Troll 2 : une suite colossalement bof
La suite de Troll, succès monstre sur Netflix, s’avère décevante, malgré son ancrage nordique rafraîchissant et la multiplication de ses créatures.
Si elle a mis trois ans à arriver sur nos petits écrans, l’existence de Troll 2 était une certitude dès la fin du premier mois de diffusion de l’original sur Netflix. Seul film non anglophone à avoir dépassé les 100 millions de la plateforme – et donc logiquement le long-métrage étranger le plus vu de son histoire, assez loin devant le frenchy Sous la Seine – Troll a été un triomphe inattendu, même s’il surfait sur une vague identifiée de films de monstres géants (la franchise des Godzilla vs Kong, les Pacific Rim…). Réalisé par le Roland Emmerich norvégien Roar Uthaug (The Wave, Tomb Raider), Troll se démarque par son décor nordique, mais aussi par une caractérisation de ses personnages plus attentive que chez le voisin hollywoodien, et son attachement aux mythes et légendes scandinaves. Troll 2, toujours réalisé par Uthaug, et qui fait revenir tout le casting, poursuit dès son générique animé dans cette même veine d’exploration du lore des mythiques Trolls et de leur affrontement avec les premiers rois chrétiens du Nord. C’est l’aspect le plus intéressant d’une suite qui échoue par ailleurs à reproduire la recette gagnante de 2022.
Coup de froid sur les mythes scandinaves
Dès son affiche, Troll 2 en appelle à nos instincts primaires, en promettant non pas un, mais deux trolls, appelés à se taper dessus dans une métropole norvégienne aux couleurs hivernales. Deux titans velus et rocailleux, et deux faces d’une même famille disparue, projetés dans notre époque contemporaine guère habituée à voir prendre vie le folklore de notre enfance. C’est dans un monde déjà au fait à leur existence que se déroule le film – une idée peu exploitée -, qui prend très, très gentiment son temps pour mettre son récit en route et reprendre le fil de l’existence de ses héros. La paléontologue Nora (Ine Marie Wilman) et le conseiller politique geek Andreas (Kim Falck, énervant à force de surjouer toutes ses répliques « clin d’œil » aux classiques du cinéma fantastique) refont équipe quand ce dernier lui fait découvrir l’existence d’un « Mégatroll » caché derrière l’usine hydroélectrique de Vemork. Une comptine sifflotée par Nora suffit à réveiller le colosse, du genre aigri et cannibale. Après un carnage dans une station de sport d’hiver – peut-être la meilleure scène, spoilée dès la bande-annonce -, la petite troupe décide de réveiller un allié bien connu au fin fond d’une grotte dans le massif de Dovres…
« Uthaug préférer garder toutes ses cartouches pour un final à mi-chemin entre feu d’artifice et combat de catch. »
Comme à son habitude, Roar Uthaug est à son aise pour reproduire, dans un contexte plus ramassé, les codes du divertissement à l’américaine, option aventure échevelée. Troll 2 a souvent des allures d’Indiana Jones light plutôt que d’un opéra de destruction massive. Car c’est la surprise déconcertante de cette suite : le film s’avère peu généreux en matière… de trolls. Le deuxième acte est presque intégralement dédié à la quête de Nora et ses amis partis sur les traces d’un roi mythique, Olaf, et de sa sépulture. Une sous-intrigue qui culmine dans une découverte souterraine qui nous ramènerait presque à l’époque de La dernière croisade. Et les trolls dans tout ça ? Ils marchent lentement à travers des paysages honnêtement majestueux (belle pub pour l’office de tourisme norvégien), en grognant et en tapant sur toutes les maisons qu’ils croisent. Uthaug préférer garder (littéralement) toutes ses cartouches pour un final à mi-chemin entre feu d’artifice et combat de catch.
C’est spectaculaire, ça se veut émouvant, mais c’est surtout un climax boiteux qui vient clore un film incroyablement ronronnant et attentiste, laissant un goût de trop peu là où le premier Troll se montrait échevelé et inventif. Bien sûr, le réalisateur, les producteurs et, on l’imagine, Netflix ne voudront pas en rester là – on a droit à une séquence de mi-générique pas très subtile pour le souligner. Mais pas sûr que la recette fonctionne longtemps après cette nouvelle aventure, tout compte fait anecdotique.
