Top 10 : les enfants de Die Hard

par | 27 février 2013

Preuve que Die Hard est bien une date du film d’action, de nombreux films depuis 1988 ont tenté de dupliquer sa formule miracle. Top 10 en vue !

Avant que l’héritage de Joel Silver, John McTiernan, Steven DeSouza et Jeb Stuart ne soit piétiné et violé sans ménagement par l’équipe de tâcherons responsables de Die Hard 5, Piège de Cristal, ou Die Hard tel qu’on l’appelle maintenant plus souvent, a longtemps fait figure de mètre-étalon du film d’action. Pas seulement à cause de la mise en scène prodigieuse de McT, de la photo métallique de Jan de Bont ou de la transformation de Bruce Willis en action star, mais aussi et avant tout à cause de son « high concept » imparable : un homme isolé et plein de ressources, qui ne peut s’échapper d’un lieu clos rempli de méchants terroristes. Unité de lieu et de personnages, suspense décuplé par un absurde rapport de forces… Le pitch situationniste inventé par Roderick Thorpe fait mouche dès son arrivée au cinéma, excitant d’une part les producteurs de la future saga (qui vont s’empresser de faire la même chose en plus bourrin avec 58 minutes pour vivre), mais aussi par le tout Hollywood.

Dans les années 90, petites et grosses productions vont réutiliser jusqu’à l’épuisement malléable à l’envie de Die Hard, obligeant bientôt les producteurs d’Une journée en enfer à trouver une nouvelle manière de mettre John McClane dans les embrouilles. Après tout, qu’y a-t-il de plus alléchant pour une star en manque de hits que d’être propulsé seul en tête d’affiche dans le rôle de l’outsider utilisant ses méninges – ou ses muscles – pour dégommer un par un une bande de vilains ? Pas grand chose, et c’est pourquoi les enfants de Die Hard ont été si nombreux, et se repèrent, même aujourd’hui, encore facilement. Petit panaché des clones les plus fameux arrivés sur nos écrans, qui prennent tous leur héros-malgré-lui au piège… dans les environnements les plus variés qui soient.

PIÈGE… EN MONTAGNE : CLIFFHANGER (1993)

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De Cliffhanger, on se rappelle sa fabuleuse bande-annonce, montée sur du Mozart (et qui montrait un saut de l’ange de Stallone curieusement coupé au montage), ses paysages montagneux majestueux – un amalgame entre les Aples italiennes et le Colorado -, sa traumatisante scène d’ouverture… Ce qui saute moins aux yeux à première vue, c’est la manière dont le scénario, mis en images par Renny Harlin (tout juste sorti du succès de… Die Hard 2 !) suit à la trace le manuel du parfait petit McClane : une petite amie en détresse, des méchants à éliminer un par un (avec un mélange subtil d’ingéniosité et de pains dans la tronche), un cadre unique et hostile, un énorme butin à récupérer… ainsi qu’un grand méchant qui se donne des airs aristocratiques. Dans ce rôle typiquement over the top, John Lithgow, qui venait de tourner L’Esprit de Caïn avec De Palma, persévère dans l’onctuosité menaçante, face à un Stallone jamais meilleur que quand il joue l’outsider amené à se dépasser pour survivre.

PIÈGE… À ALCATRAZ : THE ROCK (1996)

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e meilleur film (c’est pas compliqué) de Michael Bay dévie un poil de la formule initiale en envoyant volontairement non pas un, mais deux héros, à l’intérieur d’un lieu hostile bourré d’otages et de d’ex-soldats, à savoir l’île-prison d’Alcatraz. Une fois rendus sur place, c’est un jeu du chat et de la souris qui exploite toutes les ressources de son décor, comme Die Hard, mais en plus frénétique, décérébré et second degré. L’idée de génie du casting, qui affiche une somme astronomique de seconds couteaux établis ou en devenir, est d’opposer la badassitude de Sean Connery au surjeu déjà perceptible de Nicolas Cage en McClane qui s’ignore. Le côté beauf de l’ensemble joue un peu en sa défaveur, mais le concept même du film lui assure une certaine pérennité, un peu ternie par la suite par la consternante saga des Mission : Alcatraz, avec des rappeurs et Steven Seagal.

