Du drame « important » au nanar improbable, la sélection direct-to-video de ce mois de juin tape dans tous les registres, preuve s’il en fallait encore une que les recalés du grand écran n’obéissent pas à un schéma particulier. Bien sûr, le même refrain vous est chanté tous les mois et ça n’est pas pour rien : la rubrique Pas vu au ciné accueille du film de genre à la pelle, et si possible du film d’horreur en particulier (parce que ça attire beaucoup trop de « singes urineurs » dans les salles pour reprendre une très drôle expression d’un de nos fans !). C’est un fait, pas une tendance – les distributions en salles de titres comme It Follows tiennent désormais du miracle -, mais comme le prouvent ce mois-ci des œuvres comme The Guard ou The Gambler, ou This is where I leave you le mois dernier, la vidéo semble devenir la destination de prédilection des comédies dramatiques et dramas luxueux produits aux USA avec assez de stars pour attirer le chaland, mais trop peu de potentiel commercial pour le faire sortir de chez lui. Alors n’hésitez pas, de votre côté, à jouer les curieux si vous voulez élargir vos horizons : le DTV n’est pas une punition, mais un mode de distribution alternatif à part entière. Les films, eux, n’attendent que vous pour être vus, quel que soit le format !

Après ce grand moment de solidarité cinéphilique qui vous aura sûrement arraché des larmes, revenons à l’essentiel : comme chaque mois, la sélection inclut des productions sorties à la vente et/ou à la location, en format physique ou dématérialisé. Toutes sont disponibles pour quelques euros, ou garnissent déjà, à votre insu peut-être, les programmes de vos chaînes câblées. Allez : bonne lecture… et bonnes soirées vidéo !


The Guard

Inédits vidéo : la sélection de juin

Un film de Peter Sattler, avec Kristen Stewart, Peyman Moaadi, Julia Duffy

Sortie le 25 juin en DVD et Blu-ray (Condor Entertainment)

Être une femme dans l’armée, ça n’est pas tous les jours facile. Mais ça n’est pas non plus le sujet principal de The Guard, prototype honorable de film indé US à grand thème. La femme soldate en question est ici jouée par Kristen Stewart : pour sa première affectation, elle se retrouve à Guantanamo, pour surveiller des prisonniers (pardon, détenus) en attente d’un jugement qui ne viendra sans doute jamais. Premier film de Peter Sattler, The Guard s’intéresse non pas à l’aspect politique du sinistre camp d’emprisonnement cubain ouvert par les Américains sous George Bush, mais à la relation d’amitié impossible que notre soldat noue avec l’un des détenus, Ali. Peu importe son passé et ses actions : il s’agit ici d’observer, souvent dans de longues scènes de dialogue, le rapprochement qui se fait entre deux êtres qui se cherchent et qui veulent se révolter sans y parvenir. Un peu long et démonstratif, le film vaut toutefois le détour pour la justesse de son casting (oui, même Stewart) et son point de vue dépassionné sur un sujet pourtant très polémique.

À voir… si vous aimez Kristen Stewart (elle est ici très bien utilisée), si vous voulez découvrir les rouages d’un camp malheureusement trop célèbre.

Lire la critique de The Guard.


The Gambler

Inédits vidéo : la sélection de juin

Un film de Rupert Wyatt, avec Mark Wahlberg, John Goodman, Jessica Lange

Sortie le 2 juin en DVD et Blu-ray (Paramount)

Remake du Flambeur avec James Caan, à ne pas confondre avec le polar lituanien du même nom sorti chez nous en 2014, The Gambler aurait pu truster le haut de l’affiche au vu des noms qu’il aligne à son générique. Le réalisateur britannique de La planète des singes : les Origines, le scénariste oscarisé des Infiltrés, et Mark Wahlberg amaigri dans le rôle vraiment inattendu d’un prof de littérature accro au jeu : ce brelan d’as n’a pas suffi à extirper The Gambler de la masse, et à la décharge des distributeurs, le film ne fait effectivement rien pour se faire aimer. Wahlberg incarne un type aussi insaisissable que peu aimable, qui envisage ses cours comme du stand-up nihiliste, fait du chantage affectif avec sa mère, insulte presque les bookmakers à qui il emprunte de l’argent, et se fout complètement de perdre ou gagner l’argent qu’il se fait au blackjack. The Gambler, ironiquement, est moins un film sur l’addiction au jeu qu’un drame étrange sur la rédemption. Seul souci, il est difficile de comprendre pourquoi Wahlberg se hait autant, ni pourquoi il commence soudainement dans le dernier acte à aimer la vie. L’acteur, de tous les plans, fait le show avec métier, tout comme le reste du casting, John Goodman en tête. Mais le projet sent un peu trop le caprice de star, et comble du comble, manque d’enjeux clairs pour instiller un salvateur suspense dans sa pesante leçon de vie.

À voir… si vous adorez le blackjack, les additions et les soustractions, si vous rêvez de voir à quoi ressemble un membre de Boys Band transformé en prof de fac.


