Nous sommes encore à un an de la sortie française de Batman v Superman : Dawn of Justice (titre officiel qui s’est fait longtemps attendre), et déjà beaucoup d’encre a coulé autour de la séquelle officielle de Man of Steel, toujours réalisée par le délicatement bourrin Zack Snyder. C’est que le blockbuster de Warner Bros, né des cendres du mythique projet Justice League de George Miller, nous promet d’associer sur grand écran, et pour la première fois, les deux plus grands super-héros de l’écurie DC comics. Voire de l’histoire des comics tout court. Batman, tout comme Superman, sont les personnages de BD parmi les plus représentés au cinéma. Si leurs rencontres sont fréquentes dans les pages des comics, leur association dans un seul et même film tient de la gageure.
[quote_center] »Un teaser rempli d’images sombres et dépressives, dans l’esprit du ton exagérément sérieux de la trilogie de Christopher Nolan. »[/quote_center]
Dans la lutte hollywoodienne qui oppose désormais ouvertement DC à la Marvel, Batman v Superman représente un pari de taille, au point que Warner a décalé la sortie du film pour ne pas avoir à faire face… à Captain America : Civil War. Le film de Snyder est parti pour être une sorte de contre-Avengers préparant une invasion massive de héros DC, que le studio rassemblerait ensuite au sein, forcément, de films Justice League. Cependant, l’histoire (The Amazing Spider-Man 2 en particulier) a montré que ce genre de plan à long terme ne fonctionne pas toujours.
Action, dépression !
Et donc, pour préparer le monde au choc entre le Kryptonien et le justicier masqué de Gotham, aperçu pour la dernière fois avec la tête de Christian Bale à la terrasse d’un café italien (vous avez revu The dark knight rises récemment ?), pour détourner aussi l’attention du public des succès de Marvel, Warner Bros a dégainé cette semaine la première bande-annonce du film, quelques jours seulement avant la sortie d’Avengers 2. Deux minutes à peine d’images qu’un internaute s’est empressé de leaker avec son téléphone portable, alors même qu’Internet n’avait que trois mots à la bouche (et ils étaient « Chewie, we’re home »). Bug de communication malencontreux, certes, mais qui ne doit pas faire oublier les promesses de la vidéo officielle (« pas floue, pas piratée » soulignait Zack Snyder sur son compte Twitter). Loin de l’ambiance de symphonie de destruction aux relents christiques de Man of Steel, ce premier teaser est rempli d’images sombres et dépressives, tout à fait dans l’esprit du ton exagérément sérieux de la trilogie de Christopher Nolan, cris menaçants scandés à l’unisson et voix off prophétiques (en particulier celles de Jeremy Irons, qui jouera Alfred, et Jesse Eisenberg, qui jouera Lex Luthor) à l’appui. Amis du fun et de la légèreté, au revoir !
Blague à part, il n’est pas innocent que cet épisode, qui introduira à l’écran la nouvelle itération de la chauve-souris incarnée par Ben Affleck (dont le menton passe super bien sous le masque de Bruce Wayne), adopte à ce point une atmosphère en clair-obscur, et présente Superman (Henry Cavill) traîné dans la boue par des Terriens aussi fascinés que méfiants. S’inspirant du Dark Knight Returns de Frank Miller, le scénario de Chris Terrio et David S. Goyer, devrait donc mettre face à face un Batman revanchard et équipé d’une armure spéciale (piquée à Iron Man ?) manipulée, si l’on en croit les rumeurs, par un Luthor aussi chauve que d’habitude, et un Superman contrarié, loin d’être aussi aimé par ses « pairs » qu’il le souhaiterait. Le trailer s’ouvre d’ailleurs sur l’image d’une stèle commémorant les victimes de la destruction de Metropolis, et d’une statue du Sup’ taguée d’un « Faux Dieu » révélateur. Parce que Snyder est toujours aussi subtil, une foule crie également hors-champ « Go home ! », avant que Ben Affleck, la voix modifiée robotiquement, n’assène un définitif : « Tu peux saigner ? Ça va bientôt être le cas ».
Quid de la Justice League ?
Il est déjà établi qu’une partie du casting de Man of Steel (Laurence Fishburne, Diane Lane et Amy Adams) fera son retour dans cet épisode, que nous verrons une nouvelle Batmobile (les premières images ne sont pas vraiment mémorables à ce niveau), et que sauf surprise de dernière minute, l’acolyte Robin ne sera pas présent dans l’histoire. Seule inconnue de taille pour l’instant, la façon dont Warner va réussir à intégrer, au forceps bien sûr, les apparitions de ses futures têtes de gondoles héroïques : quel rôle joueront Wonder Woman (jouée par l’Israélienne Gal Gadot) et Cyborg (incarné par Ray Fisher) dans cette histoire, et comment seront-ils intronisés dans cet univers déjà bien bipolaire ?
Plus curieuses encore, les apparitions programmées du reste de la ligue des justiciers, en particulier Aquaman (Jason Momoa, dont la tenue révélée récemment a suscité quelques commentaires gentiment moqueurs), et The Flash (Ezra Miller, pas le même Flash que dans la série télé, donc), seront-elles de simples caméos, ou bien Snyder garde-t-il ces précieuses cartouches pour plus tard ? Dans une industrie des gros budgets transformée en énorme serial à rallonge, où les films sont à la fois des grands spectacles ambitieux et des rampes de lancement pour les possibles spin-offs qui en découlent, il ne serait pas étonnant que Batman v Superman ressemble à un gros laboratoire expérimental pour WB. Espérons que ce ne soit pas au détriment de la cohérence interne d’un projet gardant pour l’heure intacte une partie de ses mystères…
La bande-annonce
MAJ : Trailer #3 VOST
Fini le mystère, place au (sur)déballage. Batman v Superman se dévoile dans toute son ampleur dans une bande-annonce qui ne se fait pas prier pour révéler tous les tenants et les aboutissants de l’histoire, au centre de laquelle se trouvent bien sûr nos deux super-héros (qui devraient passer plus de temps à être alliés qu’à se mettre des pains, malheureusement), mais aussi Wonder Woman, au centre des plans les plus iconiques du trailer, Lex Luthor et le grand méchant en chef, Doomsday, un super-vilain qui rappelez-vous, est celui qui tua pour de bon – mais provisoirement – le Superman de la BD dans les années 90.
Libre à chacun donc de se repaître de ce trailer qui fait déjà polémique pour son abus de révélations (et pour le look de son monstre maléfique), et qui nous permet surtout, personnellement, de se faire une idée du ton choisi par Snyder – moins dark que prévu, la Justice League n’est vraiment plus loin – et de ses choix chromatiques, parfois un peu… douteux, disons. Rendez-vous le 23 mars 2016 !