Molli And Max In The Future : quand la comédie romantique devient space

Mélange improbable de « romcom » et de space opera, cette comédie futuriste parvient à étonner et à charmer malgré son micro-budget.
La perspective de voir entrer en collision deux genres aussi éloignés l’un de l’autre que le space opera et la comédie romantique n’est pas forcément la plus rassurante qui soit. D’autant plus lorsqu’on apprend que ce mariage s’avère plutôt chiche financièrement et dépourvu de grosses têtes d’affiche, à part en étant fan de Girls ou connaisseur pointu du Saturday Night Live. Découvert aux Utopiales (d’où il était reparti avec une mention du jury) et resté inédit en France deux ans durant, Molli And Max In The Future tombe heureusement plutôt dans la catégorie des surprises rafraîchissantes. Présenté partout, et à raison, comme une version spatiale futuriste et loufoque de Quand Harry rencontre Sally, le film de Michael Lukk Litwak a ses limites, visibles à l’écran mais distille aussi, grâce à sa modestie, son second degré excentrique et ses acteurs, un charme indéniable.
Quand Molli percute Max

Dans le futur, donc, Molli (Zosia Mamet, Girls) percute pendant son voyage dans l’hyperespace Max (Aristotle Athira, Saturday Night Live). Désormais sans moyen de rentrer sur sa planète natale – celle des hommes-poissons, figurez-vous -, Max obtient de pouvoir monter à bord du vaisseau de Molli. Bien qu’ils soient opposés en tout (Molli est une magicienne en route pour intégrer la secte très sexuelle d’un demi-dieu tentaculaire, Max veut devenir une star du monde des combats de robots sur Megapolis), les deux voyageurs sentent bien qu’il y a une connexion entre eux. Mais chacun choisit de suivre sa propre voie, et 5 années passent avant qu’ils ne se recroisent par hasard dans un taxi volant. Leur vie a changé, pour le mieux certes, et ils choisissent de rester amis. Mais peuvent-ils remettre éternellement au lendemain cette relation qu’ils sentaient possibles ? Les robots, les sectes, les voyages inter-dimensionnels et une apocalypse prochaine due à une surproduction de fromage peuvent-ils suffire à tromper leur ennui et masquer l’évidence de leurs sentiments ?
« Molli And Max In The Future intrigue autant qu’il fait peur. »
Parce qu’il est complètement improbable, loufoque et marqué par une esthétique do-it-yourself prononcée (le film est quasi intégralement composé de plans fixes sur fonds verts, augmenté de pas mal de maquillages maison et pièces de décors rustiques), Molli And Max In The Future intrigue autant qu’il fait peur. C’est garanti, les choix esthétiques, cohérents sur le papier, de Michael Lukk Litwak ne feront pas que des heureux et personne ne leur en voudra de quitter le navire après une première enfilade de scènes kitsch et statiques aux couleurs bariolées. Mais ce monde interstellaire fada, farci de références SF (comme cette application de squash virtuel dans un environnement à la Tron) comme romantiques (le classique de Rob Reiner est l’inspiration évidente de la construction du scénario, mais le cinéaste lui emprunte aussi ses discussions existentielles en split screen), transpire aussi la sincérité et la générosité malgré ses limites assumées. Des micro-budgets ambitieux comme Molli And Max In The Future pullulent dans le 7e art et particulièrement sur les plateformes. Peu se distinguent ainsi de la masse, que ce soit par leurs interprètes (le couple principal a de l’alchimie à revendre), des dialogues parfois vraiment hilarants, et un world building, à défaut de meilleure expression, aussi foisonnante qu’étonnant. Tentez l’expérience, et voyez si vous succombez aussi à son charme !