C’est un fait, avec l’annonce de la mise en chantier d’une série Halo, on ne saura sans doute jamais à quoi devait ressembler l’adaptation du jeu vidéo mise en chantier par Neill Blomkamp dans les années 2000. Un projet avorté mais dont les designs futuristes avaient toutefois été en partie recyclés pour nourrir le prédécesseur d’Elysium, l’incroyable District 9, version longue du moyen-métrage Alive in Joburg, dont la maîtrise visuelle, l’inventivité formelle, et la féroce indépendance avaient pris tout le monde par surprise. [quote_right] »Un véritable space-opera cyberpunk, rempli de batailles spatiales, de robots et de guerriers aux dégaines de cyborgs. »[/quote_right]Le parrainage de Peter Jackson, et par là même des magiciens de Weta Digital (qui avaient permis de tirer le meilleur d’un budget de 35 millions de dollars dérisoire vu l’ambition du script), passait presque au second plan : en un film, le pubard surdoué et spécialiste des animations 3D sur des shows tels que Stargate SG-1, créait un univers, une patte reconnaissable entre mille, sorte de version cyberpunk et incorrecte de James Cameron, doublée d’une fascination enfantine et contagieuse pour les armes improbables.

Un space-opera avec une conscience

Elysium : à la conquête de l’espace

Quelle suite donner à ce coup d’éclat ? Un District 9 dopé à la testostérone, étonnamment, puisque entre-temps, malgré les sollicitations de Hollywood qui n’ont pas tardé à tomber, Blomkamp a préféré écrire à nouveau le scénario de son nouveau film, Elysium, situé dans la droite lignée thématique du précédent. Cette fois, l’histoire dans un futur assez lointain, en 2159, alors que la proverbiale lutte des classes a atteint une dimension intergalactique : les pauvres, reclus sur Terre dans des villes en ruines qui ne sont pas sans évoquer les ghettos de District 9, ne peuvent que regarder le ciel en espérant un jour atteindre Elysium, station orbitale où les riches vivent reclus et surarmés, empêchant quiconque d’atterrir sur leur Eden végétalisé. Max de Costa (un Matt Damon chauve et bodybuildé) va pourtant tenter l’impossible, par amour et par désespoir, armé d’une ébauche d’exo-squelette et de toute arme lui tombant sous la main. La guerre des classes va mériter son nom, avec fracas.

 

Avec une carte de visite prestigieuse sous le bras, Blomkamp n’a eu aucun mal à convaincre des producteurs (en l’occurrence Sony) de lui confier les clés de la banque pour un tournage placé sous le sceau du secret au Canada. Le budget de 110 millions de dollars n’est ici pas de trop pour mettre sur pied un véritable space-opera cyberpunk, rempli de batailles spatiales, de robots et de guerriers aux dégaines de cyborgs, mais aussi de questionnements sociaux très actuels, qui connaissant le réalisateur, ne risquent pas d’être bradés au profit du spectacle pyrotechnique.

Cultiver sa singularité

Elysium : à la conquête de l’espace

Et pourtant, la deuxième bande-annonce, qui excède les trois minutes (durée bien trop longue qui explique que les 40 premières secondes ressemblent plus à un extrait en bonne et due forme du film), ne craint apparemment pas l’emphase spectaculaire, avec son sound-design martial et son lent crescendo dramatique, qui spoile sans doute malheureusement dans le processus une bonne partie du scénario – on vous conseille d’ailleurs de zapper toute la première minute de la chose. Le cinéma de Blomkamp semble prendre une dimension encore plus impressionnante de maturité avec Elysium, qui malgré son côté faussement artisanal, en remontre une fois encore aux productions plus cossues de l’été, tout en cultivant des références singulières (Silent Running, Mad Max, Battlestar Galactica, Blade Runner et tout un pan du jeu vidéo où Blomkamp puise les principes d’implants technologiques et d’armements de plus en plus dévastateurs). Le spectacle promis s’annonce, comme le disent les Américains, carrément huge, amplifié émotionnellement par la dimension sacrificielle du héros incarné par Damon, mutilé et « modifié » pour la bonne cause. À ses côtés, on retrouvera Jodie Foster (dans son dernier rôle ?), l’acteur fétiche du cinéaste Sharlto Copley, Alice Braga (Repo Men), mais aussi Wagner Moura (Troupes d’élite), soit un casting solide et là aussi éloigné des canons habituels.

 

Le film sortira le 14 août prochain en France, et on compte déjà les jours avec la bave aux lèvres.