Our House : fantômes sur les ondes
Visible sur Prime Vidéo, Our House est un curieux film de fantômes, modérément angoissant, mais dont les jeunes héros orphelins s’avèrent très attachants.
Premier long-métrage d’Anthony Scott Burns repéré entre autres au festival canadien Fantasia, Our House vient rejoindre la longue lignée des films de fantômes modernes post-Insidious, jouant moins sur le carnaval de jump scares que sur la peinture méthodique d’une communauté familiale crédible et attachante. Ethan (Thomas Mann, This is not a love story), est un jeune génie des sciences qui avec sa petite amie Hannah (Nicola Peltz, Bates Motel) travaille à la création d’une source d’électricité sans fil révolutionnaire. Sa machine l’obsède tellement qu’il s’éclipse d’un repas familial en plein milieu de la nuit. La tragédie frappe le même soir, quand ses parents décèdent dans un accident de voiture. Soudain, Ethan se retrouve orphelin et doit subvenir aux besoins de son frère cadet Matt (Percy Hynes White) et de sa petite sœur Becca (Kate Moyer). Mais ses expériences continuent et fonctionnent mieux qu’il le pense, puisque l’appareil déclenche quelques phénomènes surnaturels. Et si, comme le pense Becca, Ethan avait trouvé le moyen de communiquer avec leurs regrettés géniteurs ?
Le poids des morts
Remake lointain d’un film nommé Phasma Ex Machina (2010), Our House possède la curieuse qualité d’être plus captivant lorsqu’il dissèque les relations entre les membres de la famille d’Ethan que lorsqu’il veut faire exploser l’aiguille du flippomètre. Loin de sacrifier à la règle tacite du genre qui voudrait que le réalisateur vous fasse sursauter toutes les cinq minutes, Anthony Scott Burns cherche à nous immerger dans le quotidien chamboulé d’un jeune adulte confronté à une avalanche de responsabilités auxquelles il fait face avec résilience et empathie. Vu à l’affiche de The Highwaymen, Thomas Mann se révèle très charismatique dans ce rôle pas simple à résumer. Ethan est bien entendu inconscient des forces avec lesquelles il joue, comme tout scientifique trop sûr de lui dans les films d’angoisse. Il est tiraillé entre le monde adulte qu’il personnifie aux yeux de Matt (qui lui en veut pour la mort de leurs parents) et Becca, et le chagrin et les regrets qui l’accablent. Our House nous donne envie de le voir réussir, intervention surnaturelle ou pas. Et la qualité de l’interaction entre les trois jeunes acteurs aide à prendre fait et cause pour eux dans cette épreuve.
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Mais comme le laisse deviner le look étrange de la machine d’Ethan – qui ressemble à une platine vinyle surmontée d’une pyramide lumineuse à la Daft Punk -, et la fumée noire (coucou Lost) qui émane des ampoules à chaque allumage, Our House est un film qui a aussi des devoirs à remplir. On ne vous surprendra pas en révélant que les fantômes qui rôdent dans la maison des orphelins ne veulent pas de que du bien aux occupants. Et le script du film va se charger de prendre quelques gros raccourcis pour nous faire passer du mélodrame indé au pur film de trouille. Burns nous réserve dans ce troisième acte quelques belles visions spectrales, et il est permis de voir dans l’aventure vécue par Ethan et les siens une métaphore du deuil collectif comme moyen de rassembler une famille déchirée par la tragédie. Mais le côté ultra-familier de ces grosses ficelles fantastiques fait retomber un peu l’enthousiasme autour de Our House. Comme si Burns avait laissé passer l’occasion de livrer un vrai beau drame en le mariant de force avec une série B trop appliquée pour être mémorable.