Spontaneous : quand notre cœur fait boum
Une histoire d’amour entre ados, quoi de plus normal, mais au milieu d’une épidémie d’explosions d’élèves ? Un concept étrange au cœur de Spontaneous.
Décor on ne peut plus familier de l’imagerie américaine, ayant envahi depuis des décennies le monde de la fiction, le lycée et ses ados en pleine poussée d’hormones est un lieu idéal pour expérimenter avec les genres et les codes du cinéma. Avec les tons, aussi : en d’autres mains plus sérieuses, Spontaneous (évacuons d’emblée le titre VF du film, Adolescence explosive) aurait pu se révéler terrifiant, voire insoutenable. Mais Brian Duffield, réalisateur à qui l’on doit entre autres le scénario de The Babysitter, et qui adapte ici le roman éponyme d’Aaron Starmer, a choisi la voie de l’étrangeté romantique et potache pour dérouler son improbable histoire : celle d’une classe de lycée confrontée sans prévenir à une épidémie d’explosions spontanées. Pas d’attentats, non, mais bien d’élèves qui tout d’un coup, explosent dans une bulle de sang et d’os, en pleine classe, en voiture, dans les couloirs… Sans explication. De quoi traumatiser ces post-ados qui vont bientôt intéresser de près le gouvernement américain, sommé de trouver un remède à ce carnage.
Seulement, Duffield n’est pas tant intéressé par les origines ou l’explication de ces phénomènes, qu’à la façon dont ils génèrent un torrent d’émotions contraires chez les survivants, en particulier Mara (excellente Katherine Langford, héroïne de 13 reasons why et Cursed), ado futée et blasée, qui découvre dans ces instants on ne peut plus anxiogènes son attirance pour un nerd adorable, Dylan (Charlie Plummer, Tout l’argent du monde), ce dernier ayant décidé de déclarer sa flamme avant qu’il ne soit trop tard…
Un déstabilisant mélange des genres
Il n’est pas interdit de trouver le concept radical de Spontaneous, qui malgré ses aspects presque cartoonesques n’élude pas le caractère traumatique des morts successives de ses personnages, transformés à leur corps défendant en bombes humaines, étrangement malvenu dans un pays où se multiplient les attaques à main armée dans les écoles. Plaquer dessus une histoire de teen movie typique, avec un couple adorable trouvant dans leur humour respectif et leur vision décalée de la vie matière à une romance touchante, est encore plus déstabilisant. Spontaneous trouve pourtant dans ce côté incorrect sa place, à cheval entre plusieurs genres a priori incompatibles, en sautant avec dextérité d’une scène drôle à une scène-choc, et inversement, sans jamais laisser de côté l’étude psychologique de son héroïne, secouée à raison par les événements, mais s’accrochant à la vie avec défiance. La qualité des acteurs, tous justes, est aussi pour beaucoup dans l’inattendue réussite de ce Spontaneous qui ne lésine pas sur les effets de style attendus dans ce genre de série B pimpante et colorée (en rouge). Et tant pis si l’épilogue en rajoute un peu trop dans le côté carpe diem. Ce n’est pas tous les jours que l’on croise de mignonnes histoires d’amour pour ados sur fond d’explosions à la Scanners.