Ardor

Inédits vidéo : la sélection de juin

Un film de Pablo Fendrik, avec Gael Garcia Bernal, Alice Braga, Jorge Sesan

Sortie le 16 juin en DVD et Blu-ray (BAC Films)

Il y a sans doute un film fabuleux se cachant dans le film Ardor (ou El Ardor en VO). Présenté à Cannes et au BIFFF, le film de Pablo Fendrik (El asaltante) est une sorte de western / survival argentin, produit et joué par l’éphèbe mexicain Gael Garcia Bernal, qui passe la moitié du métrage torse poil. Une bête curieuse que ce film donc, à l’image du personnage de Bernal, ange exterminateur tatoué surgi – littéralement – des eaux pour aider une famille de cultivateurs de tabac à venger le paternel, tué par des mercenaires à la solde de grosses multinationales. En communion avec la Nature (il fume un gros joint pour voir les esprits animistes, nage des kilomètres dans l’Amazone, et séduit Alice Braga sans pratiquement émettre un son), Bernal est donc plus un symbole lourdingue qu’un protagoniste réel. Visuellement très beau, mais très, très languissant, Ardor avoue sur la fin clairement l’influence de L’homme des hautes plaines et de Leone, avec un règlement de comptes qui fait enfin parler la poudre, après une bonne heure de balades bizarres et incohérentes dans la jungle. C’est trop peu, trop tard.

À voir… les westerns arty exotiques, le torse de Gael Garcia Bernal, les muscles de Gael Garcia Bernal, le regard bleu-vert de Gael Garcia Bernal.


Out of the Dark

Inédits vidéo : la sélection de juin

Un film de Lluis Quilez, avec Scott Speedman, Julia Stiles, Stephen Rea

Sortie le 3 juin en DVD et Blu-ray (Wild Side)

Aussi générique que peut l’être son titre, déjà emprunté par au moins cinq autres productions, Out of the Dark prolonge la liste des films fantastiques manifestement traumatisés par les grands succès du cinéma de genre espagnol. Pas étonnant, lorsqu’on sait que l’équipe technique du réalisateur Lluis Quilez est en majorité ibérique. Direction donc la Colombie, avec un couple d’acteurs américains en crise aiguë de somnambulisme professionnel (Julia Stiles et Scott Speedman, transparents) venus jouer les grands propriétaires avec leur petite fille. Une fois installés à Santa Clara, ils font face à de terrifiants esprits fantomatiques, qui s’attaquent en particulier à l’enfant… Mais pas de panique les amis ! Malgré un prologue brutal et angoissant, le film s’échinera à être plus plan-plan que flippant, jusque dans son final, où la révélation de ces perturbations spectrales (des apparitions d’enfant, influence espagnole oblige) donne un côté « justice du peuple » à cette série B bien routinière.

À voir… si vous êtes un fan compulsif de Stephen Rea, si vous aimez le folklore campagnard colombien.


Jessabelle

Inédits vidéo : la sélection de juin

Un film de Kevin Greutert, avec Sarah Snook, Mark Webber, Joelle Carter

Sortie le 25 juin en DVD et Blu-ray (Metropolitan)

Si le visage à la fois boudeur et séduisant de Sarah Snook vous dit quelque chose, c’est que vous avez découvert comme nous l’an passé l’excellent Predestination, où elle livrait une performance « androgynesque » assez incroyable. L’actrice australienne est plus reconnaissable, mais pas moins vulnérable, dans le sympathique Jessabelle, 178e production Blumhouse de 2015 que l’on doit cette fois au réalisateur de l’immortel Saw VI, Kevin Greutert. Sarah y est Jessabelle, victime d’un accident obligée de rester cloîtrée chez son père solitaire et mutique, au cœur du bayou. Son quotidien morose bascule lorsqu’elle découvre des K7 (ou des VHS, pour les moins de 20 ans qui se gratteraient la tête) enregistrées par sa défunte mère : elle lui prédit, cartes de tarot à l’appui et à 20 ans d’écart, un sort funeste. Jessabelle soupçonne bientôt que quelque chose la menace… Mais quoi ? La réponse est donnée, assez habilement, au terme d’une petite et réglementaire heure et demie, via un twist pas forcément renversant, mais surprenant. Snook, souvent seule à l’écran, tient solidement la baraque d’un film occasionnellement angoissant, mais surtout réussi dans sa dimension intimiste. L’environnement très « American Gothic » de la Louisiane rurale est lui toujours aussi efficace. À voir !

À voir… si vous aimez le bayou et ses mythes ancestraux, si vous voulez savoir si Jessabelle est la suite d’Annabelle (c’est non)


Wolfcop

Inédits vidéo : la sélection de juin

Un film de Lowell Dean, avec Leo Fafard, Amy Matysio, Sarah Lind

Sortie le 2 juin en DVD et Blu-ray (Factoris)

Vous cherchez du Z, du vrai ? Le très survendu Wolfcop est là pour vous servir. Tout comme Hobo with a shotgun, pour n’en citer qu’un, le film de Lowell Dean cherche à ranimer la flamme de la bande d’exploitation par la seule force de son idée principale (un flic loup-garou !), de ses posters et de ses taglines. Bien entendu, Wolfcop est un film à petit budget, qui démarre pied au plancher avec un montage habile et énergique, où se nichent presque ses meilleurs gags (le flic en question est un incapable, alcoolique, et s’appelle vraiment Lou Garou, en français dans le texte !). Il va muer en lycanthrope (l’occasion d’une scène de transformation génitale assez croquignolette) et faire son devoir, arme à la main et griffes sur les doigts ! Un film brillant en puissance, donc, sauf que le dit Dean n’a manifestement pas le même talent pour mettre en scène que pour créer des scénarii excitants. Torché n’importe comment, d’une laideur à faire peur, Wolfcop perd même tout son crédit durant la dernière bobine, tournée dans un bois quelconque avec des SFX à peine dignes d’un bis italien, et qui bat des records de faux raccords et de cadrages hésitants. Dans le genre polar gore, mieux vaudra ressortir des cartons le toujours jouissif Flic ou zombie, qui lui, exploite au mieux son improbable pitch !

À voir… si vous êtes vraiment en manque de films grindhouse bas du front, si vous du genre fan complétiste de films de loups-garous


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