Predator : Killer of Killers, une réussite en trois actes

Propulsant le Predator dans des duels à trois périodes de l’histoire, Killer of Killers s’impose grâce à son rythme nerveux et sa violence décomplexée.
Propulsé sauveur de la franchise Predator, que l’on croyait exsangue depuis l’échec de The Predator de Shane Black, le réalisateur Dan Trachtenberg offre une double actualité à la bestiole de Stan Winston en 2025. Conseillé à un public majeur, le film d’animation Predator : Killer of Killers exclusif à Disney+ s’inscrit dans la saga au même titre que le très attendu Predators : Badlands avec Elle Fanning, qui aura lui les honneurs d’une sortie salles. Une double actualité qui n’est que justice pour Trachtenberg, qui a déjà prouvé son amour pour cette saga en la revitalisant avec le très bon Prey, disponible sur la même plateforme. Tourné quasiment dans un secret quasi total, Predator : Killer of Killers se présente comme un film à sketches composé de trois histoires qui se relient à la fin, et envoient des Predator dans différentes périodes historiques…
Tous pour un, un Predator pour tous

Killer of Killers s’ouvre en 841 avec « Le Bouclier ». Nous sommes chez les Vikings, aux côtés de la cheffe de tribu Ursa, qui avec son bouclier couvert de sang et de flèches de ses ennemis, est en quête de vengeance. Ce début annonce la couleur du projet : scènes de torture, effusions de sang, gros plans sur des membres sectionnés… Ursa, comme Naru dans Prey, est un personnage féminin fort et emblématique, l’opposé ou presque de son fils Anders. La situation change quand elle retrouve le meurtrier de son père, et que surgit le Predator, observateur discret de leur quête meurtrière. Sur terre ou sous l’eau, l’animation du combat qui s’engage reste fluide et magnifique, malgré des designs simplistes. La lutte s’avère épique et ne sera pas sans conséquences.
« Le sabre » nous transporte ensuite au Japon en 1609 avec deux frères, Kenji et Kiyoshi, forcés de se battre par leur père. 20 ans plus tard, ils se retrouvent pour une nouvelle confrontation, et Kenji, devenu un ninja, bondit d’un toit à un autre dans la forteresse de son frère. Là encore, le design des décors et l’ambiance nipponne sont parfaitement évocateurs. Consumés eux aussi par la vengeance, les deux frères finissent par s’allier pour contrer le Predator – qui apparaît en traversant le portrait de leur père, un message fort. Là encore, un parfum de tragédie plane sur l’issue du combat.
« Si Killer of Killers peut faire penser dans sa structure à un jeu vidéo,
son concept reste pertinent à l’échelle de la saga. »
Place enfin en 1941 au segment « La Balle » avec Torres, pilote sur un porte-avion. Cette fois la menace est dans les airs, pendant la Seconde Guerre Mondiale ! De retour d’une mission, Torres s’intéresse à une pièce coincée dans un réacteur, et lui seul semble avoir conscience du danger. Une fois en l’air, stupéfaction : les avions tombent un par un, grâce à l’arsenal d’accessoires – très cool – que possède le Predator en plus de son radar à chaleur thermique. Torres, comme ses ancêtres d’un autre continent, survit à la confrontation avec l’extraterrestre, et c’est là que Killer of Killers joue la carte du « tous pour un », en envoyant nos trois héros sur la lointaine planète des Jauja pour un combat final façon Battle Royale, qui évoque dans son concept le quasi oublié Predators avec Adrien Brody… Si Killer of Killers peut faire penser dans sa structure à un jeu vidéo (c’est comme si trois Assassin’s Creed étaient par exemple collés les uns aux autres), son concept reste pertinent à l’échelle de la saga, tissant un pont entre Prey et le futur Badlands, où un Predator deviendra le héros. Les trois récits sont inégaux, mais en se répondant et en se rejoignant, ils gagnent en intérêt. Rythmée, sanglante et très graphique, c’est une réussite digne des meilleurs opus de cette franchise bientôt quarantenaire.