La deuxième journée dans la fraîcheur Bruxelloise débute avec un tête-à-tête attendu avec Terry Gilliam, et une programmation inégale mais intéressante, où se distingue Shuffle. Le soleil peine à pointer le bout de son nez, mais le vent, lui fait frémir les amateurs de films de genre en ce deuxième jour de Bifff. Terry Gilliam, lui n’a pas froid aux yeux. Délaissant le bus estampillé « Jameson » mis à sa disposition pour les interviews (qui semble tout droit sorti de son Imaginarium du docteur Parnassius), il se rue hors de « sa prison », comme il l’appelle, pour prendre un bon bol d’air frais avant de s’installer pour quinze minutes passionnantes. La suite est à retrouver dès mercredi sur Il était une fois le cinéma.

À peine remis de notre rencontre avec l’ex-Monty Python, direction la grande salle avec Sennentuntshi (à vos souhaits), sous-titré Curse of the Alps. De fait, cette chronique sanglante se déroule dans les Alpes suisses, et conte, en mélangeant un peu trop ses ligne temporelles, la tragique histoire de bergers un peu trop isolés dans leur ferme d’altitude, qui se confectionnent une poupée de paille pour assouvir, hem, leur pulsions. La poupée prend la forme de Roxane Mesquida (qui joue encore les jouets sexuels dangereux après Sheitan), et de là, les ennuis commencent, dans la ferme et dans le petit village en contrebas. Trop elliptique et maniérée pour son propre bien, cette production helvète soigne cependant son atmosphère, même si le résultat traîne en longueur, intéressant plus dans sa partie « orgie paysanne » que dans l’enquête à la Derrick menée au village.

En voici la bande-annonce :

On enchaîne avec Shuffle, un Ovni SF romantique, qui sort des carcans et exprime une véritable originalité. Inattendu, bien rythmé, Shuffle secoue dans tous les sens le concept de Benjamin Button, faisant de son personnage un voyageur temporel qui se réveille à une période différente de sa vie dès qu’il s’endort. Et vu qu’il est narcoleptique, cela arrive souvent. On passera sur le choix d’un noir et blanc ouaté, inutile mais masquant forcément assez bien le manque de budget du film, pour louer la malice d’un script jouant habilement d’un thème casse-gueule, avec beaucoup de scènes mémorables et des acteurs attachants. Seul le dénouement trop explicatif et puant le politiquement correct gâche une petite production par ailleurs très réussie. On en reparle bientôt.

Last but not least, Tony Ching est venu brièvement (et sans chanter !) présenter sa dernière production, le kitschissime The Sorcerer & The White Snake, gros blockbuster à la chinoise avec un Jet Li qui joue les utilités, dans cette histoire qui rejoue encore une fois la vieille légende du Serpent Vert, déjà mise en images par le mentor de Ching Siu-Tung, Tsui Hark, voilà presque vingt ans. Rempli de SFX gênants, dégoulinant de bons sentiments et de personnages irritants, comme ces animaux parlants atrocement mal animés, réduisant sa philosophie à des préceptes de vie fumeux (qu’importe vos différences, aimez-vous !), The Sorcerer… tente de jouer la carte de la production internationale faite pour plaire à tout le monde. Le côté mal fini et enfantin du film ne joue malheureusement pas en sa faveur, et nous fait nous inquiéter sérieusement sur la carrière de Tony Ching, devenu ces derniers temps un artisan impersonnel livrant des productions aussi calibrées qu’inodores et bâclées. Nous avons néanmoins pu le rencontrer : rendez-vous là aussi bientôt sur iletaitunefoislecinema.com.

La journée s’achève avec la projection de The Divide, déjà vu à l’Etrange festival et Zombie 108, une série B taïwanaise précédée d’une désastreuse réputation. On passe.

La bande-annonce de Zombie 108 :

À demain, pour de nouvelles aventures bruxelloises !

Crédits Photos : © Born to Watch 2012