Top 10 : les meilleurs rôles de Tom Cruise

par | 12 août 2015

À 53 ans, Tom Cruise est plus populaire que jamais. La star de Mission : Impossible s’est construit une filmographie solide, mûre pour un top 10 !

Les succès mitigés de ses derniers films (qui n’ont fait « que » dépasser les 350 millions de dollars de recettes mondiales) ont réussi à faire croire que l’étoile de Tom Cruise, 53 ans et toutes ses interminables dents, commençait peut-être, un petit peu, à pâlir. Oblivion, Jack Reacher et surtout Edge of Tomorrow avaient pour ainsi dire déçu financièrement. Mais ça, c’était avant la sortie du cinquième opus des Mission : Impossible, Rogue Nation. Une valeur sûre pour l’acteur américain, qui a tout simplement connu avec le film de Christopher McQuarrie le meilleur démarrage de sa carrière. Qu’on se le dise, le Cruise show est loin d’être fini, et c’est tout à l’honneur du comédien lui-même, qui n’a jamais ménagé ses efforts pour impressionner son audience et mériter son statut.

Enfant de parents divorcés, élevé dans une famille nomade et très religieuse du Kentucky, Thomas Cruise Mapother IV aurait pu être prêtre, mais attrapa vite à la place le virus de l’art dramatique. La fortune sourit souvent aux audacieux, mais Cruise avait déjà un avantage sur ses congénères dès son plus jeune âge : un physique et surtout un sourire de playboy 100 % américain, le genre de mâle évanescent et enjôleur qui ne pouvait qu’attirer comme des abeilles les producteurs de Hollywood. Devenu star avant même ses 30 ans grâce à Top Gun, Tom Cruise n’aura depuis jamais quitté le haut de l’affiche. Il a tourné avec les plus grands, de Kubrick à Spielberg. S’il est tout aussi connu pour sa vie privée mouvementée, son show controversé chez Oprah Winphrey (le seul, mais le plus médiatisé incident de parcours de sa carrière, jusque-là protégée par sa partenaire Paula Wagner) et sa foi dans l’église de Scientologie, Tom Cruise fait partie de ces rares stars à l’ancienne encore capables, comme son ami Tom Hanks, de faire se déplacer les foules sur son seul nom – il ne partage d’ailleurs presque jamais l’affiche avec un autre acteur. Tout cela méritait bien un top 10, non ?

10. RISKY BUSINESS

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Quand il décroche le premier rôle de Risky Business au début des années 80 (et empoche son premier salaire digne de ce nom : 75 000 dollars !), Tom Cruise n’est encore qu’un inconnu ou presque. Comme d’autres comédiens, tel son vieil ami Emilio Estevez, Cruise court les auditions, mais a déjà tapé dans l’œil de plusieurs directeurs de casting après ses rôles dans Taps, avec Sean Penn, et Outsiders, où il a rencontré la crème des acteurs de sa génération. Comédie satirique légère et représentative de la décennie, figée dans le temps par la nostalgie des anciens ados ayant découvert, émoustillés, la mimi Rebecca de Mornay en plein trip hot avec l’éphèbe Tommy, Risky Business a survécu grâce à une poignée de moments cultes (le karaoké en chaussettes glissantes, parodié ad nauseam, la scène d’amour un peu kitsch) et au charme juvénile d’un Tom Cruise qui déjà occupait l’écran sans partage ou presque. Le terrain était préparé, après une pause anglaise avec Legend, pour le carton mondial d’un autre film typique de son époque, mais ayant moins bien vieilli : Top Gun

9. TONNERRE SOUS LES TROPIQUES

Top 10 : les meilleurs rôles de Tom CruiseJoker de luxe de l’extraordinairement drôle (et bête) Tropic Thunder, traduit un peu trop littéralement chez nous Tonnerre sous les tropiques, Tom Cruise a réussi l’exploit de pratiquement « voler » le film de Ben Stiller et sa clique (Robert Downey Jr, Jack Black, Danny McBride) en quelques scènes, dans un registre comique qu’on lui connaissait peu. Engoncé dans un maquillage ridicule et grossi artificiellement, il incarne le producteur Les Grossman. Un type mégalomaniaque et suprêmement vulgaire, à moitié chauve mais très poilu, qui gère de manière très particulière depuis ses bureaux le tournage chaotique d’un film de guerre à la Platoon. Complètement désinhibé par son maquillage, Cruise se déchaine comme jamais et envahit même le générique de fin avec des mouvements de danse obscènes et grotesques (qu’il aura l’occasion de reproduire sur scène aux côtés… de Beyoncé). Un rôle totalement farfelu – quoique – mais inoubliable, à tel point qu’il fut un temps question qu’un spin-off soit consacré uniquement à Grossman. Idée abandonnée, et c’est tant mieux.

