Friendship : petit cringe entre amis

par | 24 octobre 2025

Friendship : petit cringe entre amis

Maître du malaise comique à la télé, Tim Robinson est un quarantenaire maladroit et inquiétant dans le réussi Friendship.

Après une sortie timide aux États-Unis, malgré une distribution par l’omniprésent A24 et la présence de Paul Raud au casting, la comédie « noire » Friendship est arrivée en France directement en VOD. Premier long-métrage de Andrew DeYoung, ici également scénariste, Friendship permet de retrouver en tête d’affiche un maître du malaise made in USA : Tim Robinson. Un comédien au jeu et à l’univers unique, croisé chez nous dans I Think you should leave sur Netflix, ou actuellement dans The Chair Company sur HBO Max – dont 2 épisodes sont réalisés par… Andrew DeYoung.

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Friendship : petit cringe entre amis

Friendship s’accroche aux basques de Craig, un cadre quarantenaire de banlieue, marié à Tami (Kate Mara) et père d’un ado. Sa vie est un enchaînement de malaises, au travail comme en famille, par son comportement inadapté, maladroit, parfois carrément inapproprié, ou simplement hors des règles sociales classiques. Les perspectives s’annoncent enfin meilleures pour lui quand il rencontre et sympathise avec son nouveau voisin Austin (Paul Rudd, aussi moustachu que dans Anchorman), un présentateur météo qui lui semble, lui, parfaitement adapté et intégré. Charismatique, immature, Austin a un boulot valorisant, des amis, une passion… Tout ce dont rêve Craig ? Ou tout ce qu’on lui demande d’avoir ?

« Qui de Craig ou Austin fait le plus de peine ? »

Attention les réfractaires : on est ici face à une vraie « cringe comedy ». Si Friendship enchaîne les situations malaisantes, toutes vraiment formidable grâce au talent de Tim Robinson, le film ne se limite pas vraiment à ça, notamment grâce à sa forme et à son style visuel très « indé » (repérable par son étalonnage, et surtout par le grain prononcé de l’image). Andrew DeYoung se permet même de courts apartés oniriques, qui donnent à l’ensemble une tonalité sérieuse, parfois même un peu pesante.

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Friendship : petit cringe entre amis

C’est là tout l’intérêt et la réussite de Friendship, qui plus encore que les variations tordues sur le thème de la situation banale dérapant dans l’inconfortable, nous interroge sur notre tolérance aux personnes n’ayant pas les codes de comportement sociaux habituels. Sur la solitude de ces outsiders, la recherche désespérée de connexion dans une société qui redéfinit sans cesse ce qu’est un homme « normal ». Qui de Craig ou Austin fait le plus de peine ? Qui est perdu a le meilleur comportement avec ses amis et ses relations amoureuses ?

Friendship marque donc un passage réussi au format long-métrage pour Tim Robinson. Les amateurs d’absurde qui avaient adoré I think you should leave seront servis. Mais le film marque aussi des points dans ses portraits d’hommes modernes un peu paumés, et dans son ébauche d’analyse sur l’injonction à l’amitié masculine comme seule solution à l’épanouissement personnel.