Ils ont eu chaud. C’est le moins que l’on puisse dire, à quelques semaines maintenant de l’ouverture du 19e Festival international du film fantastique de Gérardmer, qui se tiendra du 25 au 29 janvier en Lorraine. Pendant tout le mois de décembre, les habitués de la manifestation (dont beaucoup avaient déjà réservé leur chalet et leur stock de fromage à fondue) s’attendaient, un peu crispés à un communiqué triste et laconique annonçant la fin de l’ex-Fantastic’Arts. Né en 1994, ce rendez-vous qui fut pendant les années 90 la quasi-unique fête du fantastique sur grand écran, était rattrapé par sa gestion acrobatique du budget.

Avec la perte d’un de ses plus fameux soutiens, la Région Lorraine, le Festival s’est soudain retrouvé avec un manque « abyssal » de 30 000 euros pour financer sa nouvelle édition. Bruno Barde, responsable du Public Système Cinéma aux commandes de l’événement, peut remercier le ministère de la Culture. C’est en effet suite à une visite de Frédéric Mitterrand dans la région que l’État a pris le relais, mettant la main à la poche pour que cette 19e édition devienne réalité. Ainsi, contre toute attente, Gérardmer a dévoilé le 11 janvier le programme de sa 19e édition, forte de quelques invité prestigieux (Francis Ford Coppola, Ron Perlman, Jean-Jacques Annaud, Enki Bilal en président du jury) et de plusieurs exclusivité alléchantes.

Une compétition au-dessus du lot

Eva, film de science-fiction espagnol avec Daniel Bruhl, bénéficie déjà d’une belle réputation après ses passages à Sitges et Nantes.

Le festival s’ouvrira donc le 25 janvier avec la projection de Twixt, nouvel et très étrange objet concocté en totale indépendance par Coppola. Un peu de 3D, quelques fantômes, un Val Kilmer hébété et surtout des expérimentations dans la veine de son Tetro sont à prévoir pour cette mise en bouche prestigieuse.

Côté compétition, Gérardmer a privilégié l’inédit et il a bien fait (ça n’est pas le cas ailleurs, nous allons le voir). Venu de Corée du Sud, The Cat vient nous prouver qu’il n’y a pas que les violoncelles et les chaussons de danse qui peuvent faire peur : les chats (et les fantômes de filles aux yeux de chat) aussi. Spectres aussi avec La maison des ombres, qui fait penser très fort aux Autres, avec là encore des revenants enfantins menaçants. Le Norvégien Babycall, qui permet de retrouver en tête d’affiche Noomi Millenium Rapace, sent un peu le déjà vu avec sa mère célibataire confrontée… à des apparitions d’enfants. Mais les Scandinaves, que voulez-vous, c’est comme les Espagnols : on a envie de leur faire confiance. Remarqué à Sitges, l’hispanique Eva est justement intriguant, lui aussi, avec son mélange entre tragédie romantique et science-fiction, le tout dans un cadre enneigé. Produit par Roland Emmerich, Hell nous vient d’Allemagne : on y parle d’un monde post-apocalyptique brûlé par le soleil où subsistent quand même quelques survivants. Si on connaît peu les mystérieux Beast (Danemark) et Pastorela (Mexique), il faudra jetera par contre un œil sur le pensionnat de Moth Diaries, dans lequel la réalisatrice d’American Psycho nous parle visiblement de vampires…

Entre inédits et déjà-vu(s)…

Les trois affreux teenagers yankees de Chronicle, un Heroes inversé qui promet, imaginé par le fiston de John Landis.

Plus hétérogène, la section hors-compétition mélange comme souvent avant-premières plus ou moins exclusives de fictions et de documentaires. Elles ont cette année la particularité d’avoir déjà voyagé dans de nombreux festivals français, à commencer par l’Etrange. Inutile donc de revenir sur The Woman, The Divide, Beyond the black rainbow, Norwegian Ninja ou Theatre Bizarre, vus en septembre. Idem pour Perfect Sense : présenté à Dinard, le dernier film de David McKenzie (Hallam Foe) utilise surtout son argument de fin du monde (semblable à Blindness) pour disserter sur l’amour fusionnel, le manque, les travers de notre société.

