Top 10 : Spike Lee

par | 26 juin 2020 | Best Tops Ever

Top 10 : Spike Lee

La sortie de Da 5 Bloods sur Netflix nous a donné envie de revenir, en 10 films, sur la carrière du seul et unique Spike Lee. Ya dig ?

Il aura fallu attendre qu’il gagne un grand prix cannois (dont il avait été fameusement privé à l’époque de Do the right thing) puis un Oscar (remis par un Samuel L. Jackson qui lui doit, en partie, sa carrière, pour ne rien gâcher) du meilleur scénario pour BlackKklansman, pour que Spike Lee, après près de quarante ans de carrière, connaisse une forme de renaissance artistique et commerciale, après une bonne décennie de disette médiatique. Aujourd’hui âgé de 63 ans, le plus new-yorkais des cinéastes américains (avec Scorsese et Woody Allen, disons) n’a rien perdu de son envie d’expérimenter, de ruer dans les brancards et de refuser le statu quo. Le presque bourratif Da 5 bloods, qui n’est pas sa première collaboration avec Netflix (voir plus bas), réaffirme si besoin que l’iconoclaste metteur en scène a encore beaucoup de choses à dire sur l’Histoire de son pays et sur la place des Afro-Américains dans la société. Contestataire virtuose, Spike Lee a égrainé de nombreuses perles au fil des décennies, que nous vous proposons de passer en revue dans un Top 10 à son image : bouillonnant et éclectique !

10. Nola Darling n’en fait qu’à sa tête

Top 10 : Spike Lee

En 1986, tout commence ici pour Spike Lee, l’enfant de Brooklyn qui tourne sur ses terres, en noir et blanc, sans budget et en à peine 15 jours, ce drame indé d’une folle liberté. Nola Darling en est l’emblème : une jeune femme noire qui veut conserver le droit d’aimer qui elle veut, sans attaches, quitte à mener trois histoires d’amour de front. Ce premier essai déborde d’inventivité et de fraîcheur et reste un jalon pour le réalisateur, qui en tournera une version sérielle en 2017 pour le compte de Netflix. Sa première collaboration alors avec la plateforme.

9. Jungle Fever

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S’il reste marqué par son époque, celle où les relations biraciales pouvaient encore, un peu, être perçues comme scandaleuses, Jungle Fever reste un puissant exercice de style pour Spike Lee, qui dirige deux films en un. Le premier raconte la liaison entre l’architecte noir Wesley Snipes et sa secrétaire italienne Annabella Sciorra, qui va embraser leurs deux communautés. La deuxième, plus viscérale encore, s’attache au destin du frère accro au crack de Snipes, joué par un Samuel L. Jackson d’autant plus saisissant qu’il avait connu ce problème d’addiction.

8. 4 Little Girls / When the levees broke

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Si l’on connait Spike Lee en France pour ses films, voire ses séries, son travail de documentariste reste moins célébré. Impossible pourtant de passer sous silence des œuvres comme le déchirant 4 Little Girls, sur le meurtre de quatre adolescentes dans un attentat raciste, et l’imposant When the levees broke, documentaire en quatre parties sur l’ouragan Katrina et la destruction partielle de La Nouvelle-Orléans. Des films durs, au montage virtuose, où faits et témoignages valent mille discours.

7. Clockers

Top 10 : Spike Lee

Méconnu, Clockers est un polar choral qui comme à l’habitude de Lee, se mue rapidement en chronique sociale sans concession. Adapté de son propre roman par Richard Price, l’un des auteurs de The Wire, Clockers en est le prédécesseur spirituel : ici aussi, l’action se partage entre un ghetto new-yorkais où le trafic de drogue est le seul horizon, la seule éducation, et le commissariat de police où quelques flics tentent d’éviter l’embrasement. Keitel, Turturro et Mekhi Phifer y sont splendides.

6. Inside Man

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Pas le plus personnel des films de Spike Lee, mais l’un des plus successful, Inside Man est le prototype du film de commande transfiguré par son réalisateur. Clive Owen et Denzel Washington y jouent au chat et à la souris pendant un braquage de banque, mais ce classicisme de façade cache de nombreuses couches de sous-intrigues, que Lee s’amuse à empiler et à démêler avec l’aisance d’un vieux routard. Formulaïque, mais quinze ans après, Inside Man garde son efficacité intacte.

5. He Got Game

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On vous a déjà dit que Spike Lee était le fan le plus connu des Knicks ? Avec He Got Game, dont il signe le script, le réalisateur tenait l’occasion de réaliser un film sur le basket. Bien que légèrement peu crédible (l’ami Denzel joue le papa taulard d’un prodige en permission le temps de le convaincre d’intégrer une école prestigieuse), ce drame intense permet de croiser l’une des figures de père les plus complexes de sa filmographie. Et Dieu sait si les conflits paternels sont légion chez Lee…

4. BlackKkansman

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Si Chi-Raq donnait rétrospectivement des indices sur le retour en forme de Lee, égaré dans des micro-productions arty, BlackKklansman est LE film du come-back. Satire funky et ludique de haute volée autant que tract anti-suprématiste glaçant (l’effet « douche froide » du montage final ne risque pas de disparaître de sitôt), le film de Lee démontre que les combats du réalisateur sont intemporels et urgents. C’est aussi le film de la révélation pour John David Washington, fils de Denzel.

3. La 25e Heure

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Le film définitif sur le traumatisme du 11 septembre ne pouvait être signé que par un réalisateur amoureux transi de New York. Les attentats se sont invités au dernier moment dans l’écriture et le tournage de La 25e Heure, mais le film, qui raconte les dernières heures et les innombrables regrets du dealer Edward Norton avant son incarcération, n’en est que plus déchirant. Film crépusculaire, solennel et empli de colère (ce monologue !), La 25e Heure est aussi incontournable qu’inoubliable.

2. Do the right thing

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S’il y a un film qui restera dans l’inconscient collectif comme l’œuvre-somme (et pourtant précoce) de Spike Lee, c’est Do the right thing. L’importance culturelle, artistique et spirituelle (combien d’Afro-américains ont pu rêver de cinéma grâce aux portes que le film a enfoncées ?) de ce brûlot où les esprits de deux communautés de Brooklyn s’échauffent sous la chaleur jusqu’au point de non-retour n’est plus à démontrer. Et 30 ans après, il n’a rien perdu de sa force et de sa pertinence.

1. Malcolm X

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On ne compte plus dans la filmographie de Spike Lee les citations de grandes figures afro-américaines du XXe siècle, de Martin Luther King à Angela Davis en passant par Muhammad Ali (voir Da 5 Bloods, qui les cite tous). Lee se verrait peut-être signer un biopic racontant la vie de chacun d’entre eux et on serait partant pour voir si le résultat serait aussi majestueux que Malcolm X. Une biographie XXL, ignorée aux Oscars alors qu’il s’agissait de l’opus magnum du réalisateur. Denzel Washington y est transfiguré dans la peau du leader charismatique, dont le parcours quasi-messianique est narré avec un faste et une ampleur digne de David Lean et Scorsese.