Sweet Virginia : un petit polar sans relief
Jon « The Punisher » Bernthal débarque en Alaska au milieu d’une très banale histoire de meurtres dans Sweet Virginia, polar psychologisant avare en surprises.
Labellisé « l’un des thrillers de l’année » par le très sérieux Variety, Sweet Virginia est pourtant une déception de taille. Basé sur une trame classique (un tueur à gages exécute un contrat dans une petite ville, et sème le chaos lorsqu’il tarde à être payé), qui exhale le parfum de titres coeniens aussi vénérés que Fargo ou No country for old men, le deuxième film de Jamie M. Dagg (River) a été tourné pour l’anecdote dans la même bourgade que Rambo. Ce petit coin d’Alaska fournit un contrepoint grandiose et sauvage au jeu de dupes qui s’établit entre les personnages principaux : d’un côté le jeune tueur déséquilibré qui parvient à peine à contenir sa rage et ses fêlures (Christopher Abbott, pas très subtil), de l’autre un ancien champion de rodéo devenu tenancier d’hôtel (Jon Bernthal, dans un rôle finalement pas si éloigné de The Walking Dead). Sans rien connaître des intentions du premier, le second lie avec lui une étrange amitié, autour de leurs souvenirs communs de la Virginie.
Noir c’est (trop) noir
Catapulté un temps sur la « Black List » des meilleurs scripts non tournés, le scénario de Sweet Virginia prend son temps pour explorer la psychologie et les affects de protagonistes qui ont tous quelque chose à perdre, à cacher ou à se reprocher, y compris les victimes de la séquence inaugurale. Pour un film noir, c’est un film noir ! Seul souci, l’intrigue est atrocement prévisible, et chaque rebondissement, même patiemment amené, perd de sa puissance tant il paraît immédiatement familier. Pour ne rien arranger, le film pâtit d’une photo exécrable, qui s’imagine sculpter des ténèbres façon Le Parrain, mais donne surtout l’impression de regarder un film où toutes les lumières ont été éteintes. C’est bien simple, pratiquement aucun plan de Sweet Virginia n’est éclairé de façon à montrer correctement le visage des acteurs. Qui doivent être bien ennuyés de voir leur travail ainsi confiné dans l’ombre…