Un 22 juillet : la tragédie norvégienne de Paul Greengrass
Paul Greengrass, réalisateur de Jason Bourne, est de retour avec un drame, Un 22 juillet, consacré aux attentats d’Utoya qui ont traumatisé la Norvège. Bande-annonce.
À l’instar du Roma d’’Alfonso Cuaron et de La Ballade de Buster Scruggs des frères Coen, Un 22 juillet fait partie de ces projets prestigieux chapeautés et financés par Netflix qui se sont retrouvés en sélection officielle au Festival de Venise. Au moment où le film est présenté en Italie, le portail SVOD a dévoilé les premières images de ce projet remuant et parfaitement dans la veine « réaliste » du cinéaste britannique, qui retrace la tragédie d’Utøya, une île sur laquelle 77 jeunes furent assassinés, en 2011, par le terroriste néo-nazi Anders Behring Breivik, alors qu’une voiture explosait dans le même temps à Oslo. Une tuerie insensée et horrible dont les échos continuent de se faire ressentir aujourd’hui en Norvège, où l’emprisonnement de Breivik fait régulièrement la une des médias.
Au-delà de l’horreur
Au-delà de sa fructueuse collaboration avec Matt Damon (sur trois épisodes de Jason Bourne et Green Zone), et de sa fréquente utilisation de la shaky cam, Greengrass est surtout connu pour son appétit pour les histoires vraies et sa science de la reconstitution in vivo d’événements dramatiques. Bloody Sunday, Vol 93, Capitaine Phillips constituent autant de recréations, saisissantes de précision, de tragédies qui ont capturé l’inconscient collectif. Et Un 22 juillet ne semble pas échapper à la règle, même si le film, contrairement au projet « concurrent » Utoya 22 juillet d’Erik Poppe (qui sera présenté à l’Étrange Festival) ne s’attarde pas uniquement sur la journée en question et son insupportable compte à rebours morbide. Greengrass s’est appuyé sur le livre d’Åsne Seierstad, One of Us, qui s’attache tout autant à ces moments de terreur, qu’à leurs conséquences sur la vie des survivants et au procès de Breivik. Un 22 juillet traitera aussi de la réaction du gouvernement, représenté par son premier ministre de l’époque Jens Stoltenberg, après ces événements d’une ampleur criminelle telle que le pays n’en avait jamais connue.
Au générique de cette production américano-norvégienne, on retrouvera logiquement un casting du cru, emmené par Anders Danielsen Lie (Oslo 31 août, La nuit a dévoré le monde) dans le rôle pas vraiment aisé de Breivik et le jeunot Jonas Strand Gravli dans celui de Viljar, un survivant qui cherche à tout prix à ne pas perdre la raison face à son bourreau.
Fait étonnant et quelque peu dommageable, tous les personnages parlent anglais malgré leur nationalité clairement établie. Une entrave au « réalisme » de taille, qui espérons n’entamera pas trop la portée de ce 22 juillet, prévu pour une sortie le 10 octobre sur Netflix et dans une poignée de salles à travers le monde (sauf en France, bien évidemment).