Zack Snyder’s Justice League : marathon superhéroïque en approche
Attendu le 18 mars (sauf chez nous), le Snyder Cut de Justice League permettra peut-être de réhabiliter le pire film de superhéros des années 2010. Trailer !
Si l’on en croit le récent article paru sur Vanity Fair, la sortie mondiale sur HBO Max le 18 mars – sauf en Chine, au Japon et en France, où il faudra attendre… le 22 avril – du « Snyder Cut » de Justice League ressemblera à une page qui se tourne pour son réalisateur. Quatre ans déjà que le blockbuster superhéroïque de Warner/DC Comics lui a échappé des mains, alors qu’il mettait en boîte ce qui devait être le pinacle médiatique (et financier) de l’univers comic book du DCU après un Batman v Superman qui avait pour le moins divisé. Cette année-là, perdre le contrôle d’un film n’était pourtant pas le pire drame de la vie de Snyder et de sa femme Deborah, productrice à ses côtés. En 2017, Snyder n’avait surtout plus de la force de se battre sur un plateau contre des exécutifs désireux de rendre son long-métrage plus jovial, plus potache : sa fille de 20 ans venait de se suicider après un long combat contre la dépression.
Comme le révèle Vanity Fair, le choix de se retirer du projet a permis à Warner de poster pour de bon Joss Whedon, alors en discussion pour réaliser un Catwoman, aux manettes du film, qu’il retourna a priori à 70 %. Le résultat, sorti fin 2017 sur les écrans, on le connaît : hideux, plat, stupide et, ah oui, HIDEUX à s’en crever les yeux, Justice League a rejoint Spawn et Catwoman sur le podium des pires films de superhéros jamais imprimés sur celluloïd. Un cauchemar tel que les producteurs Deborah Snyder et Christopher Nolan conseillèrent à Zack Snyder de ne jamais visionner ce carnage pour conserver sa santé mentale – ce qu’il fit.
Un montage alternatif à 70 millions de dollars
Depuis, la famille Snyder a pris le temps de faire son deuil, et de se remettre au travail sur un nouveau projet, Army of the Dead (sortie ce 21 mai sur Netflix) conçu pour être le point de départ d’une franchise multimédia, avec série et préquelle animée au programme. Surtout, le « cut » de quatre heures et quelques de « son » Justice League, conservé sur son ordinateur pendant des années en noir & blanc et dénué de VFX finalisés, a connu un étonnant destin : le hashtag #ReleaseTheSnyderCut, lancé sur Twitter dès les premières rumeurs de l’existence d’un montage alternatif, a lentement mais sûrement embrasé les réseaux sociaux, les fans hardcore payant des avions publicitaires pour survoler les studios Warner ou des affichages sur Broadway pour faire passer leur message. Snyder lui-même a entretenu la flamme à coups de captures d’écran et de messages sibyllins, jusqu’à ce que son casting, de Ben Affleck à Gal Gadot, se joigne à la campagne. Le forcing aurait pu durer jusqu’à la fin des temps, si le studio n’avait pas flairé la bonne affaire : sa plateforme HBO Max venait de se lancer aux USA face au mastodonte Netflix, et Warner avait besoin de contenu exclusif et prestigieux, rapidement. La réputation virale du « Snyder Cut » de Justice League étant déjà à son pic, c’est tout naturellement, et cyniquement, que la major a accepté de fournir 70 millions de dollars (!) au cinéaste pour compléter les effets spéciaux, tourner quelques scènes additionnelles (quatre minutes tout au plus) et transformer son fameux montage primitif en un imposant film d’une déraisonnable durée de 240 minutes.
« Zack Snyder a eu carte blanche et en a visiblement profité. »
Zack Snyder’s Justice League sera donc bien une version alternative, sans continuité logique avec le DCU actuel, du film de Whedon (qui a depuis été accusé de comportements déplacés sur le tournage par ses acteurs). Un montage éminemment personnel pour Snyder, qui a eu carte blanche et en a visiblement profité : outre sa durée et sa colorimétrie volontairement sombre et délavée (appréciable ou pas, c’est du 100 % Snyder au moins), le film sera proposé au format 4 :3, idéal pour les salles Imax, mais très curieux pour une diffusion sur petit écran. En gros, ne vous étonnez pas si vous ne pouvez pas enlever les bandes noires sur les côtés : c’est voulu ! Les designs des grands méchants de l’histoire, comme Steppenwolf, ont été retravaillés, des pans entiers d’intrigues ont été réincorporés, de la « Black Suit » de Superman à la romance de Flash, et Jared Leto a même repris son rôle de Joker dans Suicide Squad pour les besoins d’une confrontation avec Batman dans le fameux « Knightmare » du justicier masqué – une scène parmi les plus confuses de la version Whedon. Snyder et ses producteurs, heureux protagonistes d’un revirement artistique comme on en croise rarement dans l’histoire du 7e art, teasent même l’apparition d’un personnage « iconique » à la fin du long-métrage, histoire de faire monter encore la pression avant la diffusion sur HBO Max. En France, on en est encore rendu à attendre l’annonce de la chaîne, ou de la plate-forme, sur laquelle le Snyder Cut sera disponible. Après tout, les fans ont attendu quatre ans que le miracle se produise, ils peuvent bien patienter encore un peu !