Les enquêtes du Département V : Promesse, une secte et ça repart

par | 17 juin 2025 | À LA UNE, BLURAY/DVD, Critiques, VOD/SVOD

Les enquêtes du Département V : Promesse, une secte et ça repart

Sixième adaptation des livres de Jussi Adler-Olsen, Promesse reste fidèle à l’ambiance de la saga scandinave, sans particulièrement briller.

Près de 20 ans après que l’écrivain Jussi Adler-Olsen ait commencé à en imaginer les aventures, le Département V est toujours une valeur sûre du polar scandinave. Ses enquêtes sont pratiquement toutes des best-sellers au Danemark et à l’international, l’auteur ayant publié en 2025 le 11e volet de sa saga, Les âmes mortes ne chantent pas. Un petit phénomène littéraire doublé d’une juteuse franchise audiovisuelle : alors que débarque sur Netflix une version sérielle délocalisée en Écosse, Les Dossiers Oubliés, Wild Side distribue en France le sixième film adapté des romans d’Adler-Olsen, Promesse. Coproduit comme les précédents volets par Nordisk Film, ce nouveau volet où s’affiche un casting bien différent des premiers films tente de maintenir la flamme d’un univers dont les tics et les types de rebondissements commencent à être bien visibles. L’univers sombre, lourd, mais teinté d’un humour sardonique et désabusé des Enquêtes du Département V, ne surprend plus dans cet opus insulaire qui ronronne plus qu’il n’envoûte.

Un mystère insulaire et familier

Les enquêtes du Département V : Promesse, une secte et ça repart

Pourtant, ce n’est cette fois pas le détective Carl Mørck (Ulrich Thomsen, de retour après L’effet papillon) qui ouvre le bal de Promesse, mais sa collaboratrice préférée, Rose (Sofie Torp, pour sa deuxième enquête elle aussi). C’est elle que Carl envoie sur l’île de Bornholm, pour répondre aux demandes répétées d’un vieux collègue de promo, Habersaat, obsédé par une affaire de meurtre non résolue. Son suicide est un choc qui amène Rose, Carl et son adjoint d’origine syrienne Assad (le petit nouveau Afshin Firouzi, qui succède à l’ex-petit nouveau Zaki Youssef) à rester sur l’île pour enquêter sur la mort inexpliquée d’une jeune femme, retrouvée dans un arbre après avoir été renversée par une voiture. Alors que Carl renoue avec son passé et suit avec Assad la trace d’un artiste raté douteux, Rose s’introduit dans une communauté d’adorateurs du soleil dirigée par un couple incestueux, le charismatique Atu et la menaçante Pirjo. Des pistes qui s’entremêlent et vont mener à la vérité sur la mort de la jeune femme…

« Le résultat nous ramène plutôt vers les rivages du feuilleton criminel allemand pépère que vers les polars racés et trépidants des débuts. »

Des aller-retour révélateurs entre passé et présent, des actes pervers perpétrés par des citoyens propres sur eux, un trio d’enquêteurs qui met sa vie en péril pour faire éclater la vérité… Pas de doute, la recette gagnante du Département V continue d’être appliquée avec méthode dans ce Promesse aux allures de vieilles charentaises : confortable et rassurant dans sa conception. Tout y est, et rappelle aussi les opus précédents de la saga, de l’objectification des femmes (comme dans Profanation) au mouvement religieux comme lieu de perversion sexuelle (comme dans Délivrance) en passant par le héros au bord de la mort dans le dernier acte (comme dans Dossier 64). Les romans d’Adler-Olsen ont pris l’habitude de clouer la société danoise au pilori, de brocarder son hypocrisie et son parfum d’intolérance. C’est un peu moins le cas dans Promesse, car le script choisit une cible facile en inventant cette secte d’illuminés new age, trop portée sur le sexe pour ne pas être sinistre. Le mystère central, lié au désir de maternité ou à son absence, est lui aussi moins prenant, moins renversant et complexe dans sa résolution pour marquer les esprits.

Bref, Promesse, comme ses héros, comme son réalisateur Ole Christian Madsen (Les soldats de l’ombre), fait le boulot, mais se refuse à faire le show. Et le résultat nous ramène plutôt vers les rivages du feuilleton criminel allemand pépère que vers les polars racés et trépidants des débuts. Car oui, il est difficile de faire le deuil du Département V première époque en suivant ce nouveau casting. Si Sofie Torp fait une Rose charismatique et volontaire, on a du mal à adhérer à l’interprétation d’Ulrich Thomsen (excellent acteur au demeurant) en Mørck. Impassible au point de paraître inexpressif, l’acteur, constamment sur la retenue, semble terne comparé au jeu bien plus haut en couleur, physique voire grimaçant, de Nikolaj Lie Kaas. Quant à Afshin Firouzi, le fait qu’il soit relégué au second plan dans cet opus ne risque malheureusement pas de nous faire oublier le grand Fares Fares. Cette nouvelle équipe reviendra-t-elle pour une 7e enquête, alors que Netflix semble décidé à reprendre le flambeau ? Cette fois, il y a un vrai suspense…