C’est une accroche qui revient souvent dans les articles consacrés à la sortie d’Expendables 2 :  l’âge avancé de la plupart de ses stars (le casting affiche une moyenne d’âge de 51 ans). Ils sont affectueusement surnommés « papys » dans les pages people, comme si la presse regardait d’un œil attendri ce dernier caprice d’une génération au crépuscule de sa carrière, un baroud d’honneur qu’on saluerait avant de passer à autre chose (à quoi, d’ailleurs ? Hunger Games ?). Sauf que Stallone et cie n’ont pas vraiment l’intention de rendre les clefs après avoir encore une fois fait sauter la banque. Lee Marvin, John Wayne, Burt Reynolds et surtout Clint Eastwood ont montré que l’âge ne signifiait rien tant qu’on suintait le charisme. Expendables 2 a beau l’être l’équivalent cinématographique de la Dream Team américaine de 1992 menée par Michael Jordan, il ne s’agit en aucun cas d’une lettre d’adieu postée par des mercenaires pressés de rendre les armes. Les gros bras ont encore de la testostérone à revendre, et ont encore quelques cartouches à tirer (hum).

Toujours en haut de l’affiche

L’homme orchestre en premier lieu, Sylvester Stallone, a d’ores et déjà une nouvelle bande dans les tuyaux et une deuxième en post-production. Le premier, c’est l’arlésienne Du plomb dans la tête, réalisé par un autre vétéran, Walter Hill, avec lequel il n’avait jamais tourné. Plombé par des « différents artistiques », des réécritures et des rumeurs de reshoots, ce buddy-movie associant un tueur à gages (Sly) avec un flic vient tout de même de réapparaître dans l’actualité avec la sortie d’un premier trailer, terriblement 90s dans l’esprit. Ça a quand même l’air plus rigolo qu’Assassins.

Le deuxième projet est The Tomb (« Da toumb », comme dirait Arnold), de Mikael Hafström (l’affreux Dérapage et Chambre 1408), une variation sur le thème de Prison Break, où Stallone incarne un expert en matière de sécurité emprisonné dans un pénitencier dont il a lui-même conçu les plans. Il va s’évader avec l’aide d’un co-détenu incarné par nul autre… qu’Arnold Schwarzenegger !

Eh oui, l’ex-Gouverneur a depuis un an les mains libres pour reprendre le contrôle des écrans, et sa participation remarquée à la tournée Expendables 2 n’est que le premier acte d’une reconquête d’Hollywood assez intelligemment pensée. D’abord à travers cette double association avec son vieil ami, idéale pour créer du buzz, et ensuite par la concrétisation d’un projet très excitant, The Last Stand. Schwarzie y incarne un vieux shérif d’une ville à la frontière mexicaine, qui se retrouve sur le chemin d’un baron de la drogue en fuite vers Mexico. Envers et contre tous, il va décider de l’arrêter, et tant pis si les décors dégustent au passage. Plus que le scénario, c’est la perspective de voir l’excellent Kim Jee-Won (A bittersweet life et surtout J’ai rencontré le diable), se frotter pour la première fois à Hollywood, avec qui plus est LA star la plus emblématique du cinéma d’action dans son grand retour en solo, qui fait de The Last Stand, prévu pour janvier 2013, un film qui fait saliver. Le premier trailer a d’ailleurs créé l’événement dès sa mise en ligne la semaine dernière (le jour de la sortie d’Expendables 2, comme par hasard).

Petit jeunot comparé à ces deux mastodontes, le briton Jason Statham a comme on le sait le pied enfoncé sur la pédale quand il s’agit d’enchaîner les tournages. Au rythme de deux à trois films par an (et pas des DTV, en plus), le Stat’ s’assure une retraite confortable sans toutefois parvenir à retrouver des rôles aussi « cultes en devenir » que celui de Chev Chelios (Hyper Tension). Quoi de mieux alors pour changer de la routine, que d’incarner un personnage fameux comme le cambrioleur Parker, héros d’une vingtaine de romans signés Donald Westlake. Ce malfrat froid et efficace a été immortalisé au cinéma par Lee Marvin et John Boorman dans Point Blank, puis « réutilisé » dans Payback avec Mel Gibson. Parker, réalisé par Taylor Hackford (Dolores Claiborne) réadapte la même histoire (tirée du premier roman de la série, Comme une fleur). Statham va devoir arrêter les sourires en coin – c’est pas le genre de la maison – et tenir la dragée haute à Nick Nolte. La sortie est prévue en 2013.

