Eurovision Song Contest : un peu de gags et beaucoup d’amour

par | 1 juillet 2020 | À LA UNE, Critiques, NETFLIX

Eurovision Song Contest : un peu de gags et beaucoup d’amour

Fan de l’Eurovision, Will Ferrell l’honore à sa manière avec une comédie très musicale, qui gagne des points grâce à Rachel McAdams et des personnages attachants.

Le charme, parfois relatif, des comédies avec Will Ferrell, tient au côté immuable de ce qu’il faut bien appeler un « univers » : l’acteur américain est le spécialiste des personnages d’histrions immatures et égocentriques, grands dadais souvent inconscients de leur décalage intellectuel avec le monde qui les entoure. Lars Erickssong (sic), le héros d’Eurovision Song Contest : the story of Fire Saga, n’échappe à la règle. Après Les rois du patin, Semi Pro ou encore Ricky Bobby, Ferrell a décidé de s’attaquer au télé-crochet le plus célèbre du Vieux continent. L’Eurovision, le comédien en est fan, et cet amour sincère (partagé avec son épouse), ainsi que la nécessaire collaboration avec les organisateurs de la compétition, débouche sur une comédie surprenante pour les fans de Ferrell, où les pitreries régressives s’éclipsent souvent au profit d’une mécanique de rom-com. Est-ce si surprenant, quand on sait que la partenaire de Ferrell n’est autre que la pétillante Rachel McAdams, spécialiste du genre s’il en est ?

Rêveurs d’Islande

Eurovision Song Contest : un peu de gags et beaucoup d’amour

Parce qu’il fallait bien choisir un pays européen pour parler d’une compétition musicale européenne, Eurovision Song Contest se déroule en grande partie en Islande, patrie de Lars Erickssong et de sa fidèle amie d’enfance Sigrit (McAdams, irrésistible). Le film s’applique à croquer la culture locale avec un mélange assez drôle de folklore caricatural (il y a des marins bourrés et des accents grossiers) et de visible amour pour l’île glacée, montrée comme une communauté chaleureuse en quête de reconnaissance internationale. Ce cocon sauvage est toutefois un carcan pour le couple d’amis-amoureux, qui rêve depuis toujours de participer au concours de chant. Sigrit et Lars détonnent dans le paysage islandais, au grand dam du père de Lars (Pierce Brosnan !) mais malgré leur côté gaffeur et ringard, le destin les amène un beau jour à être sélectionnés pour l’Eurovision. Plongé dans une compétition acharnée, le duo suscite la curiosité de la star russe Alexander Lemtov (Dan Stevens, qui s’est fait la tête de Georges Michael période Wham), qui voit dans Sigrit un talent bridé par son encombrante moitié…

« Le film est bienveillant, kitsch et moins versé dans la parodie de l’institution musicale que dans sa naïve célébration. »

Parce qu’il est co-écrit et porté par Ferrell, et piloté par le réalisateur de Serial Noceurs, Eurovision Song Contest ne peut qu’être une comédie un peu idiote, parsemée de dialogues hystériques, de chutes douloureuses et de protagonistes outrés au comportement infantile. Certes, le film coche toutes ces cases avec docilité, mais les fans les plus fidèles de l’ancienne star du Saturday Night Live remarqueront vite qu’il avance aussi avec le pied constamment sur la pédale de frein. Ce qui domine dans Eurovision Song Contest ce n’est pas tant l’absurdité de son duo converti dès le plus jeune âge à l’eurodance, que la tendresse avec laquelle le film croque leur relation fusionnelle (et virginale), fondée sur un rêve commun et une absence de cynisme qui leur permet de gagner des voix même quand ils se couvrent de ridicule – un seul mot : l’écharpe ! -. De plus en plus vieux pour ces conneries, Ferrell s’est permis d’écrire un rôle de benêt monomaniaque, qui doit accepter de s’effacer pour que sa relation avec Sigrit soit plus équilibrée. On s’étonne aussi de voir que leur rival déclaré Lemtov, de loin le meilleur personnage du film (à quand un spin-off sur « Le lion de l’amour » ?), soit finalement un soutien plus qu’un antagoniste ricanant. Tout le film est à son image, bienveillant, kitsch et moins versé dans la parodie de l’institution musicale que dans sa naïve célébration – ce qui est avouons-le, un peu décevant.