Plus intéressants à découvrir, l’anti-héroïque Chronicle (sortie prévue le 22 février), qui s’est fait remarquer avec son impressionnant trailer ; le post-apocalyptique The Day, qui bénéficie d’un bon casting, avec Dominic Monaghan et Shannyn Sossamon ; la série B The Caller et son pitch proche de Fréquence Interdite, où l’on retrouve Stephen True Blood Moyer sans ses longues canines ; l’Israëlien Rabies, première incursion du pays dans le film de genre ; et l’espagnol (décidément…) Emergo, un Ghostbusters très premier degré filmé en mode REC produit par le réalisateur de Buried.

Extrême, oui, mais pas tant que ça

Des matons, des tarés, un orage et trois innocents pris au piège : The Incident, un huis-clos hors tension classé « Extrême » par le festival.

La « grande » nouveauté de cette édition, c’est sans doute la naissance d’une section « Extreme » remplaçant la sélection vidéo, obsolète de l’aveu même des organisateurs, depuis de nombreuses années. Assez timide si on la compare à d’autres manifestations européennes, cette première salve permettra surtout de découvrir le franco-britannique The Incident, qui fait beaucoup parler de lui avec son histoire de trois musiciens enfermés par mégarde dans un asile d’aliénés très dangereux. Parmi les autres titres, on retrouve Mother’s Day (déjà disponible en dvd, on en parle bientôt), Blood Creek de Joel Schumacher (un futur DTV en attente de distributeur depuis deux ans), ainsi qu’un sous-Saw (Choose) et un sous-Blair Witch en vision infra-verdâtre (Grave Encounters). On est loin des films à scandale type Serbian Film ou Human Centipede 2 auxquels on pouvait s’attendre.

Last but not least, pour les affamés insomniaques qui braveront le froid et la neige (s’il y en a… c’est toujours la surprise du chef, en fait), il y aura aussi une nuit fantastique à forte tendance comique, avec l’excellent Tucker & Dale vs Evil, un hommage cubain à Shaun of the Dead (Juan de los Muertos) et une comédie flamande allumée mais pas du tout fantastique (New Kids Turbo), qui fait penser à du Michael Youn en plus incorrect.

De nombreuses animations se dérouleront en parallèle dans toute la commune, mais au vu du nombre de films projetés dans cette miraculeuse édition, nul doute que l’essentiel des spectateurs seront confortablement (tout dépend des salles !) installés pour dénicher quelques perles fantastiques. Avant une possible 20e édition en grandes pompes ?

Programmation

Compétition 

  • Babycall de Pal Sletaune
  • Beast de Christoffer Boe
  • The Cat de Seungwook Byun
  • Eva de Kike Maillo
  • Hell de Tim Fehlbaum
  • La Maison des Ombres de Nick Murphy
  • The Moth Diaries de Mary Harron
  • Pastorela d’Emilio Portes

Hors-compétition 

  • Beyond the Black Rainbow de Pano Cosmatos
  • The Caller de Matthew Parkhill
  • Chronicle de Josh Trank
  • Comforting Skin de Derek Franson
  • Corman’s Word : Explois of a Hollywood Rebel d’Alex Stapleton
  • The Day de Douglas Aarniokoski
  • The Divide de Xavier Gens
  • Emergo de Carles Torrens
  • Invasion of Alien Bikini de OH Youngdo
  • Norwejian Ninja de Thomas Cappelen Mailing
  • Perfect Sense de David Mackenzie
  • Le Petit Poucet de Marina de Van
  • Rabies de Aharon Keshales & Navot Papushado
  • The Theatre Bizarre /collectif
  • Twixt de Francis Ford Coppola
  • Underwater Love A Pink Musical de Shinji Imaoka
  • The Women de Lucky McKee

Extrême 

  • Blood Creek de Joel Schumacher
  • Choose de Marcus Graves
  • Grave Encounters des Vicious Brothers
  • The Incident d’Alexandre Courtès
  • Mother’s Day de Darren Lynn Bousman

La nuit fantastique

  • Juan Of The Dead d’Alejandro Brugués
  • New Kids Turbo de Steffen Haars & Flip Van der Kuil
  • Tucker Et Dale Fightent Le Mal d’Eli Craig
  • La nuit SyFy
  • Alphas (épisode 1 – Saison 1 )
  • Warhouse 13 (épisodes 1 & 2 – Saison 3)

  

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