Ip Man Legacy : Master Z, escale bisseuse à Shangaï
Délaissant sa star Donnie Yen le temps d’un spin-off, la saga Ip Man s’offre un détour avec ce Master Z sauvé par l’efficacité roborative de ses combats.
Alors que la populaire saga des Ip Man va être relancée en fin d’année avec la sortie en Chine d’un quatrième épisode, toujours réalisé par Wilson Yip et interprété par Donnie Yen, la franchise fait un détour en mode spin-off avec ce Ip Man Legacy : Master Z, dont le héros est un personnage secondaire d’Ip Man 3. Cheung Tin Chi, adversaire proclamé de la légende des arts martiaux, battu lors d’un combat en huis-clos, prend le devant de la scène dans cette aventure se déroulant dans le Shanghai des années 60 reconstitué en studio.
Accompagné par un fils niaiseux, Tin Chi (incarné toutes mâchoires serrées par Zhang Jin, vu dans Pacific Rim Uprising) tente de se reconvertir et de mener une vie paisible d’épicier près du populaire quartier des bars de la ville. Des efforts méritoires qui vont être rapidement réduits à néant, après une altercation avec un gang mafieux dirigé par madame Kwan (Michelle Yeoh, quinquagénaire badass). Pris malgré lui dans un complot autour d’un trafic de drogue dans lequel tremperait, ô surprise, un musculeux patron de restaurant américain (Dave Bautista, classe dans ses smokings cintrés) et une police coloniale corrompue, poursuivi par un mystérieux mercenaire (Tony Jaa, qui bénéficie approximativement de zéro dialogue), Tin Chi va mettre à profit sa connaissance du wing chun, ainsi que les leçons apprises lors de sa défaite contre Ip Man…
Laissez faire les vedettes
S’il n’a clairement pas pour ambition de réinventer la poudre (le script est tellement enseveli sous les passages obligés du genre, qu’on se croirait revenu à Hong-Kong dans les années 90), Ip Man Legacy n’a toutefois rien d’un produit de seconde zone à l’écran. Les moyens sont là, les décors, quoique souvent vides et factices, sont opulents, et dégagent un certain charme suranné propre à ce cinéma d’exploitation où les confrontations entre les différents protagonistes tiennent à une question d’honneur et de morale. Le long-métrage est de plus réalisé par un spécialiste du film d’arts martiaux, Yuen Woo-ping, chorégraphe qu’on ne présente plus (The Matrix, Tigre et Dragon, Kill Bill, The Grandmaster) mais aussi cinéaste prolifique qui restait sur deux productions en demi-teinte, Tigre et Dragon 2 et The Thousand faces of Dunjia – deux films disponibles sur Netflix.
S’il n’a pas la vista visuelle d’un Tsui Hark ou même de Wilson Yip, Woo-Ping n’a pas de leçon à recevoir quand il s’agit de mettre en images des combats virevoltants et originaux. C’est ce qu’on vient voir dans Ip Man Legacy, et c’est un peu ce qui nous sauve, parfois, de l’endormissement. Aussi agile et décidé soit-il, Zhang Jin a un charisme trop limité pour tenir ce genre de série B sur ses épaules. Et le casting qui l’entoure manque tout autant de répondant pour relever la sauce d’un script téléguidé, prévisible jusqu’à en être involontairement drôle par endroits. Il faut s’en remettre aux vedettes invitées pour pimenter le programme. Personnages en carton sur le papier mais adversaires exaltants à l’écran, Dave Bautista, Tony Jaa et Michelle Yeoh fournissent à Master Z ses meilleurs moments. Punchlines de jeu vidéo, mouvements tranchants, oppositions de style : s’il y a bien une raison de s’attarder sur cet épisode bis à tous les niveaux, c’est bien là qu’il faudra la chercher.