St Agatha : les proies du couvent

par | 16 avril 2019

Avec son couvent pas très catholique et ses jeunes innocentes en péril, St Agatha brode une efficace série B d’horreur, portée par un solide casting féminin.

Connu principalement des amateurs de films d’horreur, Darren Lynn Bousman n’est pas ce qu’on pourrait appeler un cinéaste subtil. Avec St Agatha, le cinéaste américain, à qui l’on doit les trois premières suites gratinées de Saw, un efficace home invasion(Mother’s Day) et une comédie musicale fantastique toute pétée (Repo ! The Genetic Opera), s’aventure sur le terrain de la confrontation psychologique en huis clos. Peu de dérapages gore ici, moins de plans cut frénétiques, mais une plongée étouffante dans la Géorgie des années 50, au sein d’un couvent qui ressemble plutôt à une lointaine cousine du pensionnat sudiste des Proies.

Une demeure inquiétante dans laquelle pénètre volontairement Mary (la blonde et débutante Sabrina Kern), coupable d’être tombée enceinte hors mariage après sa relation avec un jeune marginal sans le sou (Justin Miles). Traumatisée par un drame familial, sans le sou, elle accepte d’être prise en charge par la communauté des Sœurs de la Divinité, commandée, c’est le mot, par la Mère Supérieure (Carolyn Hennesy, petite légende de la télé US). Très vite – et par très vite on entend immédiatement – Mary et le spectateur comprennent que le couvent n’est pas vraiment à cheval sur les valeurs d’entraide et de compassion. Les jeunes femmes enceintes plus ou moins enfermées sur place la préviennent : il sera difficile de repartir d’ici en bonne santé…

Chemin de croix en vase clos

Dès la première séquence de St Agatha, qui voit Mary se débattre et hurler tel un avatar d’Uma Thurman dans un cercueil refermé sur elle, Bousman donne le ton de cette série B titillant par la bande le sous-genre de la nunsploitation. Le film cherche moins à construire une ambiance insidieuse que l’efficacité immédiate, et le montage fait en sorte de nous amener en moins de dix minutes dans le vif du sujet, avec une célérité qui empêche un peu de s’attacher à son héroïne et de s’investir dans son chemin de croix. Une fois le décor planté et la menace identifiée (l’institution catholique est ici un paravent pour de scandaleuses pratiques mafieuses et quelques débordements sadistiques en bonus), St Agatha calme heureusement un peu le jeu et investit avec efficacité sa maison coloniale transformée en piège à ciel ouvert.

C’est un casting quasi intégralement féminin qui porte alors le film, avec un talent certain étant donné que leurs personnages sont autant de clichés sur patte (l’héroïne résiliente et pleine de ressources, l’innocente fragile et soumise, la matrone machiavélique et son bras droit impitoyable…). Malgré la présence d’une pelletée de scénaristes au générique, St Agatha ne ménage que peu de surprises, et la plupart de ses twists sont aussi prévisibles que sa BO tapisserie dégoulinant de choeurs d’angelots. L’abondance de flash-backs sur le passé de Mary handicape plus qu’elle n’enrichit le récit, qui passe un peu vite sur certains éléments fantasques (comme les fameux masques blancs des nonnes, une image que n’aurait pas renié Rob Zombie). Mais il faut souligner l’ambiance réussie que Bousman imprime sur son histoire et la tension réelle qui plane sur certaines scènes, parfois dures (les mots « vomi » et « ciseaux » suffisent-ils à vous faire frissonner ?), parfois pleines de suspense (une fuite nocturne qui se fait à pas de loups malgré les contractions…). Et que dire de ce final aussi ironique qu’ubuesque, dans lequel le réalisateur s’offre sans prévenir un hommage pas piqué des vers au cultissime Story of Ricky ? Ça n’est certes pas comme ça que Darren Lynn Bousman deviendra le nouveau Polanski, mais au moins on ne s’ennuie pas.

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