8. MAGNOLIA

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Si l’on excepte le drame politique Lions et Agneaux, tourné sous la direction de Robert Redford, Tropic Thunder et ses rôles de jeunesse, Tom Cruise a pratiquement trôné toute sa carrière seul en tête d’affiche, son visage même constituant sur les posters l’argument commercial principal du film. Le film choral hyperbolique de Paul Thomas Anderson, Magnolia, est donc une étape d’autant plus exceptionnelle dans sa carrière, en ce qu’il se fond dans un ensemble global d’intrigues parallèles, et parce qu’il y interprète un personnage totalement détestable. Frank Mackey vit en effet de ses séminaires où il professe la toute puissance du mâle américain, qui doit « arrêter de s’excuser d’avoir des besoins ». Une star à sa manière, travaillée par les rapports complexes qu’il entretient avec son père, une ancienne vedette de la télévision. En donnant à voir les multiples facettes d’un homme foncièrement négatif, mais au bord d’une inévitable épiphanie émotionnelle, Tom Cruise se montre bouleversant, inattendu. Il récoltera pour sa peine son troisième Golden Globe, et une nouvelle nomination aux Oscars.

7. LA COULEUR DE L’ARGENT

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Dans un monde idéal, le classique mineur de Martin Scorsese qu’est La couleur de l’argent serait aussi, voire plus populaire que l’inexplicablement adoré Top Gun, un tract de propagande objectivement irregardable aujourd’hui à moins d’aimer les plans d’avions montés sur du rock FM. Cruise a tourné les deux films à la suite, comme pour se prouver qu’il n’allait pas être une vedette éphémère, un « poster boy » qui passerait vite de mode. Dans cette suite tardive de L’Arnaqueur, il a l’occasion de rencontrer son idole, Paul Newman, avec lequel il partage une passion pour les courses automobiles. Il y joue le proverbial jeune coq génial, pro du billard que le vieux « Fast » Eddie Nelson prend sous son aile, reconnaissant évidemment derrière le bagout du jeune homme un alter ego du passé. Immensément charmeur dans un rôle qui annonce celui, plus nuancé et complexe, de Charlie Babbitt dans Rain Man, Cruise se montre à la hauteur de la légende Newman, qui raflera avec ce come-back l’unique Oscar de sa carrière. Audacieux dans ses choix, Cruise définit avec ce rôle ses ambitions, celles qui définiront une carrière plus exigeante qu’il n’y paraît.

6. MINORITY REPORT

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Vieux serpent de mer d’Hollywood avant sa reprise en main par Steven Spielberg, Minority Report reste, quinze ans après sa sortie, un modèle d’adaptation d’un récit de science-fiction, en l’occurrence celui de Philip K. Dick. Film d’anticipation au sens premier du terme (les innovations prédites par le cinéaste dans son univers se basent sur la réalité technologique de l’époque, et se sont révélées prescientes à plusieurs niveaux), ce thriller paranoïaque, aux couleurs délavées, place Tom Cruise dans la position familière du héros en fuite, piégé par la technologie « Pré-Crime » dont il était l’un des principaux défenseurs. Cruise, esseulé, les yeux cernés, court beaucoup, y compris après son œil (sic). Il doit surtout lutter contre son propre avenir, manipulé à son insu, pour garder un semblant de contrôle sur sa vie. La fin du parcours est moins excitante que le parcours lui-même, mais Minority Report marque une première collaboration fructueuse entre la star et Spielberg, riche d’une noirceur inattendue et de scènes d’actions fulgurantes.

5. ENTRETIEN AVEC UN VAMPIRE

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Y a-t-il encore besoin de rappeler cette anecdote ? À l’origine, bien avant l’âge des Internets, Tom Cruise était l’un des choix de castings les plus critiqués des années 90. Lui, le gentil beau gosse spécialiste des rôles d’avocats et de tête brûlée, dans la peau du vampire pervers et amoral Lestat ? Personne, y compris l’auteur Anne Rice, n’y croyait. Mais Neil Jordan a tenu bon. Entretien avec un vampire, malgré son casting estampillé « jeunes filles en voie d’évanouissement » (Brad Pitt, Antonio Banderas, Christian Slater) et ses qualités plastiques, restera dans les mémoires comme une démonstration de force de la part de l’acteur. Sous sa perruque et ses canines proéminentes, Tom Cruise saisit toute la dangereuse séduction de l’immortel Lestat : le genre de méchant sans pitié auquel personne, homme comme femmes, ne saurait résister. Même lorsqu’il n’est pas à l’écran, l’ombre de son pouvoir plane sur les autres personnages, jusque dans la conclusion d’un récit à cheval sur plusieurs époques. Le plus invraisemblable dans tout cela, c’est que les producteurs de Lestat le Vampire, seconde adaptation bien plus foireuse des romans d’Anne Rice, n’aient jamais fait appel à Cruise – faute de budget, peut-être, mais de clairvoyance surtout.

