On ne va pas revenir ici sur le passé, l’héritage et les dernières années plutôt tumultueuses du studio Ghibli. Connue dans le monde entier, la maison-mère de Totoro, Chihiro, Mononoké et tant d’autres icônes de l’animation, s’est mise en veilleuse après la sortie quasi-simultanée du Vent se lève et du Conte de la princesse Kaguya, puis de l’ultime livraison Souvenirs de Marnie, un semi-échec commercial. La relève n’est pas assurée après l’annonce de la retraite des pères fondateurs du studio (Toshio Suzuki, Isao Takahata, et Hayao Miyazaki… qui du coup se verrait bien rompre sa promesse avec un nouveau baroud d’honneur). Pire, la situation financière de la société n’étant pas au beau fixe, la mise en chantier de nouveaux projets animés à l’ancienne, à la production plus longue et coûteuse, s’avérait compromise.
L’animation japonaise ne se résume bien évidemment pas au logo de Totoro, mais le poids culturel de Ghibli demeure écrasant, et la marque est adorée au-delà des frontières du pays. Les fans ont donc guetté comme il se doit des signes d’activité. Il y a bien eu la participation du studio au magnifique La Tortue Rouge (Takahata y est crédité notamment comme superviseur artistique), l’annonce d’une suite sur PS4 au jeu Ni no kuni ou la série TV en 26 épisodes Ronya fille de brigand, dirigée par Goro Miyazaki (La colline aux coquelicots), mais en réalité surtout réalisée au sein du studio Polygon… en 3D et par ordinateur. Côté long-métrage maison, c’est le calme plat. Et cela risque sans doute le rester. (ndlr : Finalement, Miyazaki lui-même nous a contredit récemment : le réalisateur est re-ressorti de sa retraite pour les besoins de son nouveau long-métrage !)
Retour chez les sorcières
En effet, depuis 2014, plusieurs piliers de Ghibli dernière époque, en particulier le producteur Yoshiaki Nishimura (qui avait débuté avec Le conte de la princesse Kaguya) et le réalisateur Hiromasa Yonebayashi, ont quitté le navire pour aller fonder une nouvelle entreprise : le studio Ponoc (du mot croate signifiant « minuit », donc le départ d’une nouvelle journée). L’équipe derrière Souvenirs de Marnie, composée d’autres anciens comme le superviseur de l’animation Yoshiyuki Momose, le compositeur Takatsugu Muramatsu et le scénariste Riko Sakaguchi, a planché après quelques publicités sur un vrai long-métrage. Son titre : Mary et la fleur de la sorcière, tiré du livre inédit en France de la romancière britannique Mary Stewart, « The Little Broomstick ».
[quote_right] »Ces aventures n’excluront pas une certaine noirceur. »[/quote_right] Comme son titre l’indique, et comme les premières images révélées aujourd’hui sur le compte Twitter du studio le révèlent, Mary… sera une histoire de sorcière, qui ne peut que rappeler la célèbre Kiki, vu qu’elle s’envole régulièrement sur son balai et a pour compagnon un petit chat noir. Dans le roman de Mary Stewart, la jeune fille découvre les rudiments de la sorcellerie dans une école mystérieuse, où les traitements réservés aux animaux seraient loin de plaire à Harry Potter. Elle va dans la foulée vivre de grandes aventures, qui à en juger par ce bref premier teaser, n’excluront pas une certaine noirceur.
Une chose est sûre : l’héritage des années Ghibli déborde de chaque photogramme de ce Mary et la fleur de la sorcière. La ligne claire sublimant l’interaction entre les personnages et l’arrière-plan, l’influence prégnante de la littérature anglo-saxonne mélangée aux mythes intemporels de la culture nippone, l’héroïne indépendante et immédiatement engageante, la présence de monstres aux formes mouvantes et fantastiques… Il serait curieux de savoir maintenant ce que l’omniprésent Miyazaki-san pense de cette relève partie construire sa propre légende. Le film, lui, est annoncé sans plus de précision pour 2017. Vivement !
MAJ : le long-métrage sortira finalement le 21 février 2018, distribué par Diaphana Films.
Bande-annonce teaser VF
Teaser VO (anglais / japonais)