Humane : une dystopie qui peine à convaincre

par | 6 avril 2025 | À LA UNE, Critiques, PARAMOUNT+

Humane : une dystopie qui peine à convaincre

Dans la famille Cronenberg, voici Caitlin ! La réalisatrice signe avec Humane un thriller timide sur des bourgeois prêts à tout pour éviter une euthanasie précoce.

Dans la famille Cronenberg, on connaît évidemment le père, David et ses nombreux classiques, du culte La mouche au tout récent Les Linceuls, en passant par le très original et prophétique Vidéodrome. Mais après le fils Brandon, passé derrière la caméra avec Antiviral puis Infinity Pool, il va falloir faire une place pour la fille, Caitlin Cronenberg, qui réalise son premier long-métrage en tant avec Humane, une dystopie horrifique au postulat pour le moins intrigant – et inquiétant.

Humane, à travers l’histoire de la famille York, nous plonge dans un monde en pleine déroute, où face à une crise humanitaire et écologique majeure, chaque pays s’est engagé à supprimer 20 % de sa population sur la base du « volontariat ». Charles York (Peter Gallagher), ancien présentateur vedette et patriarche de la famille, en pleine culpabilité après une vie consacrée à soigner son image publique plutôt que ses quatre enfants, convoque sa descendance pour les informer qu’il a décidé de prendre part au programme d’euthanasie global. Un « sacrifice » qui déclenche une série de rancœurs et d’événements dramatiques incontrôlables, à partir du moment où l’épouse de Charles décide de fuir cette soirée euthanasie et que l’agence gouvernementale dépêchée sur place demande à tout prix le cadavre promis, quel qu’il soit…

Mourir (pour sa famille) peut attendre

Humane : une dystopie qui peine à convaincre

Si le principe de Humane donne envie sur le papier, en promettant une confrontation vacharde et sanglante sur fond de satire sociale et politique, après une première partie coup de poing, le film peine malheureusement à délivrer un message plus profond et à dépasser le stade du drame familial plutôt classique. Les quatre enfants de la famille York sont à l’image du patriarche : des coquilles vides qui tiennent plus de l’archétype que de personnages vraiment humains, sans mauvais jeu de mots. On peine donc à se soucier véritablement de ce qui pourrait leur arriver. Si pour sa première réalisation Caitlin Cronenberg ne démérite pas, on sent à travers son manque d’expérience une difficulté à proposer quelque chose de moins conformiste, qui ose bousculer davantage le téléspectateur comme le font son père et son frère. Il aurait été intéressant, même vital, que Humane aille plus loin, aussi bien dans sa mise en scène que dans son propos, plutôt que de rester campé sur des postulats convenus et abordés ailleurs avec plus de mordant.

« Derrière des promesses alléchantes se cache un film ni raté ni marquant. »

À noter quand même, pour les points positifs, la présence de l’excellent Enrico Colantoni, glaçant en agent cynique du gouvernement chargé de faire appliquer ce programme morbide. L’acteur connu pour ses rôles variés aussi bien à la télévision, notamment dans Veronica Mars, qu’au cinéma, crève ici une nouvelle fois l’écran dans un second rôle de luxe. Au final Humane frustre forcément : derrière des promesses alléchantes se cache un film ni raté ni marquant – même Paramount+ l’a sorti sans bruit sur sa plateforme. Un premier essai timide qui laisse pourtant entrevoir un certain potentiel. Gageons que dans ses projets futurs Caitlin Cronenberg saura s’affranchir des conventions et saura s’illustrer avec une histoire plus personnelle et ambitieuse.