PIÈGE… DANS UN BUS : SPEED (1994)

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Bon, ok, là c’est un peu de la triche. Speed, réalisé en 1994 par Jan de Bont, n’obéit pas vraiment à la structure de Die Hard premier du nom, mais annonce plutôt celle de Die Hard 3, qui sort l’année suivante. L’indestructible héros, Jack, est un décalque version tête brulée de John McClane, obligé de courir d’un bout à l’autre de Los Angeles pour sauver les innocents pris au piège par un maniaque de l’explosif. On retrouve par contre l’unité de lieu propre à la saga, puisque Jack doit successivement intervenir dans un ascenseur, un bus puis enfin une rame de métro. Modèle de tension, Speed n’a (quasiment) pas vieilli, sûrement parce qu’il apportait justement quelque chose de neuf à la formule de Piège de cristal. Ce qui n’est pas le cas du catastrophiquement nul Speed 2, qui n’avait de rapide que le titre…

PIÈGE… EN PLEIN VOL : PASSAGER 57 (1992)

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Lorsque Passager 57 arrive sur les écrans, Wesley Snipes n’est pas encore « l’action star » popularisée par les Blade et autres Soleil Levant. Le film est conçu comme un véhicule à sa gloire, et quoi de mieux à ce moment-là que de suivre à la lettre une recette qui a fait ses preuves ? Rendez-vous donc dans les airs, dans un avion détourné par des terroristes, qui n’ont pas prévu que l’agent de sécurité John Cutter ferait partie du vol. D’où bastons dans la soute, sur le tarmac et dans une, hum, fête foraine, assorties de punchlines immortelles (« Il faut toujours parier sur le noir ! ») et du cabotinage XXL de Bruce Payne. Le film sera un gros succès qui engendrera une flopée de séries B sur le même principe, d’Ultime Décision à Air Force One en passant, plus récemment, par le fauché Hijacked.

PIÈGE… HEM, EN HAUTE MER : PIÈGE EN HAUTE MER (1992)

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Les producteurs d’Une journée en enfer ont dû longtemps se mordre les doigts d’avoir laissé passer l’occasion de tourner une suite de Die Hard en pleine mer. La prise en otage d’un bateau devait être le pitch de départ pour un troisième opus jusqu’à ce que le script de Piège en haute mer ne leur coupe l’herbe sous le pied. Sous la houlette d’Andrew Davis (Le fugitif) cette production Warner Bros a connu un énorme et inattendu succès, faisant pour une courte période de Steven Seagal une star internationale. Le panda agile fait pourtant dans cet Under Siege la même chose qu’avant : tordre les bras et les cous de tous les méchants, les faire exploser ou les abattre sans le moindre changement d’expression faciale. L’originalité ici vient du décor (un cuirassé en pleine mer) exploité des canots jusqu’au poste de commande, des méchants (un mémorable duo de crapules Tommy Lee Jones / Gary Busey), du gâteau d’Erika Eleniak (sa meilleure prestation) et des péripéties agencées sans perdre de temps par Davis, qui connaissait déjà sa star pour l’avoir dirigée dans Nico – meilleur titre de film du monde. On évitera si possible de s’attarder sur la suite nanardesque de ce hit, Piège à grande vitesse, qui avait au moins le mérite d’explorer l’idée du train en otage au cinéma. C’était peut-être pas nécessaire, à la réflexion…

PIÈGE… SUR LA PATINOIRE : MORT SUBITE (1995)

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Malgré qu’il n’ait pas été produit au départ comme un véritable film d’action, mais une parodie, Mort Subite est devenu l’une des séries B les plus intéressantes de Van Damme (alors que l’acteur n’était pas non plus le premier choix des producteurs). Basiquement, c’est un Die Hard dans un stade : le héros a ici aussi des problèmes de famille, les terroristes qui prennent en otage le vice-président pendant un match de hockey oublient JCVD dans le vestiaire, le méchant (Powers Boothe) en fait des tonnes, et il y a aussi un hélicoptère qui se crashe… sur la glace, preuve qu’on a bien affaire à un rip-off consciencieux. Aux commandes de ce pur divertissement, qui bizarrement sera un échec en salles, Peter Hyams, qui retrouvait là JCVD après Timecop, assure une solide tenue visuelle au spectacle. Il emballe même un combat d’anthologie entre le pain belge et… la mascotte de l’équipe de Pittsburgh, qui est en fait un terroriste en costume de pingouin. Quand on vous dit que ça devait être une comédie…

PIÈGE… DE CRISTAL BIS : HIGH RISK (1995)

