Homebound : week-end en terre ennuyeuse
Confus et bâclé, Homebound nous fait passer un week-end oubliable avec une belle-famille inexplicablement cintrée.
Les enfants peuvent être parfois flippants et cela fait maintenant bien longtemps (depuis le temps des Innocents et de la première version du Village des damnés, au moins) que le cinéma l’a compris. Et le spectateur aussi, qui découvrira les premières scènes du film britannique Homebound avec un sourire entendu, espérant que la vieille bâtisse qui sert de décor à cette production sans aucun doute tournée en plein Covid (à peine dix acteurs au casting) cache de croustillants et terrifiants secrets.
Bienvenue au cottage
Après tout, qu’espérer d’autre de cette histoire de week-end en famille un peu particulière pour son héroïne Holly (Aisling Loftus, Orgueil et préjugés et zombies) ? La jeune femme part avec son Jules, Richard (Tom Goodman-Hill, Rebecca) en pleine campagne pour rencontrer les enfants de celui-ci. Désireuse de se faire bien voir, Holly angoisse, et l’arrivée dans le cottage ne se passe pas mieux que dans le similaire et récent The Lodge, auquel il est difficile de ne pas le comparer — même si l’ambiance est plus automnale que neigeuse. Le comportement plein de morgue des garnements, enfants comme grands adolescents, est louche, et leur relation avec Richard paraît aussi toxique qu’inquiétante. Leur mère est absente du tableau et Richard ne sait pas trop quoi penser de son prétendu « départ »… Et Holly s’enfonce dans le malaise, jusqu’à ce que les jeux des enfants se transforment en brimades et attaques physiques à peine déguisées. Mais que se passe-t-il dans cette famille ?
« Laborieux et mal foutu, le film finit par faire enrager lors d’un climax incompréhensible. »
Premier long-métrage de Sebastian Godwin (la série The Bay), Homebound demande de passer outre son petit budget (le directeur photo de ce film ne s’est visiblement pas trop foulé) pour s’intéresser à son mystère, construit via une mise en scène caméra à l’épaule et un montage heurté, débarrassé de toute sophistication. Le comportement de chaque personnage, à part Holly, est difficile à décrypter, et ce d’autant plus que le scénario peine à inclure quelques dialogues d’exposition ou révélations limpides pour que le spectateur raccroche les wagons. Homebound révèle une certaine incompétence, alors que les minutes passent et que notre intérêt pour ce séjour chez les fous diminue petit à petit. Laborieux et mal foutu, le film finit par faire enrager lors d’un climax incompréhensible, l’histoire s’achevant sans explication alors que le compteur dépassait l’heure de métrage. Car oui, Homebound ne s’attarde pas, sa durée dépassant à peine celle d’un pilote de série HBO. La production a-t-elle manqué de temps, d’argent, de talent ? Toujours est-il qu’un tel camouflet en guise de conclusion en laissera plus d’un sur le pas de la porte. Voilà une famille qu’on ne reviendra pas voir en week-end de sitôt…