Depuis ce jeudi après-midi, la rédaction de Born to Watch a posé ses valises à Beaune pour découvrir la 8e édition de ce festival internationalement reconnu. Au programme, des longs-métrages venus de tous les continents, des équipes de films pointus et trois jurys issus du monde du cinéma, mais également, et c’est ce qui fait la spécificité de l’événement, de la police.
Pour cette première journée, nous revenons sur deux films présentés en compétition officielle ainsi qu’un long-métrage hors compétition. Nous voyageons tour à tour en Espagne, en Allemagne et en Norvège. To steal from a thief est un thriller espagnol brutal, mais qui ne réinvente pas la poudre. Fritz Bauer, un héros Allemand revient sur le travail d’un procureur dans l’Allemagne d’après-guerre qui a tenté de faire capturer et juger dans son pays un ancien criminel de guerre nazi. Enfin, pour achever cette journée, riche en découvertes, une bonne surprise nous vient, comme s’est souvent le cas, de la Norvège. Après Refroidis, l’année précédente, le festival a sélectionné Hevn (Revenge), une belle histoire de revanche, qui ne pâtit pas beaucoup de son petit air de déjà-vu.
To steal from a thief
Rien n’est plus adapté à un festival dédié au polar qu’un film de braquage. Et cette fois, ce sont les Espagnols qui s’y collent, avec Cien anos de perdon, alias To steal from a thief, nouveau film de Daniel Calparsoro (Invasion, The Chase) qui se paie en tête d’affiche l’omniprésent et toujours excellent Luis Tosar, Raul Aravelo (Ghost Graduation) ou encore Jose Coronado (The Body). L’histoire, qui se déroule à Valence, tourne autour d’un hold-up organisé avec précision et imagination par un gang d’anciens amis de prison, qui a tout prévu ce jour-là… sauf la pluie diluvienne qui vient gâcher leur plan d’évasion. La suite, c’est un jeu du chat et de la souris dans la banque où ils se retrouvent coincés : l’un des coffres renferme des secrets gênants pour le gouvernement… Sur le papier, comme à l’écran, To steal from a thief rappelle finalement beaucoup (trop) Inside Man, de Spike Lee, sauf que l’accent est mis sur les braqueurs plutôt que sur les négociateurs. La charge politique anti-système est bien vue, considérant la situation actuelle du pays, mais plutôt grossière, et la réalisation de Calparsoro est tout juste assez tape-à-l’œil pour nous faire oublier que cette opération-là, derrière ses pirouettes compliquées, est très attendue et sans grand mordant.
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To steal from a thief
De Daniel Calparsoro
2016 / Espagne / 98 minutes
Avec Luis Tosar, Raúl Arévalo, Rodrigo De la Serna
Sortie inconnue
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Fritz Bauer, un héros allemand
Un an à peine après Le labyrinthe du silence, un nouveau film allemand vient réveiller la mauvaise conscience du pays, en se penchant sur le combat des procureurs qui ont soulevé des montagnes dans l’après-guerre pour faire juger les criminels de guerre nazis. L’un des plus fameux héros de cette période est Fritz Bauer, et si le film du même nom n’est pas un biopic à proprement parler, il dresse un portrait en creux assez évocateur de cette figure nationale, à l’origine des procès d’Auschwitz. Après Gert Voss, qui incarnait l’homme aux cheveux blancs dans Le labyrinthe du silence, c’est ici le vétéran Burghart Klaußner (Le pont des espions, Good Bye Lenin) qui incarne le procureur avec un mélange de mauvaise humeur et d’indignation permanente concluant. Le scénario se concentre sur l’enquête qui amena à la capture d’Adolf Eichmann, l’organisateur de la « solution finale », après sa fuite en Argentine. Fritz Bauer, un héros allemand, se vit donc à la fois comme une leçon d’Histoire, un film d’espionnage basé avant tout sur les tractations et le double langage (comme le dernier Spielberg, en fait), et un plaidoyer pour le combat des minorités contre toute tyrannie. Un beau message, délivré malheureusement de manière parfois trop télévisuelle et prévisible pour être mémorable.
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Fritz Bauer, un héros allemand
De Lars Kraume
2016 / Allemagne / 111 minutes
Avec Burghart Klaußner, Ronald Zehrfeld, Lilith Stangenberg
Sortie le 13 avril 2016
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Revenge (Hevn)
Kjersti Steinsbø signe pour son premier film une histoire de vengeance très efficace. Siren Jørgensen (Lilyhammer) incarne Rebekka, qui débarque dans une petite ville au cœur des fjords norvégiens, sous une fausse identité. Elle approche Morten, le beau propriétaire d’un superbe hôtel, au bord d’une rivière, afin de lui extirper une terrible vérité. En chemin, elle rencontre Bimbo (Anders Baasmo Christiansen, Kon-Tiki, Refroidis), le barman de l’hôtel. Savant mélange entre Les Revenants (pour le paysage montagnard parce que l’actrice principale ressemble beaucoup à Clotilde Hesme dans la série) et la série Revenge, auquel il emprunte beaucoup d’effets de rebondissement (l’ancien ami qui voit ressurgir son passé, les mensonges et les manipulations). Cette « comtesse de Monte Cristo » des temps modernes impressionne tant par le côté majestueux, voire monumental, de son décor que par l’attrait et l’intensité de son intrigue. Nous regrettons toutefois la ressemblance, un peu trop appuyée, avec la série de la chaîne d’ABC.
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Revenge (Hevn)
De Kjersti G Steinsbø
2015 / Norvège / 104 minutes
Avec Siren Jørgensen, Trond Espen Seim, Anders Baasmo Christiansen
Date de sortie inconnue
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