Une bonne partie du public français n’a sans doute découvert l’univers de Mamoru Hosoda qu’à l’occasion de la sortie des Enfants loups en 2012. Un film d’animation élégiaque, complexe, sentimental sans être mièvre, et surtout d’une beauté stupéfiante : une vraie réussite qui a amené beaucoup d’observateurs, nous y compris, à voir dans le réalisateur japonais le successeur tout désigné de Hayao Miyazaki. La parenté avec le maestro du studio Ghibli est d’autant plus tentante que Hosoda avait failli signer la réalisation du Château ambulant avant de claquer la porte de la société et d’aller signer chez le concurrent Madhouse les très remarqués La traversée du temps (2006) et Summer Wars (2009). Pour les besoins des Enfants Loups, il a créé son propre studio, Chizu, et le succès du film (notamment en France, avec plus de 160 000 entrées) lui a permis d’enchaîner sur un nouveau projet qui s’est fait pas mal attendre.
En 2015, l’attente prend fin : The Boy and the Beast (Bakemono No Ko), que Hosoda écrit et réalise, sortira sur les écrans de l’archipel le 11 juillet prochain, et en France le 23. La bonne nouvelle, c’est que le film, distribué sur ses terres par la Toho, est co-produit par Gaumont, qui prévoit donc de mettre le paquet sur la distribution du film au moment des fêtes, pour, pourquoi pas, s’approcher du succès d’un Voyage de Chihiro (qui avait dépassé, ce qui est presque impensable aujourd’hui pour un film japonais, le million d’entrées France). Considérant le talent immense du principal concerné, et la ressemblance thématique entre les deux films, une telle reconnaissance ne serait que justice.
La grande aventure !
Comme le titre et les visuels le laissent clairement entendre, The Boy and the Beast a pour principal protagoniste un jeune garçon, Kyuta, abandonné par sa famille et livré à lui-même au cœur du quartier chaud de Shibuya. Il découvre bientôt sans le vouloir un monde parallèle, Shibutenmachi, une société de monstres dont fait partie Kumatetsu. Ce dernier est une sorte d’ours intimidant maniant le sabre avec une dextérité qui impressionne l’enfant. Ce dernier va alors devenir son disciple et vivre une aventure sans équivalent…
Lors du dernier Showeb parisien, Gaumont a d’une part révélé la date de sortie française du film (une semaine après l’Épisode VII, pour situer le niveau du pari de Gaumont) et donné à voir un petit reportage montrant le réalisateur au travail dans ses studios. Après un premier court, mais réjouissant teaser, la nouvelle bande-annonce permet de contempler enfin les mondes créés par Hosoda et son équipe pour les besoins du film. Incroyablement détaillé, débordant de couleurs, immédiatement attachant, l’univers de The Boy and the Beast donne illico envie de s’expatrier avec Kyuta dans ce monde certes dangereux, mais ô combien surprenant.
Un cousin lointain de Chihiro ?
Tout comme les Enfants Loups, il s’agit d’une histoire d’apprentissage, où les thèmes de la filiation, de la compréhension de l’autre, de la découverte (mêlée de crainte) de ses propres capacités et de ses propres limites, ont une importance capitale. Le fait que Hosoda s’appuie à nouveau sur des figures anthropomorphistes animales pour explorer ces thématiques renforce d’autant le lien avec sa filmographie existante, et avec Chihiro, qui se présente également comme une aventure initiatique à l’animisme bouillonnant. Si le cinéaste, qui progresse de film en film, poursuit sur la même lancée que ses précédentes œuvres, The Boy and the Beast pourrait être un véritable chef-d’œuvre du genre, et le nouveau trailer donne en tout cas toutes les raisons d’y croire.
Il conviendra donc de guetter les premiers retours critiques en provenance du Japon cet été. Le film de Hosoda, qui n’a certes pas encore la même aura que ses aînés dans son pays, pourrait créer la surprise ; il pourra s’appuyer entre autres sur un casting vocal solide, avec dans le rôle-clé de Kumatetsu, Koji Yakusho (13 Assassins, The world of Kanako), vedette bien connue des Japonais, et dans le double rôle (enfant puis adolescent) de Kyuta, le duo Aoi Miyazaki (Les enfants loups) / Shota Sometani (Tokyo Tribe). Espérons dans tous les cas que Gaumont ne changera pas ses projets concernant la sortie française : décembre paraît déjà tellement loin…