4. MISSION : IMPOSSIBLE

Top 10 : les meilleurs rôles de Tom CruiseAu milieu des années 90, le producteur Tom Cruise décide qu’il est temps d’apposer à son nom une véritable franchise à grand spectacle. Une valeur refuge, en quelque sorte, qui ferait  sa fortune à coup sûr. Mission : Impossible sera sa créature : une série d’espionnage basée sur l’esprit d’équipe, que la star omniprésente va détourner à son avantage. Des cinq films tournés jusqu’à présent, par un réalisateur différent à chaque fois, l’opus de Brian de Palma est encore le moins Hunt-centré : le réalisateur et son scénariste David Koepp s’amusent visiblement beaucoup à exploser les codes originels (Jim Phelps est un traître !) pour actualiser l’univers des Mission : Impossible. De Palma en profite pour aligner des morceaux de bravoure invraisemblables mais toujours plus anthologiques, de l’effondrement d’un aquarium à Prague (incroyable moment de tension où le champ contrechamp se transforme en duel de contre-plongée) à la poursuite dans l’Eurotunnel ou le braquage kubrickien de la CIA. Manipulé mais plein de ressources, Ethan Hunt / Tom Cruise gagne ici ses galons d’espion d’élite, sans jamais avoir à tirer un seul coup de feu. Prends-en de la graine, James !

3. COLLATÉRAL

Top 10 : les meilleurs rôles de Tom CruiseIl y a bien sûr la coiffure : carrée, courte, couleur poivre et sel. Le costume aussi : gris, sur mesure. Et la posture générale : celle d’un oiseau de proie, impassible, vidé de toute humanité, sinon pour exprimer une certaine forme de psychopathie. En créant aux côtés de Michael Mann le personnage de Vincent, tueur à gages sans pitié venu remplir une série de contrats à Los Angeles, Tom Cruise a assurément marqué les esprits. Collatéral est l’un de ses rares rôles de bad guy intégral : un danger public qui parcourt les artères de la capitale californienne comme un charognard sans pitié, et qui s’amuse à tyranniser un chauffeur de taxi (Jamie Foxx) malchanceux. Le film a ses défauts, en particulier lorsque les invraisemblances s’enchaînent dans le dernier acte, mais Cruise y est mémorable, en particulier lorsqu’il laisse sous-entendre par ses gestes le passé de mercenaire de Vincent et le sentiment d’abandon qui caractérise le personnage.

2. EYES WIDE SHUT

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De Coppola à Spielberg, de Ridley Scott à Scorsese, c’est un fait : Tom Cruise à tourné avec les plus grands. Mais il est indéniablement l’un des seuls de sa génération à avoir aussi tourné sous la direction du plus rare d’entre eux, Stanley Kubrick, à l’occasion du mésestimé Eyes Wide Shut. Handicapé par un tournage surmédiatisé et interminable (15 mois !), l’œuvre testament du réalisateur de 2001 n’a fait que se bonifier avec le temps. Ses fameuses orgies sont toujours aussi kitsch, mais le film brille en particulier lorsqu’il scrute l’intimité d’un couple bien trop réel pour ne pas être dérangeant : Nicole Kidman, dont le corps trustait la bande-annonce, est fascinante, mais dans un rôle plus ingrat, et finalement plus central, Tom Cruise se montre tout aussi passionnant. Forcé à se surpasser par un cinéaste maniaque, il construit un personnage de mari délaissé et perdu dans ses obsessions, en délaissant tous ses tics de séduction. L’exercice n’est pas flatteur, vu qu’il est régulièrement suggéré que ce bon docteur Hartford est, dans plusieurs sens du terme, impuissant face aux pulsions de sa femme, mais Cruise l’acteur ressort d’autant plus grandi de l’exercice.

1. NÉ UN 4 JUILLET

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Avec tout le respect que l’on doit à Daniel Day-Lewis, récompensé cette année-là pour My left foot, le rôle de Ron Kovic est celui qui aurait dû apporter à Tom Cruise cet Oscar qu’il convoitait tant. Deuxième film de la « trilogie vietnamienne » d’Oliver Stone après PlatoonNé un 4 juillet offrait à l’acteur encore juvénile un rôle en or : l’histoire vraie d’un vétéran du Vietnam, paralysé des jambes suite à la guerre, passé du statut de patriote belliciste à celui de héros brisé, devenu porte-parole des pacifistes et des défenseurs des Droits de l’Homme dans les années 70. Un tour de montagnes russes dramatique parfaitement adapté au style épique et contestataire du Stone des années 80, et que le cinéaste sublime d’ailleurs par une ambiance étouffante, à la limite du film d’horreur (les scènes à l’hôpital) et du western apocalyptique (les scènes de guerre, brèves, mais rougeoyantes). Aux côtés de Willem Dafoe et Tom Berenger, incarnant des versions alternatives de leurs rôles dans Platoon, Cruise se perd littéralement sous la défroque de Kovic, un héros ambivalent qui cherche à donner coûte que coûte un sens à sa vie, quitte à la perdre. Le message est un peu l’inverse de celui de Top Gun : les mirages de l’héroïsme militaire ne sont rien comparés à la réalité des blessures que celui-ci inflige en retour, et cette leçon ne peut s’apprendre que dans la douleur. Sacré film, et sacrée performance pour un comédien qui à l’époque n’avait même pas 30 ans.