Un peu plus relax (on a même envie de dire « plus souple »), Jet Li semble avoir recentré sa carrière sur sa Chine natale. En même temps, il a raison, Jet : il est aussi célèbre dans son pays que Jackie Chan, et le marché reste bien plus grand – et lucratif ? – que celui des USA, où on ne lui propose que des seconds rôles ou des bouzasses avec des rappeurs. L’actu jetliesque est donc pour l’heure uniquement constituée de deux films déjà « anciens », mais pas anodins. Le premier, Le sorcier et le serpent blanc, est réalisé par nul autre que Ching Siu-Tung (Histoires de fantômes chinois) et sortira enfin en septembre en Blu-Ray. Ce wu xia fantastique à gros budget a été suivi par le bien plus attendu Flying Swords of Dragon Gate 3D, sorte de remake de L’auberge du dragon, qui marque une nouvelle collaboration entre la star et Tsui Hark, près de vingt ans après Il était une fois en Chine III. Il est toujours question de complot impérial se jouant dans les méandres d’une auberge paumée en plein désert, et d’un redresseur de torts (Li) qui va jouer du sabre pour démêler cet écheveau d’intrigues. Spectaculaire et généreux, le film est toujours attendu de ce côté-ci du globe, alors qu’il est sorti il y a plus d’un an en Asie.

Pièce rapportée à l’échelle de la saga, dans laquelle il ne fait finalement que passer, Bruce Willis, qu’on ne présente plus, a l’avantage d’être l’acteur de la bande qui a la palette dramatique la plus large du lot, ce qui lui a permis d’élargir considérablement son audience au fil des années (Sixième Sens en est la preuve la plus spectaculaire). Il ne s’est toutefois pas foulé ces dernières années, enquillant les projets indignes de son talent comme des perles, jusqu’à donner à sa filmographie une sinistre allure, rappelant un peu la lente descente au cachot de Nicolas Cage. On est donc d’autant plus ravis de voir John McClane multiplier les projets de prestige, fussent-ils complètement bis à l’arrivée. Le thriller orienté SF Looper avec Joseph Gordon-Levitt, un Die Hard 5 actuellement en tournage, une apparition dans le bourrin GI Joe 2, l’adaptation de Kane & Lynch… Après avoir joué les utilités dans des nanars comme Cop Out, Braqueurs ou Sans Issue, Willis semble enfin avoir retrouvé l’envie de figurer dans des projets un poil plus prestigieux. Le temps dira si l’acteur a eu le nez creux, ou s’il doit continuer à jouer les guest stars de luxe.

Les princes de la vidéo

S’il y en a un qui savoure son retour sur les tapis rouges, c’est bien Jean-Claude Van Damme. Après avoir refusé d’apparaître dans le premier Expendables par pêché d’orgueil, le karatéka flamand a ouvert les yeux sur l’opportunité royale qui lui était offerte, celle de jouer le vilain dans la séquelle, et ainsi d’offrir à des hordes de fans éberlués une baston au sommet avec Sly lui-même. Le film fait donc office de bifurcation bienvenue dans une carrière depuis longtemps reléguée aux bacs des supermarchés, et aux tournages en Europe de l’Est (exception faite de JCVD). C’est là-bas que Van Damme a tourné le polar fauché Six Bullets (tourné en back-to-back avec Assassination Games) et le prochain Universal Soldier 4, shooté comme le troisième par le jeune John Hyams. L’acteur semble s’être vraiment amouraché de la famille Hyams, puisqu’il a tourné trois fois avec le père (Timecop, Mort Subite et le futur Enemies Closer) et deux fois avec le fils. Qu’importe les budgets (il y en a peu) pourvu qu’il y ait de la bonne humeur et quelques idées, et cela semble être encore le cas avec le retour programmé des UniSols, qui s’annonce gore et mongoloïde, en plus d’être fréquenté par deux autres habitués du DTV bulgare, Scott Adkins et Dolph Lundgren.