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Bienvenue à Hong-Kong. Là-bas, c’est un peu comme en Inde, le copyright est un concept un peu flou, et de toute manière, ils font quand même ce qu’ils veulent. La preuve, en 1995, Wong Jing, qui est un peu le Roger Corman local avec plus de thunes, décide de parodier/remaker/copier Piège de cristal et sa suite dans l’improbable High Risk. Les costumes, les personnages, les péripéties dans un building… Le réalisateur-producteur-scénariste pille consciencieusement son modèle, apportant seulement une variante au niveau des personnages : Jacky Cheung incarne un clone de Bruce Lee qui est en fait doublé dans tous ses films par son garde du corps, joué par Jet Li. Vous l’aurez donc deviné, en plus des fusillades et différentes explosions, High Risk ajoute en bonus du kung-fu, des cascades plus tarées (un hélicoptère traverse tout un étage), de la violence hardcore et des gags hystériques. C’est pas du grand art, mais en même temps, c’était pas le but. À noter que le film, longtemps inédit, a fini par sortir en France sous le titre Meltdown.

PIÈGE… AU LYCÉE : L’ÉCOLE DES HÉROS (1991)

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Tombé dans l’oubli depuis sa sortie, L’école des héros (Toy Soldiers en VO) fait sûrement partie des madeleines proustiennes sur lesquelles des générations de cinévores élevés au vidéo-club tentent parfois de mettre un nom. Comme son nom l’indique, L’école des héros pousse le bouchon du high concept un peu loin en se déroulant entièrement au sein… d’un lycée privé dont les élèves et professeurs sont tenus en otage par la mafia. Tous ? Non, bien sûr, car dans les couloirs se cachent quelques derniers de la classe menés par un Sean Astin post-Goonies et pré-Seigneur des anneaux. Signe qu’on est dans une pure série B des années 90, le proviseur dur à cuire est joué par Louis Gossett Jr. et le chef des méchants par Andrew « Wishmaster » Divoff. Forcément, tout cela est un peu stupide et désormais dépassé, mais la simple idée que des ados puissent jouer les McClane dans leur école a suffi à beaucoup de jeunes spectateurs imaginatifs pour garder ce Toy Soldiers dans un coin de leur mémoire.

PIÈGE… EN FORÊT : FIRESTORM (1998)

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Avatar tardif de Die Hard avec un gros soupçon de Cliffhanger, Firestorm a été conçu entièrement autour de sa star, Howie Long, complètement inconnu chez nous et pour cause : c’est une ancienne star du football américain. Howie, qui est un peu au ballon ovale ce que The Rock est au catch (une montagne), passe donc d’un rôle de second couteau dans Broken Arrow à la tête d’affiche de ce piège dans les bois, les otages étant ici encerclés… par un incendie (logique), et les terroristes remplacés par des taulards évadés menés par cette vieille ganache de William Forsythe. À Howdy Ho de les arrêter et d’éteindre le feu (enfin, essayer, en tout cas) en utilisant tous les attributs du bon pompier – une hache, un peu d’eau, et, euh, une force herculéenne. Proposant un spectacle roboratif mais assez impressionnant vu le budget, Firestorm, bien que sorti en salles aux USA, est le meilleur exemple de ce sous-genre maintenant destiné à la vidéo, où des vedettes de série B continuent vaillamment de piller sans trop d’ambition le concept imparable de Die Hard, avec ou sans moyens. Dolph Lundgren en particulier a longtemps creusé ce modeste sillon.

PIÈGE… EN HAUTES SPHÈRES : LOCK OUT (2012)

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Là, pour le coup, c’est un anachronisme total auquel nous avons droit avec Lock Out, bessonnerie sortie sans faire trop de bruits en 2012, mais qui paraît avoir été avoir réalisée en 1999 – y compris au niveau des effets spéciaux. Si le pitch de ce qui était au départ baptisé Piège en hautes sphères emprunte beaucoup à New York 1997, au final, c’est surtout Die Hard (et les dialogues de Shane Black) que Luc Besson pille avec une nostalgie teintée d’un gros paquet de cynisme. Bourré d’incohérences et de twists capillo-tractés, misogyne au possible, et farci de SFX honteux, Lock Out a toutefois tapé dans le mille avec son personnage principal, émule du Dernier Samaritain jouant aux McClane de l’espace, interprété avec délice par un Guy Pearce en roue libre, loin de son registre habituel. Pour ses bons mots et son bagout, on peut excuser le ratage de cette anomalie artistique, qui perpétue avec beaucoup de retard et sans génie le souvenir du classique de McT.