The Killer – Mission : save the girl : le John Wick du pauvre
Même s’il ne ment pas sur la marchandise, The Killer se révèle comme un film d’exploitation opportuniste et bourrin.
À l’évidence, The Killer – Mission : Save the girl (retitrage “français” du titre original… The Killer : a girl who deserves to die !) ne gagnera pas la palme de l’originalité pour son titre. Il est difficile de ne pas penser à John Woo en découvrant l’histoire d’un tueur à gages engagé dans une traque sans fin pour sauver une jeune fille, qui a réussi à percer sa carapace d’exécuteur sans pitié. C’était sans doute l’effet recherché par l’auteur du roman original Bang Jin-ho, mais cette parenté évidente (qui sera encore plus problématique quand sortira en fin d’année le nouveau film de David Fincher, The Killer) ne donne pas vraiment l’avantage au film de Choi Hae-joon. Généreux en action, son long-métrage s’apparente plus à un rip-off bourrin et mal dégrossi de John Wick, avec un zeste de The Man from nowhere, pas aidé par une tête d’affiche qui n’inspire ni la peur ni la sympathie.
Touche pas à cette fille (que je connais à peine)
Cette tête d’affiche, c’est Jang Hyuk, un acteur coréen qui s’est fait une spécialité de jouer dans les films d’action et d’aventure, comme Tomb of the River. Il retrouve ici Jae-hoon qui l’avait dirigé dans le film de sabre The Swordsman (encore un titre ruisselant d’originalité). Hyuk joue ici un proto-Keanu Reeves à mèche sapé pour occire, qui vit heureux en couple et cache bien son job d’assassin surdiplômé. Bang Ui-gang, c’est son nom, doit toutefois sortir de sa relative retraite quand il accepte de veiller en leur absence sur la fille adolescente d’une amie de son épouse. Bang n’est pas très babysitter dans l’âme mais quand l’ado en question, qui fréquente les mauvaises copines en soirée, finit par être kidnappée par des trafiquants d’esclaves sexuels, il se remet à faire ce qu’il sait faire le mieux : empiler les cadavres d’hommes de main pas très malins et faire le ménage avant que sa femme revienne.
« Les amateurs de bastons expéditives et de headshot en cascade ne devraient pas se sentir floués. »
Linéaire et bêta (ce qui ne l’empêche pas d’être assez lourdaud à suivre), le scénario de The Killer – Mission : save the girl n’est évidemment qu’un prétexte pour enchaîner en une grosse heure et demi le maximum de scènes d’action mettant en valeur un héros invincible et impassible. Choi Jae-hoon ne résiste d’ailleurs pas à commencer son film en flash-forward, histoire de donner un avant-goût de la brutalité à venir. De ce côté-là, les amateurs de bastons expéditives et de headshot en cascade ne devraient pas se sentir floués. Le réalisateur, sa star et les chorégraphes se montrent compétents pour injecter du dynamisme à leurs multiples règlements de compte. L’un d’entre eux, qui se joue dans un couloir où Bang fait un véritable massacre, évoque The Raid par son rythme crescendo. Malgré son petit budget (visible notamment dans la pauvreté de ses CGI), le film se montre généreux. Mais le résultat est loin des références qu’il convoque volontairement ou non. Avec sa BO de film d’exploitation pour fans de catch, sa misogynie larvée, ses facilités béantes de scénario et le jeu raide de poseur bas du front de Jang Hyuk, The Killer donne plutôt envie de revoir son cousin hong-kongais du même nom, à qui il ne manque pour sa part ni cœur émotionnel, ni acteurs charismatiques.