Sylvester Stallone doit indéniablement sa carrière au succès de Rocky, dont on oublie parfois qu’il a remporté l’Oscar du meilleur film en 1979, alors que le comédien dont la carrière stagnait était lui nommé deux fois, en tant qu’acteur et scénariste. Contre toute attente, la star aura réussi à faire vivre cette saga pugilistique pendant plus de trente ans, reprenant les gants une dernière fois à l’occasion d’un sixième opus crépusculaire, simplement nommé Rocky Balboa (2006). L’histoire retiendra que Stallone a tenté une dernière fois de faire illusion face à son ami Robert de Niro, dans le lamentable Match Retour, histoire de prouver que oui, l’Expendable était devenu un peu trop vieux pour ces conneries.
[quote_center] »Soyons honnêtes, malgré l’amour que chacun porte à Rocky, Creed pouvait faire peur sur le papier. »[/quote_center]
L’idée a pourtant germé il y a quelques années dans la tête de Sly et son partenaire producteur Irwin Winkler de créer un spin-off à la saga de Balboa : un nouveau film, situé dans le même univers (Philadelphie, ses clubs de boxe miteux, son Rocky vieillissant et veuf qui vit de sa gloire passée en tenant un restaurant), qui ne s’intéresserait heureusement pas au fils de Rocky – joué par feu Sage Stallone dans Rocky V, puis par Milo Ventimiglia -, mais à celui d’Apollo Creed, son rival/ami/partenaire de jogging sur la plage, joué par Carl Weathers et tué sur le ring par Ivan Drako (Dolph Lundgren) dans Rocky IV. Un rebondissement cruel vu le taux de sympathie qu’inspirait le personnage, mais qui permettait de donner un tant soit peu de légitimité à cet improbable quatrième opus.
La rage des débuts
Nous voici donc en 2015, et Creed est annoncé pour novembre aux USA (et sans doute en janvier en France), quelques mois après le film d’Antoine Fuqua avec Jake Gyllenhaal, La rage au ventre, qui revendique aussi une part de cet héritage cinématographique. Le film est réalisé, co-écrit et interprété par le tandem derrière Fruitvale Station, sensation du cinéma indépendant de 2013 qui s’inspirait d’un fait divers tragique. Ryan Coogler, son auteur, et la vedette montante Michael B. Jordan, repéré d’abord dans The Wire et Friday Night Lights, ont décidé suite à ce succès critique de refaire équipe à une toute échelle médiatique. Jordan, qui sera également cet été Johnny Storm dans Les 4 Fantastiques, s’est taillé un physique sur mesure pour interpréter Adonis Johnson, fils d’une star du ring qu’il n’a jamais connu, donc issu d’un milieu aisé, mais décidé à montrer de quoi il est capable avec une paire de gants. Parce qu’il ça dans le sang, et parce que sa mère ne veut pas le voir subir le même sort qu’Apollo, il part trouver le seul qui pourrait le comprendre et l’aider à s’entraîner : ce bon vieux Rocky lui-même…
Soyons honnêtes, malgré l’amour que chacun porte à Rocky, Creed pouvait faire peur sur le papier. Ces craintes s’envolent à la vision du très bon trailer dévoilé par Warner Bros. Rythmée par les images du jeune Creed s’entraînant à la dure (c’est le retour des montages musicaux !), courant comme Balboa quarante ans avant dans les bas-fonds de la ville avec jogging à capuche de rigueur, la bande-annonce laisse entrevoir un film plus riche, plus incarné que prévu, et qui joue intelligemment avec la présence de Stallone dans un rôle secondaire mais crucial de passeur. Rocky est enfin montré en train de devenir Mickey, son vieux coach qui l’avait mené au sommet à force de lui parler d’œil du tigre et de secondes chances. Si elle n’était pas très réaliste dans ses scènes de boxe (on est loin d’Ali dans ce domaine), la saga Rocky a toujours été chère au cœur des fans grâce à ses personnages, simples, honnêtes et pugnaces. Coogler semble l’avoir bien compris, et il nous tarde maintenant de savoir si le jeune Adonis rejoindra dans nos mémoires cette grande famille Balboa…