Wasteland (titré originellement The Rise) est une relecture en mode mineur d’Ocean’s Eleven dans un univers réaliste rendant brièvement hommage à Ken Loach, source d’inspiration probable de Rowan Athale. Certes, cette histoire, à mi-chemin entre Jackpot et Usual suspects pour la structure en forme de grand flash-back subjectif (on y décèle même un clin d’œil direct sous la forme d’une tasse de café), ne réinvente pas la poudre : le butin est maigre, le puzzle solidement ficelé, les rebondissements attendus et la chute clémente et assortie d’un happy end. Mais dans ce modeste polar, Rowan Athale insuffle un ingrédient secret dont beaucoup de réalisateurs américains devraient s’inspirer : l’authenticité. Dans la ville froide de Leeds, endormie et pauvre dans le nord de l’Angleterre, le cinéaste a choisi son propre quartier pour mettre en scène son film.
Petites frappes, petit braquage
Drôle d’ambiance, typiquement britannique, dans une petite cité à l’accent aussi chaleureux que le cocktail chaud du club local. Harvey, un jeune anglais sort de prison. Il retrouve ses potes qui l’accueillent à bras ouverts et avec lesquels il prévoit de se venger du caïd responsable de son incarcération (l’omniprésent Neil Maskell, Kill List). Dans cette histoire de braquage, Athale joue avec les codes du genre : constitution d’une équipe, élaboration des plans, motivation générale, tracas de dernières minutes, derniers préparatifs avant le jour J et reconstitution méthodique de l’opération jusqu’à la révélation finale.
[quote_left] »Rowan Athale insuffle un ingrédient secret dont beaucoup de réalisateurs américains devraient s’inspirer : l’authenticité. »[/quote_left]Le point fort de Wasteland, ce sont ses personnages, aussi frêles et fragiles que déterminés à se venger d’un homme beaucoup plus puissant. Le héros (le beau Luke Treadaway, révélé dans You Instead, alias Rock’n’Love), amoureux et fidèle, tente vaillamment de se reconstruire et de préparer minutieusement sa vengeance. Il reçoit le soutien inconditionnel de Dempsey (Luke Treadaway, Misfits et Game of Thrones) qui l’admire et se montre près à tout abandonner pour lui. Autour d’eux gravitent Charlie (Gerard Kearns, Looking for Éric), qui s’occupe de sa mère alcoolique et Dodd (Matthew Lewis, Neville dans Harry Potter) le mécano de la bande : « Je n’ai pas de casier, j’ai mon CAP ! ». Véritable stratège, Harvey puise dans les talents respectifs de ses amis pour réussir le coup parfait. L’alchimie amicale fonctionne et permet de surmonter les obstacles qui se dressent au travers de leur chemin (comme l’inspecteur de police incarné par Timothy Spall), et surtout la peur qui terrasse ces jeunes hommes sans histoire.
Malgré cet univers constamment sur point de basculer, Wasteland est ponctué de messages positifs. En sortant de prison, Harvey, meurtri et sans famille, retrouve un univers familier et ses amis s’efforcent de le ramener doucement à la vie sociale. Alors qu’il n’osait l’espérer, sa petite amie l’attend également et se montre d’un secours inattendu à un instant décisif. Même l’émergence d’un événement violent et traumatisant renforce sa détermination à aller de l’avant. Enfin, la perspective de changer de vie, de tout recommencer ailleurs, de monter un (toujours modeste) business, ailleurs, devient peu à peu le fil rouge du long-métrage. Ces quatre garçons dans le vent menés par Harvey, qui montre une propension adorable à faire le malin, tentent d’imposer vaillamment leur projet, et insufflent au film un charme pop, so british et irrésistible, qui tranche avec la grisaille du décor.
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Wasteland de Rowan Athale
Royaume-Unis / 2013 / 108 minutes
Luke Treadaway, Timothy Spall, Iwan Rheon
Sortie prochainement
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