Sans Issue : quatre suspects dans le chalet

par | 11 mars 2022 | À LA UNE, Critiques, VOD/SVOD

Sans Issue : quatre suspects dans le chalet

Sorti sans bruit sur Disney+, Sans Issue est une série B nerveuse qui tire le meilleur parti de son décor enneigé nocturne.

Il est parfois des plaisirs simples qu’il serait vraiment dommage de bouder. À l’heure où pleuvent les blockbusters et dérivés de franchise sans début ni fin, dépassant sans y réfléchir les 2h20, voici que Disney+ sort de sa manche une petite série B d’à peine une heure et demie sans générique. Un film pas renversant, ni original, mais simple et direct, dont la violence inhabituelle pour la plateforme de Mickey s’explique par le fait que Sans Issue (No Exit, en VO) est à l’origine une production diffusée sur Hulu.

Familier, mais efficace

Sans Issue : quatre suspects dans le chalet

Le titre lui-même n’est pas une fausse piste : la jeune Darby (Havana Rose Liu, vue cette année dans The sky is everywhere sur AppleTV+), toxicomane récidiviste, croit avoir fait le plus dur en s’échappant de son centre de désintoxication pour se rendre au chevet de sa mère malade. Mais une tempête de neige s’en mêle et au beau milieu de la nuit, la police l’oblige à arrêter sa route et à se réfugier dans le chalet touristique du parc qu’elle traverse. À l’intérieur, seules quatre personnes attendent comme elle que le jour se lève. Un couple chaleureux, mais sur ses gardes, un jeune hispanique en train de dormir et un type louche aux cheveux gras. La fugitive Darby n’a aucun endroit où aller, pas de réseau et une révélation plus grave encore va pourrir sa nuit : dans la camionnette garée dehors, une adolescente bâillonnée l’appelle à l’aide. Mais à qui appartient le véhicule ?

« Une violence graphique douloureuse. »

Un chalet isolé et cinégénique, une nuit de cauchemar, une victime innocente et une héroïne en plein arc de rédemption : ces éléments suffisent au réalisateur Damien Power (qui s’était fait connaître avec le survival Killing Ground) pour nous tenir en haleine pendant les 90 minutes réglementaires, comme au bon vieux temps des années 90. Quel plaisir ludique de désigner du doigt les suspects potentiels, installé dans le même siège d’observateur actif que Darby ! Notons aussi cette manie d’empiler les twists dans un minimum de temps, en oubliant les aberrations logiques pour mieux surprendre le spectateur. La conséquence, c’est que Sans Issue doit composer avec ce côté familier, qui empêche n’importe quel cinéphile aguerri d’être vraiment surpris par ces rebondissements, à une ou deux exceptions près (l’un d’entre eux fait tellement peu sens qu’il était difficile de le prévoir). Le côté mécanique de ce huis clos nocturne empêche aussi les acteurs de développer au-delà des dialogues leurs personnages. Havana Rose Liu parvient cependant à nous faire aimer son personnage d’oiseau blessé, devant faire confiance à ses instincts dans une situation imprévue qui fait écho à ses propres démons – le passé de Darby reste trop allusif pour que cette dimension soit pleinement satisfaisante cependant.

Sans Issue se démarque enfin par une violence graphique douloureuse, un aspect peu étonnant quand aux vues du CV du metteur en scène, mais qui détonne dans le cadre d’une production Hulu / Disney.