Contracted : protégez-vous, les jeunes !
Daté de 2013, Contracted imagine le calvaire cronenbergien d’une femme attrapant une MST zombiesque. Une série B aussi gore que vaine et incohérente.
On ne le dira jamais assez : en cas de coït impromptu à la fin d’une soirée arrosée, pensez à vous protéger, bon Dieu ! Cela vous évitera de subir le calvaire de Samantha (Najarra Townsend), ex-junkie qui dans Contracted vit une relation orageuse avec Nikkie (Katie Stegeman), et tombe un soir de fête sur un charmant ténébreux, « BJ »… qui glisse une petite pilule interdite dans sa boisson. Une drogue qui n’aide pas Samantha à se souvenir de cette nuit fatale, où elle a couché avec ce dangereux inconnu que le prologue, histoire de nous mettre, ahem, dans le bain, nous présente comme peu soucieux des normes sexuelles en vigueur.
Body horror à gogo
Contracted embraie immédiatement après ce point de départ peu glorieux sur un compte à rebours macabre décrivant par le menu les effets de la MST extrême qui a été refilée contre son gré à Samantha. Manifestement traumatisé, comme beaucoup par le cinéma de David Cronenberg, et particulièrement La Mouche, le réalisateur Eric England (le grindhouse Madison County) ne lésine pas sur les détails scabreux et intimes, même s’il sait jouer de la suggestion pour laisser le spectateur deviner les implications poisseuses de ce qu’il montre. Le martyre à la Brundle-Fly de Samantha, dont on devine aisément l’issue à mi-parcours, et aussi choquant qu’il soit (England réussit l’exploit de filmer l’une des scènes de sexe les plus repoussantes imaginables), ne suffit pas à faire de Contracted une réussite. La faute notamment à un côté putassier prononcé et à une accumulation d’incohérences flagrantes.
Le simple fait que notre héroïne (la filiforme Najarra Townsend, qui s’impose dans une performance pour le moins exigeante), malgré des symptômes aussi extrêmes que des vomissements de sang, des yeux rouges et une peau en lambeaux, ne soit pas placée par son médecin en quarantaine, ne parvienne même pas à susciter un état de panique chez sa mère (sic) ou de dégoût chez sa copine Alice, est une aberration scénaristique sacrément handicapante. On vous dit littéralement qu’elle sent la mort, les gens ! Peu importe que le long-métrage se transforme ensuite en une sorte de slasher du pauvre et sacrifie aux conventions du genre du body horror et du film de contamination : à ce stade, Contracted a perdu toute forme de crédibilité, et sa fin, pour logique qu’elle soit, ne fait que souligner le côté vain de l’entreprise.
À signaler que, grâce à sa petite réputation de film gore craspec (on ne peut pas nier l’effort fait sur le réalisme des maquillages), Contracted, sorti en 2013, a eu droit à une suite en 2015 : Contracted : phase 2. Celle-ci reprend l’histoire où elle s’arrête pour suivre une autre victime en voie de pourrissement (masculine, cette fois) et imaginer un scénario à base de virus apocalyptique. Autant dire qu’on est toujours pas pressés de la découvrir.
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