Dolph Lundgren, justement, parlons-en. On pourra regretter pendant des paragraphes entiers la tournure qu’a pris la carrière du géant suédois (2m03 quand même) après les bides des Maîtres de l’Univers, du Scorpion Rouge ou encore de L’homme de guerre (sans doute l’un de ses meilleurs films), et qui l’ont condamné à enchaîner les séries B et Z pendant quinze ans avant que son vieil ami Sly ne vienne le remettre sur le devant de la scène. Pas sûr que le comédien et réalisateur (il a notamment signé un très énervé The Mechanik) soit encore près d’un retour en grâce à la Travolta, mais il a au moins tout le loisir de mettre sur pieds des projets ambitieux. Sans doute plus que ce One in the chamber, devenu Shoot the killer pour sa sortie française prévue le 21 août, et qui l’oppose à un autre éclopé du star system, Cuba « mais enfin j’ai eu un Oscar ! » Gooding Jr. Dolph cabotine joyeusement et le film est rythmé, mais on est loin d’une réussite inoubliable. De celles qui permettrait à l’éternel Ivan Drago de tenir seul le haut d’une affiche de cinéma.

Qui sait, cela pourrait peut-être arriver un jour à Scott Adkins, lui qui depuis une bonne dizaine d’années maintenant, démontre l’étendue de ses capacités martiales (en tae kwon do et en kickboxing notamment) dans une tripotées de productions en tous genres, de La vengeance dans la peau à Danny the Dog, en passant par Ninja et l’incontournable Undisputed 2, qui le révéla vraiment au grand public. À 36 ans, Adkins est sur une pente ascendante, et multiplie les sorties : Re-Kill est encore inédit, la série Metal Hurlant Chronicles ne devrait plus tarder, et il figure au casting du prochain film de Kathryn Bigelow, Zero Dark Thirty, retraçant la traque de Ben Laden. Avant cela, on aura aussi l’occasion de le voir (en vidéo sûrement) aux côtés de cet addict de la série B qu’est Christian Slater dans l’intriguant El Gringo, à ne pas confondre avec Get the gringo (avec Mel Gibson), au pitch relativement similaire.

Doivent encore faire leurs preuves

Moins connus que leurs glorieux camarades, l’ex-joueur de NFL Terry Crews et le champion de MMA Randy Couture sont incontestablement les deux comédiens qui ont le plus profité de l’opération Expendables, dans le sens où leur carrière, déjà bien entamée mais peu glorieuse côté cinéma, a connu un bon boost suite à la sortie du film. Second rôle dans plusieurs polars musclés (Training Day, Bad Times, Au bout de la nuit) et une tripotée de comédies peu recommandables (son rôle le plus célèbre restait celui du père de Chris Rock dans la série Tout le monde déteste Chris), l’expansif et intimidant Terry Crews a désormais plusieurs projets attachés à son nom, comme ce curieux Aztec Warrior, réalisé par Scott Sanders (Black Dynamite), où il jouera un méchant lutteur masqué. L’affable et impassible Randy Couture, a lui troqué les tenues kakis contre un costume plus urbain pour les besoins du DTV Hijacked, un énième rip-off de Die Hard, cette fois dans un jet privé. De la série B qui ne vole pas bien haut (ah ah) mais qui lui permet au moins de jouer du poing face à cette gueule d’ange de Vinnie Jones.

Et Chuck Norris dans tout cela, me direz-vous ? Chuck va bien, merci pour lui, d’ailleurs Chuck va toujours bien, ne savez-vous pas qu’Incassable était inspiré de sa propre vie ? Blague à part, le septuagénaire, plus roux que jamais, qui adore donner des interviews en compagnie de sa femme, a affirmé être en préparation d’un nouveau film où il tiendrait le rôle d’un tueur à gages à la retraite tentant de protéger son naïf voisin. Oui, comme Mon voisin, le tueur, sauf que là ça s’appellera The Novice. Comme toujours depuis une bonne vingtaine d’années, ce sera réalisé par Aaron Norris, un tâcheron qui n’aurait pas beaucoup de boulot s’il n’était pas frère de (et tout le monde peut pas être le frère de Chuck. Même Abel et Caïn ont pas pu). Sortie prévue dès maintenant. Le temps ne compte pas pour Chuck.

PS : hmmm, oui, hein, quoi, Liam Hemsworth ? Le frère de Thor ? Ben il va jouer dans Hunger Games 2. Oui, hein, elle s’annonce passionnante, sa carrière.