Old people : affreux, vieux et méchants
Les seniors se rebiffent dans Old People, film d’horreur germanique qui ne tient pas vraiment toutes ses promesses.
Les connaisseurs cinéphages savaient jusqu’à présent qu’il fallait se méfier des enfants dans l’univers du film de genre. Des bambins maléfiques, en solo (dans La malédiction ou Esther, au choix) ou en bande organisée (du Village des damnés à The Children, il y a de la matière), le 7e art en a vu passer. Mais le cinéma s’est moins souvent intéressé à nos chers seniors, aux retraités bien entrés dans le 3e âge et qui a priori ne feraient pas de mal à une mouche (quoique le souvenir de The Visit, réalisé par Shyamalan, reste encore vivace). Une petite aura d’originalité entoure donc Old People, production germano-polonaise qui entreprend de nous montrer une société ravagée par une soudaine poussée de rage chez les détenteurs de la carte vermeil.
Mon Ehpad va craquer
Enfin, société c’est vite dit. Le film d’Andy Fetscher (porté disparu au cinéma après la sortie en 2011 de son survival Urban Explorer) s’ouvre sur une séquence stressante d’agression d’une pauvre infirmière à domicile, matraquée par un vieux patient qui a trop vu Irréversible et préfigure, images d’explosions lointaines à l’appui, la chute de toute une ville submergée par ses vieux. Et puis boum : retour en arrière, au fin fond d’une presqu’île campagnarde, alors qu’une mère divorcée, Ella, rentre dans son village d’origine pour le mariage de sa sœur. Elle retrouve son ex-mari, mais aussi son père, résident avachi d’un Ehpad local où travaille la nouvelle femme de monsieur. La fête bat tout de même son plein le soir venu, mais les résidents, eux, se massent près de la fenêtre, attirés par la musique. Et guidés par l’un d’entre eux, ils décident d’attaquer et de tuer tous les soignants, puis tous les non-retraités qu’ils croisent. La famille recomposée va devoir s’unir pour survivre à cette nuit de noces sanglante…
« Old People a des ambitions limitées, et une imagination qui ne va guère au-delà du plaisir de brosser des plans inquiétants de vieillard(e)s errant d’un air menaçant. »
Si d’aventure vous espériez assister à un 28 jours plus tard option déambulateurs, passez votre chemin. Old People a des ambitions limitées, et une imagination qui ne va guère au-delà du plaisir de brosser des plans inquiétants de vieillard(e)s errant d’un air menaçant dans la nuit, prêts à faire passer un sale quart d’heure à tous ces gens pimpants qui n’ont pas perdu de dents. Fetscher emballe quelques séquences horrifiques marquantes (les mariés en particulier n’ont même pas le temps de consommer, les pauvres), histoire de concrétiser la menace représentée par ses grabataires pas si livides. Mais le rythme est au mieux cahotant, les moments de suspense étirés comme pour jouer la montre, alors que les scènes d’exposition brillent elle par leur maladresse (à quel moment l’Ehpad en ruines ressemblant à l’asile de L’armée des 12 singes est censé être crédible ?). Les lieux communs pullulent par la suite, quand ce n’est pas la confusion qui nous agite face à la bêtise des personnages ou l’attentisme inexplicable de ses vieux méchants. Old People n’expliquera jamais l’origine de leur sursaut sadique collectif. Il se contente dans son générique de nous enjoindre à prendre soin de nos aînés, ce qui ne mange pas de pain, mais détonne un peu dans un film qui les transforme en nuée d’envahisseurs au cortex endommagé.