Déjà le troisième jour pour le Brussels International Fantastic film festival, qui monte lentement en puissance, accumulant les projections (et les retards) avec un public toujours plus divers : l’ouverture du festival vers des genres moins immédiatement identifiables permet d’attirer les curieux, forcément étonnés de découvrir les codes bien particuliers des habitués de la manifestation.
Le parfait exemple de cette ouverture est le dernier Sono Sion, Himizu. La dernière œuvre du réalisateur de Cold Fish et Suicide Club a déjà fait parler d’elle dans de nombreux festivals, confirmant à chaque passage sa réputation d’œuvre engagée et enragée, typique du style brusque, extrême, mais puissant du metteur en scène japonais. Alors que dans le grand hall du Tour & Taxis, une foule maquillée et ensanglantée se préparaient pour la Zombie Parade, les spectateurs découvraient l’histoire tumultueuse de Sumida, un adolescent dépressif dont les parents, lâches et alcooliques, auraient préféré le voir mourir lors du tsunami de mars 2011, plutôt que d’être sauvé de la noyade. L’ambiance n’est pas à la rigolade, donc, surtout que le gamin, qui refuse de devenir comme ses parents tout en songeant sérieusement au suicide, doit gérer par lui-même la petite entreprise de location de bateaux familiale, et l’adulation constante d’une camarade de classe elle aussi affublée de parents indignes. Ne vous fiez pas à ce pitch misérabiliste : en prenant en compte le traumatisme du tsunami et de la catastrophe de Fukushima, Sono Sion donne une ampleur et une dimension cathartique à son film proprement bouleversante. S’il tire un peu en longueur, avec une nette baisse de tension et une tendance lourde à la redondance explicative dans sa deuxième partie, Himizu laisse malgré tout le spectateur éreinté, le cœur quasi-broyé mais prêt à croire en l’avenir.
Trailer :
La tension est nettement retombée par la suite avec la présentation en avant-première mondiale du film de Jonathan Zarantonello, The Butterfly Room. Thriller ronflant à l’histoire mille fois vue, Butterfly Room permet à l’égérie de Mario Bava et Lucio Fulci, Barbara Steele, de faire un come-back timide dans le rôle d’une grand-mère cintrée qui punaise des papillons dans une pièce secrète de son appartement. De manière aussi incroyable que stupide, elle parvient à éliminer tous ceux qui pourraient découvrir le terrible secret que cache cette pièce, secret qu’on peut deviner au bout de dix minutes. Zarantonello a beau jouer avec un scénario à rebours (qui lui permet surtout de rallonger artificiellement une histoire qui pourrait être pliée en une demi-heure), et s’assurer la présence de nombreuses guest-stars (Heather Langenkamp, Joe Dante et un excellent Ray Wise), rien ne sauve Butterfly Room de l’oubli et de l’anonymat qui le guette déjà.
Avant que la soirée ne se poursuive tard, très tard dans la nuit avec la fameuse Fantastic Night (au programme pas très fameux cette année, d’après les premiers échos) et un torture porn appelé Truth or Dare (oui oui, « Action ou vérité » en français, on aura bientôt droit à un « Pierre papier ciseaux : le film, à ce rythme-là), le Bifff a permis de découvrir quelques jours avant sa sortie européenne la dernière production Besson, Lock Out. Sorte de remake de New York 1997 à la sauce Fortress 2, avec des dialogues qu’on croirait sortis (mais en fait, c’est juste du pillage) du Dernier samaritain, Lock Out a comme principal défaut d’être prévisible du début à la fin. Les 500 prisonniers d’un pénitencier spatial provoquent une émeute et capturent, comme c’est utile, la fille du Président des USA. On connaît la chanson : un troufion d’élite au verbe facile (Guy Pearce qui s’amuse comme un fou) est envoyé dans l’espace pour sauver la fille, le monde et son paquet de clopes, le tout au mépris de toute crédibilité. Signe que Besson est définitivement un auteur, Lock Out comporte à nouveau une scène de tabassage de blonde et des clichés misogynes comme s’il en pleuvait. La critique complète arrive malgré tout très bientôt.
Rendez-vous demain pour les premiers échos d’un petit bijou signé Alex de la Iglesia, et du slasher en 3D. À très vite !