Du 23 au 27 novembre aura lieu la première édition du Pifff, ou Paris International Fantastic Film Festival, dans la grande salle du Gaumont Opéra Capucines. Un acronyme plutôt drôle, certes, mais facile à retenir, plus que si les organisateurs avaient décidé de prononcer le tout en français (ce qui nous aurait donné… le Fiffp !). Pour les amateurs de cinéma de genre, l’appellation est familière, puisqu’elle est déjà apparue dans de nombreuses villes d’accueil : le Bifff à Bruxelles, le Tifff à Toronto, le Nifff à Neuchatel. Je vous laisse faire le décompte des autres jeux de mots possibles…

Frissons parisiens

Gros frissons en perspective avec les chasseurs de fantômes amateurs de The Innkeepers

Quoiqu’il en soit, Paris se dote donc en 2011 d’une véritable manifestation dédiée aux thrillers, films d’horreur et de science-fiction, comblant un véritable manque dans la capitale au moment où de nombreuses initiatives du même style fleurissent en province. Le vénérable Fantastic’Arts de Gérardmer n’est plus seul sur le créneau (ce qui n’est pas plus mal), et l’Étrange festival doit également regarder le nouveau venu d’un œil aussi bienveillant que méfiant. L’objectif du Pifff est cependant différent : il se concentre moins sur le défrichage patient de cinématographies mal connues, ou la découverte de films expérimentaux plus ou moins exigeants. Lancé sous la bannière du magazine spécialisé Mad Movies (qui s’est adjoint les services d’une équipe de programmation pour l’occasion), le Pifff vise plus à satisfaire les fans et connaisseurs du genre, en dégotant des œuvres inédites en France, majoritairement des séries B venues des quatre coins du globe.

Première raison de se réjouir, on retrouvera pendant ces cinq jours de projections le dernier film de John Carpenter, The Ward (photo d’ouverture). Le retour sur grand écran du maître, dix ans après le mitigé Ghosts of Mars, n’est pas précédé d’une belle réputation, mais le plaisir demeure de découvrir son travail sur grand écran. Autre long métrage peuplé de fantômes très attendu, le Innkeepers de Ti West (House of the devil), pur film de maison hantée qui contrairement à Insidious, cherche ses influences dans les classiques « victoriens » des années 70. De la flippe old school, similaire à celle que devrait procurer l’hispanique El Callejon, « l’impasse » en français : une jeune femme de chambre se retrouve coincée un soir dans une laverie perdue au fond d’une allée. Suspense…

L’Espagne aux premiers rangs

La guerre des mondes en appartement, c’est le programme intriguant de l’Extraterrestre de Nacho Vilagondo

L’Espagne est avec les USA le pays le plus représenté parmi les 13 longs-métrages sélectionnés. C’est à l’enfant prodige local, Jaume Balaguero, que revient d’ailleurs l’honneur d’ouvrir le Pifff, avec son Malveillance prévu dans les salles en décembre, interprété par Luis Tosar (Cell 211). Réalisateur remarqué avec son très malin Timecrimes, Nacho Vigalondo risque à nouveau de surprendre avec Extraterrestre, film d’invasion alien se déroulant… à l’intérieur d’un appartement, sous la forme d’une comédie fantastique. Un parti-pris rappelant le compatriote Phase 7, qui partait de la même idée, mais avec un virus en guise de menace.

Les grands paysages devraient se marier au grand frisson à plusieurs reprises : le film de zombies The Dead se déroule dans un décor inédit, celui de l’Afrique noire ; des montagnards tenteront d’échapper à un malade mental dans les montagnes écossaises de Poursuite mortelle (A lonely place to die) ; l’île irlandaise de Retreat servira de refuge à une confrontation tendue entre Jamie « Tintin » Bell et Cillian Murphy.

Des films « Mad » à souhait

Apocalyptique, fou, acide, blindé de références commentant autant Breakfast Club que Scream, Detention est l’un des événements du Pifff

Enfin, un festival estampillé « Mad » ne serait pas complet sans quelques pelloches dérangées du bulbe, aptes à surprendre les spectateurs les plus blasés : pour cela, le « madmaxien » Bellflower, le giallo teuton Masks, le sanglant film de bikers The violent kind, ainsi que le slasher apocalyptique et post-post-moderne Détention, projeté en clôture, devraient faire l’affaire.

En plus de cet alléchant et solide programme, le Pifff promet bien sûr son lot d’invités (de Christophe Gans à Roger Avary en passant par les équipes de films), une compétition de courts-métrages francophones et internationaux, ainsi que l’avant-première d’un documentaire fleuve sur le légendaire génie des effets spéciaux Ray « Sinbad » Harryhausen, coréalisé par l’un des rédacteurs du magazine. Du tout bon, en somme, et ça n’est que le début…

Pour découvrir tout ça en détails et en images, comme d’habitude, une seule adresse : www.pifff.fr