Dix années après la présentation du film générationnel Garden State au festival de Sundance, Zach Braff, le sympathique infirmier geek de la série Scrubs, a reçu une standing ovation sur la scène de la Mecque du cinéma indépendant. Financé à la manière du film Veronica Mars grâce à Kickstarter et écrit avec son frère Adam, Le Rôle de ma vie raconte le destin très personnel d’un trentenaire paumé, Aidan Bloom, qui cherche à avancer dans le monde d’aujourd’hui en faisant vivre sa famille sans rogner sa vocation d’acteur. Le jeune auteur, grâce à une écriture en apparence simple et léchée, parvient une nouvelle fois à fédérer autour d’une histoire à priori sans équivalent.

Ma famille d’abord

Le rôle de ma vie : au nom du père

En effet, malgré ses difficultés financières, Aidan ne renonce pas à son rêve de percer en tant que comédien. Père de deux enfants, il se voit régulièrement remis en question par son propre père. L’annonce de la maladie paternelle pousse le jeune homme à réunir sa famille et à évoluer vers une vie d’adulte qu’il se refusait, jusqu’à présent à accepter.

[quote_center] »Véritable pépite, la bande-son du Rôle de ma vie, comme pour celle de Garden State, fait également figure d’univers à part entière. »[/quote_center]

Avec son jeu particulièrement détaché, Zach Braff s’essaie pour son deuxième long-métrage à l’autobiographie franche et honnête. Il s’est entouré d’un casting aux petits oignons, avec, pour commencer, un grand Mandy Patinkin (HomelandPrincess Bride) en père de confession juive, brut de décoffrage et terriblement touchant. Révélée par le film Presque célèbre, Kate Hudson incarne l’épouse qui travaille pour faire vivre sa famille et le rêve de son acteur de mari. Petit bout de talent brut, Joey King, à 15 ans, poursuit sa talentueuse carrière après Conjuring : Les Dossiers Warren dans le rôle de la fille aînée d’Aiden, Grace. Jim Parsons, la star de Big Bang Theory (qui joue d’ailleurs dans Garden State) sert d’étonnant fil rouge et permet aux fans de la série de découvrir l’acteur, dans un jeu léger et aérien, délivré de son encombrante enveloppe de Sheldon Cooper.

Des propriétés curatrices

Le rôle de ma vie : au nom du père

Décrit comme la voix de sa génération au moment de la sortie de Garden State, Zach Braff n’a pas perdu, loin s’en faut, son talent pour transformer l’histoire d’un jeune homme plongé dans une quête de lui-même douce-amère, en un hymne universel. Sans appuyer trop sur l’émotion, l’auteur dévoile plutôt une grande tendresse de ton, conserve un humour particulièrement décapant, décrit des personnages légers et attachants à travers les petits riens et les grandes épreuves que la vie leur réserve. Dans un univers multicolore résolument actuel, sans une once de nostalgie, où les codes geeks ne sont jamais très loin, il livre un peu de bonheur en barre, sans pathos, malgré le spectre de la mort, et des touches d’émotions pures brillamment interprétées.

Véritable pépite, la bande-son du Rôle de ma vie, comme pour celle de Garden State, fait également figure d’univers à part entière. Avec en fer de lance le groupe The Shins et Paul Simon, le film est enrichi par un rock alternatif acidulé et indie pop qui laisse une étrange impression, à la fois novatrice et familière. Ce savant mélange accompagne le spectateur bien après sa sortie de la salle.

Remède anti-crise et déprime, magnifique et poétique, Wish I Was Here, renommé dans notre pays Le Rôle de ma Vie et sa BO devraient être prescrit sur ordonnance et délivrés en gélules à tous les trentenaires en quête de sens.


[styled_box title= »Note Born To Watch » class= » »]
Quatre sur cinq
Le Rôle de ma Vie (Wish I Was Here)
De Zach Braff
2014 / USA / 120 minutes
Avec Zach Braff, Kate Hudson, Mandy Patinkin
Sortie le 13 août 2014
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