Au septième jour, le Bifff a créé l’événement à l’aide d’une bonne vieille recette : un film de loup-garous venu d’Espagne, Lobos de Arga (Games of werewolves). Avant l’arrivée de ces boules de poils, cette journée de mi-parcours a déroulé le tapis, une fois n’est pas coutume, à Bollywood, avec son représentant le plus luxueux, Ra.One.

Superproduction au développement houleux (la pré-production du film a débuté en 2007, la sortie a été plusieurs fois repoussée pour peaufiner les effets spéciaux, et préparer une conversion en 3D qui n’a jamais eu lieu), Ra.One est le deuxième plus gros budget de tous les temps en Inde, derrière Endhiran. Comme ce dernier titre, présenté en septembre à l’Etrange Festival, Ra.One marque l’entrée de l’industrie indienne dans l’ère du blockbuster calibré non seulement pour son vaste public, mais aussi pour l’international. Rien n’est laissé au hasard, particulièrement l’histoire : celle de Ra.One, d’une simplicité quelque peu gênante pour un film de trois heures, mélange sans honte et crainte du copyright Terminator 2 et Programmé pour tuer, tout en pillant consciencieusement certains designs d’Iron Man (notamment le fameux cœur luisant de l’homme de fer). Les numéros de danse sont réduits – heureusement, vu qu’ils sont chantés avec la voix auto-tunée du rappeur Akon -, l’action se déroule en partie à Londres, et le film fait des appels du pied constants à son jeune public en situant dans son intrigue dans le monde du jeu vidéo. Moins incroyable et abouti qu’Endhiran, plutôt chiche en action (trois scènes en tout, dont un combat final décevant), Ra.One n’est pas l’Avatar indien qu’il aurait sans aucun doute voulu être. En état, le spectacle est en tout cas dépaysant : découvrir sur écran large la grandiloquence bon enfant des productions bollywoodiennes ne se refuse pas.

Le trailer :

One Way trip 3D a beau être produit par la même équipe que Dead in 3 Days, il ne réitère en aucun cas la réussite de ce slasher inédit en France. Faisons très vite : le film compile tous les clichés énervants du slasher bas du front, en plus d’avoir la désagréable idée de convertir en trois dimensions une histoire se déroulant quasi-entièrement de nuit et dépourvue d’effets jaillissants, excepté un œil expulsé par un couteau. On assiste à un jeu de massacre classique, qui tente d’être post-moderne en incluant dans les dialogues, façon Scream, le dénigrement de ces mêmes codes qu’il s’emploie pourtant à utiliser sans imagination. Au bout d’une heure et demi de déjà-vu (et de vannes incessantes d’un public en terrain connu), One Way Trip se termine avec un twist idiot, balancé sans autre forme de justification à une audience aussi hilare que consternée. Next !

Là, le trailer :

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La salle était bondée pour la première séance de la soirée, avant laquelle le jury de la compétition internationale, que préside Mick Garris (La nuit déchirée, Le fléau, et quantité d’adaptations télévisées de Stephen King), a été présenté. Raison de cette affluence ? Lobos de Arga est un film de loup-garous, pardi, et vu que le public bruxellois adore plus que tout hurler à la lune pendant les projections, le Bifff était un lieu tout indiqué pour y présenter cette production espagnole, introduite par son réalisateur, Juan Martinez Moreno, aussi réjouit qu’impressionné. Il n’a pas de quoi rougir en citant des classiques comme Hurlements ou Le loup-garou de Londres comme influences. Drôle, rythmé, se reposant à la fois sur un comique de situation visuel (il y a dans le film un chien cousin de celui de The Artist, au centre de nombreux gags absurdes) et narratif (les villageois d’une bourgade isolée sont victimes d’une malédiction à laquelle ils ne comprennent finalement pas grand-chose), Lobos de Arga a en plus le mérite d’avoir non pas un grand poilu, mais toute une armée ! Certes, elle n’est pas toujours efficace (on peut copieusement les rosser avec des candélabres et, hum, des pieux), mais très impressionnante. On en reparlera, le film se préparant pour sûr une belle carrière internationale, après avoir cartonné en Espagne.

Voici le trailer :

[tube]http://www.youtube.com/watch?v=7q2qdUnxeFY[/tube]

On finit cette journée avec une série B américaine potable, nommée Bloodwork. Rien à voir avec le Créance de Sang d’Eastwood, puisqu’il s’agit ici de raconter le calvaire de cobayes signant pour tester deux semaines durant un médicament anti-allergène, sans savoir que la corporation qui les a engagés travaille en fait sur un sérum servant à régénérer les cellules… Faisant bon usage de son décor quasi-unique, Bloodwork peut se targuer d’avoir un casting solide, mené par Tricia Helfer (Battlestar Galactica), et traite sous un angle scientifique le thème de nos racines primales, et des barrières psychologiques qui nous empêchent de devenir des cannibales incestueux. Mais on est pas ici chez Cronenberg, bel et bien dans du bis calibré et simplifié à l’extrême, avec un héros/placebo qui tente de révéler le complot au grand jour, des méchants militaires (menés par Eric Roberts qui passe dire bonjour), un compte à rebours avant l’explosion finale… Bref, du classique, pas désagréable, mais qu’on pour déguster (sic) l’œil distrait en DVD, format auquel il semble le plus destiné.

La journée du jeudi sera spéciale, pour la simple et bonne raison qu’un autre invité de prestige est présent à Bruxelles : William Friedkin, pour Killer Joe. A suivre !