère et les politiciens avides de récupération médiatique. Gavras va-t-il tendre le bâton pour se faire battre en mettant son sens de la mise en scène (de nombreux plans du trailer sont bluffants dans leur composition) au service d’un fantasme de droitard dénonçant le climat de « guerre civile » et « d’ensauvagement » qui règne dans les banlieues, un peu à la manière de Bac Nord ? Ou lui et Ly vont-ils injecter un peu de mise en perspective et de hauteur de point de vue, histoire de prendre plutôt la relève de La Haine ? Des questions cruciales qui vont forcément peser au moment de la découverte d’Athena, programmé pour le 23 septembre sur Netflix.