The Babysitter : une créature (sataniste) de rêve

par | 17 octobre 2017

Quand McG, réalisateur de Charlie et ses Drôles de dames, se refait une santé sur Netflix, ça donne un slasher pour ados survolté et sexy, mais assez vain.

À une époque, pas si lointaine, McG était un nom qui rendait instantanément tout cinéphile irascible. Personnification du cinéma superficiel hollywoodien dès la sortie de Charlie et ses drôles de dames, le clippeur américain a imposé rapidement sa marque et son style dans les esprits. Mais à force d’enchaîner les contre-performances au box-office (Terminator : Renaissance, Target et l’insipide 3 Days to Kill chez Besson), sa côte de popularité a dégringolé encore plus vite. Plus actif ces derniers temps à la télé (McG est producteur exécutif des séries Chuck, Supernatural, Nikita et de l’affreux reboot de L’Arme Fatale), c’est donc sur Netflix que le réalisateur est venu se refaire une santé, avec une série B clairement destinée au public adolescent, au croisement entre plusieurs genres : The Babysitter.

<blockquote class="et-pullquote left quote"><!-- [et_pb_line_break_holder] --><p><span style="color:#ff7200"><span style="font-family: Yanone Kaffeesatz"> <span style="font-size: 30pt"><span style="line-height: 1.5em"><span style="letter-spacing: 2px">"Le film conserve quelques atouts qui le rendent digne d’une soirée popcorn."</span></span></span></span></span></p><!-- [et_pb_line_break_holder] --></blockquote>

Étonnamment proche dans son pitch de départ du récent Watch Out (qui avait fait la clôture du PIFFF et sera bientôt distribué en vidéo), The Babysitter évoque dans son premier quart d’heure tous ces films de teenagers qui malmènent et font perdurer les clichés en vigueur sur l’adolescence aux USA. Le héros, Cole (Judah Lewis), est un freluquet de 12 ans qui trimballe son angoisse perpétuelle avec peine, et subit les brimades de ses camarades avec un détachement quasi existentialiste. Sa seule lueur de soleil de la journée, c’est Bee (Samara Weaving), sa babysitter officielle, qui « garde » le jeune ado pendant les week-ends polissons de ses parents. Grande, blonde, cool, geek et incroyablement sexy, Bee est une créature de rêve et aussi l’une des seules amies de Cole, avec sa jeune voisine Melanie. Un soir, le garçon décide de rester éveillé pour voir si Bee invite vraiment ses propres amis à la maison. Et il n’est pas déçu du voyage : la bande en question est en fait… un groupe de satanistes, qui veut lui prendre son sang pour mener à bien un rituel démoniaque !

Nostalgie, horreur et hyperactivité

Clairement nostalgique, comme c’est la mode actuellement, des clichés, ambiances et attitudes propres au cinéma fantastique des années 80 (on est pas sur Netflix, producteur de Stranger Things, pour rien), The Babysitter a tout du film schizophrène, naviguant à mi-chemin entre l’ambiance horrifique rétro de House of the Devil et le délire absurde et bon enfant, tendance « débrouillardise et système D », de Maman j’ai raté l’avion. Bien conscient des clichés qu’il reprend à son compte avec un sourire en coin permanent (rien que la personnalité des « méchants » auxquels doit échapper Cole, du quaterback mégalo au « black survolté de service », est tout un programme), McG fait tout, vraiment tout, pour transcender un script cherchant le fun perpétuel mais qui vire souvent à l’autosatisfaction. On a ainsi droit pêle-mêle aux séquences en vue subjective, aux explosions de sang à gros bouillons, aux montages musicaux, aux freeze frames intempestifs, au name dropping en folie (Instagram, Black Lives Matter, Mad Men, tout y passe), aux expressions « lolesques » en surimpression, aux touches d’humour graveleux… Indubitablement, The Babysitter est un film qui semble terrifié à l’idée de provoquer l’ennui ou même un simple bâillement. D’où cette impression tenace d’assister à la récréation d’un enfant hyperactif, qui aurait regardé Detention en boucle et tenterait de guérir sans succès ses problèmes de déficit d’attention.

Le film, même s’il ne sait jamais quel ton adopter, conserve quelques atouts qui le rendent digne d’une soirée popcorn. Outre sa durée ramassée et une photo rutilante, qui nous plonge avec efficacité dans une réalité fantasmée et intemporelle, The Babysitter peut s’appuyer sur l’alchimie entre ses deux personnages principaux. Encore jeunot dans le métier, Judah Lewis se sort bien de son rôle d’ado pré-pubère passant par une période d’affirmation accéléré, tandis que la très expressive Samara Weaving, actrice australienne que l’on reverra bientôt dans Mayhem et Three Billboards, incarne une terrifiante et pourtant terriblement attachante babysitter manipulatrice. Presque un personnage à la John Hugues, perverti pour la bonne cause. C’est peut-être lorsque l’on suit les soirées innocentes et bon enfant de ces deux-là, avant que les codes attendus du slasher à domicile ne prennent tout l’espace, que The Babysitter marque le plus de points.